INTRODUCTION
Le Rapport national sur les enfants et les ODD en République Démocratique du Congo, novembre 2023, représente un document clé pour comprendre la situation des enfants face aux défis actuels et les progrès nécessaires pour atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD). Il a été réalisé à l’initiative du Ministère du Plan et de la Coordination de l’Aide au Développement avec le soutien de l’Observatoire Congolais du Développement Durable.
Officiellement présenté le 17 décembre 2024, ce rapport dresse un état des lieux alarmant des conditions de vie des enfants congolais. En s’appuyant sur des données précises et actualisées, il met en lumière des problématiques majeures telles que la pauvreté multidimensionnelle, la malnutrition infantile, les difficultés d’accès à une éducation de qualité, la santé fragile des enfants, et leur vulnérabilité face aux crises climatiques et aux conflits armés.
Comme le souligne si bien l’avant-propos de ce rapport :
« Ce rapport aspire à éclairer, inspirer et mobiliser toutes les énergies pour un meilleur engagement de tous en vue de l’accélération des progrès pour la réalisation des droits des enfants dans la perspective de l’atteinte des ODD en RDC. »
La publication de ce rapport survient dans un contexte où la RDC se trouve à un tournant décisif. Face aux défis structurels persistants, il est impératif de renforcer les efforts nationaux pour garantir aux enfants congolais un avenir meilleur. En particulier, le Ministère de l’Éducation Nationale et Nouvelle Citoyenneté est au cœur des solutions à apporter, grâce aux initiatives stratégiques inscrites dans le Plan Quinquennal 2024-2029.
À travers des actions concrètes comme l’élaboration d’une stratégie nationale d’alimentation scolaire, avec l’appui du Programme Alimentaire Mondial (PAM), et la mise en place d’une stratégie nationale d’éducation en situation d’urgence, le ministère se mobilise pour répondre aux défis identifiés dans ce rapport et contribuer activement à l’atteinte des ODD.
UNE SITUATION ALARMANTE : LES STATISTIQUES CLÉS EN LIEN AVEC LES ODD
Le Rapport national sur les enfants et les ODD en RDC met en évidence des défis considérables auxquels font face les enfants du pays. En articulant ses conclusions autour des 17 Objectifs de Développement Durable (ODD), le rapport présente un diagnostic préoccupant sur les conditions de vie des enfants congolais tout en soulignant l’urgence d’agir pour améliorer leur quotidien et leur avenir.
Suivant l’ODD 1 (Pas de pauvreté), il apparaît que les ménages congolais avec enfants sont frappés de plein fouet par la pauvreté. Le taux de pauvreté s’élève à 76,9 % pour ces ménages contre 44,7 % pour ceux sans enfant. Ce constat souligne une vulnérabilité accrue des enfants dans les ménages économiquement défavorisés, où les besoins essentiels ne sont pas toujours satisfaits. De surcroît, 74,6 % des enfants congolais sont identifiés comme pauvres de manière multidimensionnelle, c’est-à-dire privés de plusieurs droits fondamentaux, dont l’accès à l’éducation, à la santé et à la nutrition.
La faim et la malnutrition, illustrées dans l’ODD 2 (Faim « zéro »), constituent un problème majeur. Le rapport estime que 6 millions d’enfants en RDC sont touchés par la malnutrition. Parmi eux, 3,7 millions de moins de 5 ans souffrent de malnutrition aiguë et 1 million de malnutrition aiguë sévère. Cette réalité a des conséquences dramatiques : près de 42 % des enfants congolais présentent un retard de croissance, compromettant leur développement physique et cognitif. La malnutrition est également responsable de 31,5 % des décès chez les enfants de moins de 5 ans, une statistique alarmante qui souligne l’urgence de stratégies alimentaires adaptées.
L’ODD 3 (Bonne santé et bien-être) révèle que la mortalité infantile reste élevée malgré des progrès notables. Le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans est passé de 96,5 décès pour 1 000 naissances vivantes en 2015 à 79 en 2020, tandis que la mortalité néonatale a diminué à 26,5 décès pour 1 000. Toutefois, le paludisme demeure un fléau majeur : il est à l’origine de 67,3 % des décès chez les enfants de moins de 5 ans, qui représentent 48,7 % des cas détectés. Par ailleurs, la transmission du VIH de la mère à l’enfant touche encore 29,7 % des enfants nés de femmes séropositives, avec 70 900 enfants porteurs du VIH/SIDA en 2020.
En matière d’éducation (ODD 4), les chiffres traduisent une crise persistante. Seulement 5 % des enfants de 3 à 5 ans sont inscrits au dernier niveau pré-primaire. Malgré la gratuité de l’enseignement primaire, un tiers des enfants scolarisés en primaire n’achèvent pas ce niveau, et deux tiers des enfants ne finissent pas le cycle secondaire. Les défis de qualité demeurent tout aussi pressants : plus de 74 % des élèves n’atteignent pas le seuil minimum de lecture en langues congolaises, et seulement 16 % atteignent ce niveau en français.
L’ODD 5 (Égalité entre les sexes) souligne les inégalités persistantes dans l’accès à l’éducation. Si l’indice de parité est de 0,93 au primaire, il chute à 0,82 au premier cycle secondaire et à 0,73 pour les humanités. De plus, les filles ne représentent que 39,5 % des diplômés de l’examen d’État. Le taux de mariage précoce (avant l’âge de 15 ans) reste également préoccupant, une pratique plus fréquente en milieu rural (10,2 %) qu’en milieu urbain (6,3 %). Enfin, 25 % des femmes âgées de 20 à 24 ans ont eu un enfant avant 18 ans, ce qui limite leurs perspectives d’avenir.
En ce qui concerne l’ODD 6 (Eau propre et assainissement), le rapport indique que 7,6 % des enfants de moins de 15 ans cherchent quotidiennement de l’eau potable. Plus de 74 % des ménages utilisent des sources d’eau contaminées par la bactérie E. coli. Seulement 30 % de la population a accès à des services d’assainissement sécurisés, une situation préoccupante pour la santé des enfants.
L’absence d’accès à l’électricité, principalement dans les zones rurales, est mise en lumière par l’ODD 7 (Énergie propre et d’un coût abordable). Plus de 70 millions de Congolais, dont une majorité d’enfants, vivent dans le noir. Cette situation aggrave les inégalités d’apprentissage, car les enfants des provinces dotées d’électricité affichent de meilleures compétences en lecture et en numératie.
L’ODD 8 (Travail décent et croissance économique) révèle que 14,7 % des enfants congolais travaillent, souvent dans des conditions dangereuses, notamment dans les mines et l’agriculture. La prévalence du travail des enfants est plus élevée chez les filles (16,7 %) que chez les garçons (12,6 %).
Enfin, les chocs climatiques évoqués dans l’ODD 13 (Lutte contre le changement climatique) touchent de manière disproportionnée les enfants. Le rapport indique que 16,39 millions d’enfants, soit 29,1 % de l’ensemble des enfants congolais, vivent dans les provinces les plus exposées aux catastrophes climatiques. De plus, les conflits armés (ODD 16) ont vu 786 enfants recrutés en 2021, dont 30 à 40 % sont des filles.
L’ensemble de ces chiffres dresse un tableau alarmant de la situation des enfants en RDC, appelant une réponse immédiate et concertée pour assurer leur bien-être et leur avenir. Le Ministère de l’Éducation Nationale et Nouvelle Citoyenneté, conscient de l’urgence, déploie des actions concrètes pour relever ces défis, à travers des initiatives structurantes inscrites dans le Plan Quinquennal 2024-2029 et des programmes spécifiques comme la stratégie nationale d’alimentation scolaire et la stratégie d’éducation en situation d’urgence.
III. LE MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION EN ACTION : DES SOLUTIONS POUR BÂTIR L’AVENIR
Face aux défis mis en lumière par le rapport national sur les enfants et les ODD, le Ministère de l’Éducation Nationale et Nouvelle Citoyenneté joue un rôle central dans la construction d’un avenir meilleur pour les enfants congolais. En s’appuyant sur une vision stratégique inscrite dans le Plan Quinquennal 2024-2029, ainsi que sur des programmes spécifiques soutenus par des partenaires techniques et financiers, le ministère met en œuvre des solutions concrètes pour garantir une éducation accessible, équitable et résiliente.
Le plan quinquennal : une réponse globale
Le Plan Quinquennal 2024-2029 constitue la feuille de route stratégique du ministère pour relever les défis structurels qui freinent l’éducation en RDC. Cette vision repose sur trois axes majeurs visant à transformer le système éducatif et répondre aux besoins des enfants.
En matière d’accessibilité et d’équité, l’objectif premier est de garantir une éducation pour tous, sans distinction de genre, de localisation ou de situation économique. Le ministère s’engage à développer des politiques inclusives pour lutter contre l’abandon scolaire, en particulier chez les filles et dans les zones rurales, où la scolarisation reste faible. En parallèle, des actions spécifiques seront entreprises pour renforcer l’accès à l’éducation des enfants en situation de handicap.
Pour améliorer la qualité des apprentissages, le plan prévoit la modernisation des infrastructures scolaires, la construction de nouvelles écoles et la réhabilitation de celles qui sont dégradées. La formation continue des enseignants sera également renforcée afin d’assurer un enseignement de qualité et de permettre aux élèves d’acquérir les compétences essentielles, notamment en lecture et en mathématiques. En outre, des efforts seront déployés pour intégrer les nouvelles technologies dans les écoles, contribuant ainsi à l’amélioration de l’environnement d’apprentissage.
L’axe nouvelle citoyenneté est quant à lui au cœur de la vision du ministère. Il vise à ancrer chez les jeunes des valeurs républicaines telles que le respect du bien commun, la solidarité, la tolérance et la participation citoyenne. Le développement d’un programme d’éducation civique et morale permettra d’inculquer ces principes dès le plus jeune âge, formant ainsi une génération consciente de ses responsabilités envers la société.
Une stratégie nationale d’alimentation scolaire avec le PAM
La malnutrition, révélée comme l’une des causes principales de retard de croissance chez les enfants congolais, constitue un frein majeur à leur apprentissage. Conscient de cette réalité, le Ministère de l’Éducation Nationale et Nouvelle Citoyenneté, en partenariat avec le Programme Alimentaire Mondial (PAM), travaille à l’élaboration d’une stratégie nationale d’alimentation scolaire. Ce programme ambitionne de fournir des repas réguliers et nutritifs dans les écoles afin de répondre aux besoins essentiels des enfants.
En plus d’améliorer la santé des élèves, la mise en place de cantines scolaires permettra de renforcer la fréquentation scolaire, en particulier dans les zones rurales et les régions touchées par l’insécurité alimentaire. En effet, un enfant qui reçoit un repas équilibré à l’école est plus enclin à y retourner chaque jour, réduisant ainsi les taux d’abandon scolaire qui restent alarmants. Cette initiative s’attaque également à la pauvreté en apportant un soulagement économique aux familles vulnérables, souvent contraintes de choisir entre nourrir leurs enfants et les envoyer à l’école.
Au-delà de l’amélioration de l’assiduité, la nutrition scolaire contribue directement à l’efficacité des apprentissages. Les enfants bien nourris sont plus concentrés, plus dynamiques et assimilent mieux les enseignements. À travers cette stratégie, le ministère affirme son engagement à résoudre de manière structurelle l’un des obstacles majeurs à l’éducation, tout en agissant sur les défis de la malnutrition évoqués dans le rapport national sur les enfants et les ODD.
Une stratégie d’éducation en situation d’urgence
La République Démocratique du Congo est régulièrement confrontée à des crises climatiques et sécuritaires, qui perturbent gravement l’accès à l’éducation pour des milliers d’enfants. Les conflits armés détruisent les infrastructures scolaires, forcent les populations au déplacement et plongent les familles dans une précarité extrême. Dans ce contexte difficile, la continuité éducative devient un défi urgent à relever pour éviter que ces enfants ne sombrent dans l’oubli.
Face à cette réalité, le ministère élabore une stratégie nationale d’éducation en situation d’urgence avec l’appui des partenaires techniques et financiers. Cette stratégie vise à garantir un accès continu à l’éducation pour les enfants vivant dans des zones touchées par des crises. Les efforts se concentrent notamment sur la mise en place d’espaces temporaires d’apprentissage pour accueillir les enfants déplacés. Parallèlement, des ressources pédagogiques adaptées sont déployées pour répondre aux besoins spécifiques des élèves dans ces contextes, tandis que des enseignants formés à l’intervention en situation de crise assurent la continuité des enseignements.
Cette approche place l’éducation au cœur des réponses humanitaires et du relèvement post-crise, en offrant aux enfants un environnement stable et structurant. Aller à l’école ne se limite pas à acquérir des connaissances : pour les enfants en situation d’urgence, c’est aussi une source d’espoir, de protection et d’opportunités pour l’avenir. La stratégie du ministère vient ainsi combler un besoin essentiel, démontrant que même dans les situations les plus difficiles, aucun enfant ne doit être laissé pour compte.
CONCLUSION ET APPEL À L’ACTION
Le rapport national sur les enfants et les ODD a mis en lumière une réalité alarmante : les enfants de la République Démocratique du Congo font face à des défis considérables qui compromettent leur bien-être et leur avenir. Plus de 74 % des enfants vivent dans une pauvreté multidimensionnelle, 6 millions sont malnutris, et 42 % souffrent d’un retard de croissance. Dans le domaine de l’éducation, seuls 5 % des enfants de 3 à 5 ans fréquentent l’école pré-primaire, et 74 % des élèves n’atteignent pas les compétences minimales en lecture en langues locales. Ces statistiques traduisent une urgence : il faut agir maintenant pour inverser ces tendances et construire un avenir plus prometteur pour la jeunesse congolaise.
Le Ministère de l’Éducation Nationale et Nouvelle Citoyenneté ne reste pas inactif face à ces défis. À travers des actions stratégiques telles que le Plan Quinquennal 2024-2029, la stratégie nationale d’alimentation scolaire et la stratégie d’éducation en situation d’urgence, il s’attaque aux causes profondes des inégalités et des vulnérabilités. Ces initiatives s’inscrivent dans la vision claire et ambitieuse portée par Son Excellence Monsieur Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, Président de la République et Chef de l’État : garantir à chaque enfant congolais une éducation de qualité, un accès équitable à des services essentiels et un environnement propice à son développement, même dans les contextes les plus difficiles.
Cependant, ces ambitions ne peuvent se concrétiser sans un effort collectif. L’éducation est une responsabilité partagée qui requiert l’implication de toutes les parties prenantes. Les partenaires techniques et financiers doivent renforcer leur soutien pour permettre la mise en œuvre des réformes nécessaires. Les organisations de la société civile ont un rôle essentiel à jouer pour mobiliser les communautés et garantir une éducation inclusive. Les parents et les familles, quant à eux, doivent continuer à valoriser l’éducation comme un levier pour briser le cycle de la pauvreté et offrir un avenir meilleur à leurs enfants.
L’avenir de la RDC dépend de sa capacité à investir dans sa jeunesse. Les défis sont nombreux, mais chaque pas compte : une école reconstruite, une cantine scolaire opérationnelle, un enseignant formé ou un élève protégé d’un mariage précoce est une victoire pour la nation tout entière.
Comme le rappelle le rapport, « chaque enfant bien soigné, bien nourri, protégé, éduqué est le meilleur investissement pour bâtir une nation forte. » C’est dans cet esprit que nous lançons un appel à toutes les forces vives du pays : engageons-nous ensemble à faire de l’éducation une priorité nationale.
Ensemble, investissons dans l’avenir de nos enfants pour bâtir une RDC prospère et équitable.
« Nous sommes l’éducation nationale, nous préparons l’avenir de nos enfants, nous construisons la nation. »
Raïssa Malu
Ministre d’Etat, Ministre de l’Education Nationale et Nouvelle Citoyenneté