Le nouveau Bâtiment administratif de l'IGF, inauguré récemment par le Président de la République.

Depuis deux semaines, l’espace médiatique congolais est secoué par une affaire qui n’aurait jamais dû exister si seulement les règles de la gestion des finances publiques avaient été respectées en ce qui concerne les jetons de présence, une rémunération normale dans toutes activités lucratives.

Pour avoir initié la revisitation du contrat sino-congolais en 2023, l’Etat congolais devait prendre en charge les frais d’organisation des séances de travail organisées dans ce cadre. Il ne l’a pas fait, et c’est Nicolas Kazadi qu’on cherche à abattre.

Pour avoir, par souci de transparence, quantifier les 32 séances de travail sur une période de 9 mois, l’IGF se doit, au regard des remous suscités par cette affaire, de procéder le plus rapidement possible à la publication de la liste des bénéficiaires avec comme détails les noms complets, leurs qualités, les nombres de prestations effectuées, les montants alloués et les signatures prouvant la perception !

Telle qu’on l’a laissé évoluer, cette affaire n’a rien de banal. Elle est d’une extrémité grave en ce que l’IGF a délibérément induit en erreur le Président de la République, et cela à deux niveaux.

D’abord, en ne faisant pas prendre à l’Etat congolais ses responsabilités. Il est de notoriété publique que l’initiative de re-visitation dudit contrat n’émanait pas de la Sicomines ; elle est venue de l’État à la suite du rapport final de l’IGF publié en février 2023.

Par voie de conséquence, c’est le Gouvernement qui devait assurer le paiement des jetons de présence. Or, c’est le contraire qui s’est produit.

Ensuite – et c’est à ce niveau la gravité de l’affaire – l’IGF a impliqué le Chef de l’Etat en lui attribuant nommément la décision de paiement des jetons de présence perçus sur les 7 milliards de dollars américains affectés à la construction des routes.

Quelles qu’en soient les circonstances, l’IGF n’aurait jamais dû le faire. Cette responsabilité relève du Gouvernement via les ministères des Mines, de l’Industrie des ITPR en aval, ceux du Budget et des Finances en amont.

On peut ne pas aimer un ministre – cas de celui des Finances à l’époque des faits – mais l’État reste l’État. De ce fait, les jetons de présence devaient être payés par l’Etat congolais sous le couvert du ministère des Finances.

Chercher à faire porter au Président de la République une responsabilité qui n’est pas la sienne est un acte préjudiciable pour le pays, singulièrement auprès des investisseurs. Car, avec un tel précédent, on risque d’entraîner la Première Institution du pays dans des conflits d’intérêts privés.

Est-ce vraiment nécessaire d’indexer Monsieur Nicolas Kazadi, étant donné qu’il n’a pas été impliqué dans les négociations qui ont conduit à la révision du contrat sino-congolais?

Bref, de façon délibérée, l’IGF a exposé le Chef de l’Etat dans cette affaire de jetons de présence. Publier la liste des bénéficiaires serait de sa part un acte de courage pour autant qu’il n’y ait rien à cacher…

Jean-Louis Motingia
Analyste indépendant