Décidément, au nom d’un mercantilisme éhonté, l’Union européenne a volontairement décidé de fermer les yeux en millions de morts de l’Est de la République Démocratique du Congo sur les échange d’un soutien indéfectible au Rwanda dans le pillage des ressources naturelles de la RDC. A Bruxelles, les morts de la RDC ne valent rien. Ils font partis des charges et pertes divers. Bref, des rebuts qui ne servent à rien tant que l’homme fort, Paul Kagame, joue le jeu, charriant la mort dans l’Est congolais.
Et comme pour récompenser le bon travail qu’accomplit, depuis trois décennies, le président rwandais Paul Kagame, l’Union européenne vient de signer, le 19 février 2024, un nouvel accord de coopération minière avec le Rwanda, un pays qui n’est pas curieusement reconnu comme regorgeant d’importantes ressources minières. Qu’est-ce à dire ? La raison est bien simple. On comprend aisément que Kagame n’est qu’un garçon de course, un « négrier de temps moderne » à qui on a confié le mauvais rôle : tuer pour approvisionner l’Union européenne en matières premières.
Le protocole d’accord qui lie l’UE au Rwanda sur la mise en œuvre d’une chaîne durable pour les matières premières renseigne que « le Rwanda est un important fournisseur de tantale, d’étain, de tungstène, d’or et de niobium, et il dispose de réserves de lithium et de terre rares. Par ce partenariat mutuellement bénéfique, nous voulons mettre en place une chaîne de valeur résiliente et durable pour les matières premières, couvrant l’extraction, le raffinage, la transformation, le recyclage et le remplacement. La transparence, la traçabilité et les investissements sont au cœur du partenariat UE-Rwanda dans le domaine des matières premières critiques ». Ce qui est loin de la réalité pour autant qu’aucune trace de ces précieuses matières premières n’est signalée au Rwanda.
En réalité, avec cet accord, l’UE donne à Kagame une prime à tirer dans l’Est de la RDC pour lui garantir ses approvisionnements en matières premières.
Le double jeu de l’Union européenne est qu’en octobre 2023, Bruxelles a signé un accord similaire avec la RDC. Comme s’il n’en suffisait pas, l’UE se tourne finalement vers le Rwanda pour démontrer noir sur blanc son soutien au régime de Kagame, malgré son influence négative dans la région des Grands Lacs
A tout prendre, l’UE a choisi son camp. Entre Bruxelles et Kigali, il y a une nette complicité à perpétuer le pillage des ressources naturelles de la RDC. A ce titre, l’UE est l’auteur moral des millions de morts de l’Est de la RDC.
Voici en intégralité, le communiqué du protocole signé avec le Rwanda.
Econews
L’UE et le Rwanda signent un protocole d’accord sur les chaînes de valeur durables pour les matières premières
Aujourd’hui, l’Union européenne et le Rwanda ont conclu un accord important pour favoriser le développement de chaînes de valeur durables et résilientes pour les matières premières critiques. Mme Jutta Urpilainen, commissaire européenne aux partenariats internationaux, et M. Vincent Biruta, ministre des affaires étrangères du Rwanda, ont signé un protocole d’accord ayant pour objectif de renforcer le rôle du Rwanda dans la promotion du développement durable et des chaînes de valeur résilientes en Afrique.
Cinq domaines de coopération
Ce protocole d’accord établit une coopération étroite entre l’UE et le Rwanda dans les cinq domaines suivants: l’intégration de chaînes de valeur durables pour les matières premières et le soutien à la diversification économique, garantissant le bon fonctionnement et la durabilité de ces chaînes de valeur; la coopération en vue de parvenir à une production et une valorisation durables et responsables des matières premières critiques et stratégiques. Ce point couvre notamment le renforcement du devoir de diligence et de la traçabilité, la collaboration dans la lutte contre le trafic illicite de matières premières et l’alignement sur les normes internationales en matière environnementale, sociale et de gouvernance; la mobilisation de fonds en faveur du déploiement des infrastructures nécessaires au développement des chaînes de valeur pour les matières premières, y compris en améliorant le climat d’investissement; la recherche et l’innovation, ainsi que le partage des connaissances et des technologies liées à l’exploration, à l’extraction, au raffinage, à la transformation, à la valorisation et au recyclage durables des matières premières critiques et stratégiques, à leur remplacement, à la gestion des déchets et au suivi des risques liés à l’approvisionnement; le renforcement de la capacité à faire respecter les règles applicables, en améliorant la formation et les compétences liées à la chaîne de valeur pour les matières premières critiques et stratégiques.
La signature du protocole d’accord entre l’UE et le Rwanda témoigne de l’intention des deux parties de renforcer leur partenariat en vue d’une intégration plus étroite des chaînes de valeurs pour les matières premières. Ce modèle de coopération fournira la possibilité, pour le pays partenaire, de diversifier son économie et favorisera la transformation structurelle, en encourageant la création de valeur ajoutée et l’intégration de normes plus élevées. Le plan d’investissement de la stratégie «Global Gateway» de l’UE jouera un rôle clé en fournissant l’appui financier nécessaire à l’acquisition de compétences dans le secteur minier, à l’amélioration de la transparence et de la traçabilité et au soutien à la mobilisation des fonds en faveur des infrastructures.
Prochaines étapes
Après la signature du protocole d’accord, les deux parties élaboreront conjointement, dans les six mois, une feuille de route comportant des mesures concrètes pour mettre en œuvre le partenariat stratégique.
Contexte
Les chaînes de valeur pour les minerais sont essentielles pour l’économie du Rwanda. Le pays est un acteur majeur au niveau mondial dans le secteur de l’extraction de tantale. Il produit également de l’étain, du tungstène, de l’or et du niobium, et dispose de réserves de lithium et de terre rares. En outre, grâce à l’état de droit et à un environnement favorable aux investissements, le Rwanda a la capacité de devenir une plaque tournante dans le domaine de la création de valeur ajoutée dans le secteur des minerais. Une raffinerie d’or existe déjà et une raffinerie de tantale sera bientôt opérationnelle. Le Rwanda possède également la seule fonderie d’étain active en Afrique.
Pour l’UE, ce partenariat contribuera à assurer un approvisionnement durable en matières premières, en particulier en matières premières critiques, ce qui est une condition préalable essentielle à la réalisation des objectifs en matière d’énergie verte et propre. Dans le cadre du plan d’action sur les matières premières critiques, la Commission a déjà commencé à œuvrer à la mise en place de partenariats avec des pays tiers qui disposent de ressources abondantes, en utilisant tous les instruments de politique extérieure et en respectant ses obligations internationales lors de la mise en œuvre de sa stratégie «Global Gateway».
La signature du protocole d’accord avec le Rwanda succède à celle de protocoles d’accord avec la République démocratique du Congo et avec la République de Zambie lors du forum «Global Gateway», le 26 octobre 2023, et avec la Namibie, le 8 novembre 2022. En dehors de l’Afrique, l’UE a conclu des protocoles d’accord sur des chaînes de valeur durables pour les matières premières avec l’Argentine, le Canada, le Chili, le Groenland, le Kazakhstan et l’Ukraine.
Stratégie «Global Gateway»
La stratégie «Global Gateway» constitue l’effort de l’Union européenne visant à réduire les disparités mondiales en matière d’investissements et à favoriser des connexions intelligentes, propres et sûres dans les secteurs du numérique, de l’énergie et des transports, ainsi qu’à renforcer les systèmes de santé, d’éducation et de recherche. Elle offre des possibilités d’investissement durable pour renforcer la prospérité et la sécurité de nos partenaires mondiaux et de l’Europe.
La stratégie «Global Gateway» incarne une approche collaborative qui rassemble l’Union européenne, ses États membres et les institutions européennes de financement du développement. Au total, elle vise à mobiliser jusqu’à 300 milliards d’euros d’investissements publics et privés entre 2021 et 2027, en créant des liens essentiels plutôt que des dépendances et en comblant le déficit d’investissement mondial.
Ce qu’ils ont dit
Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur : «Le Rwanda est un important fournisseur de tantale, d’étain, de tungstène, d’or et de niobium, et il dispose de réserves de lithium et de terre rares. Par ce partenariat mutuellement bénéfique, nous voulons mettre en place une chaîne de valeur résiliente et durable pour les matières premières, couvrant l’extraction, le raffinage, la transformation, le recyclage et le remplacement. La transparence, la traçabilité et les investissements sont au cœur du partenariat UE-Rwanda dans le domaine des matières premières critiques.»
Jutta Urpilainen, commissaire européen aux Partenariats internationaux : «La stratégie «Global Gateway» fournit le cadre nécessaire pour mettre en place des partenariats ambitieux et stratégiques favorisant la transformation structurelle et encourageant la création de valeur ajoutée, comme ce partenariat sur les chaînes de valeur pour les matières premières conclu avec le Rwanda. Il ne s’agit pas seulement de favoriser le commerce et les investissements, mais aussi d’œuvrer en faveur de la planète et des personnes qui bénéficieront d’une chaîne de valeur durable, transparente et résiliente pour les matières premières critiques».
Vincent Biruta, ministre rwandais des Affaires étrangères : «La signature intervenue ce jour souligne la volonté du Rwanda de tirer pleinement parti des possibilités qu’offre notre secteur minier, tout en contribuant à la fourniture des minerais critiques nécessaires à la transition vers une économie mondiale plus verte et plus durable. Cet accord garantit en outre la qualité et la traçabilité de nos matières premières, et réaffirme que le Rwanda est un partenaire fiable dans les échanges internationaux. Le Rwanda attache une grande valeur à son partenariat avec l’UE et se réjouit de ce nouveau renforcement de la collaboration croissante entre les deux parties.»