Peu avant les élections générales de 2006, Kengo wa Dondo, alors farouche opposant au régime de Joseph Kabila, prononça une phrase assassine passée dans l’histoire du Congo-Zaïre. Commentant le programme des «Cinq Chantiers» dans son volet infrastructures, l’ancien premier ministre sous Mobutu déclara : «On ne mange pas les routes». Perfide aphorisme qui est longtemps resté en travers de la gorge des caciques du PPRD alors à l’apogée de sa puissance.
De même à ce jour, le changement tant attendu peine à se concrétiser. Si Kengo pouvait s’exprimer au sujet de la «Vision» du successeur du Rais, il est plus que probable qu’il dirait qu’on ne mange pas une vision. Et il serait difficile de lui donner tort. Et pour cause. Les prix des biens et services ont pris de l’ascenseur, anticipant la crise pétrolière qui se profile à un proche horizon. En effet, les importateurs des produits pétroliers ont finalement résolu de durcir le ton face à un gouvernement qu’ils accusent de mauvaise foi manifeste par son refus d’honorer sa créance au titre des subventions sur les importations des hydrocarbures. Conséquence : les réserves de la SEP sont au plus bas et la plupart des stations-services de Kinshasa ne sont plus approvisionnées en produits pétroliers. Ce qui augure du spectacle hallucinant des millions de Kinois contraints à la marche à pied à la recherche de la pitance quotidienne.
Sans omettre l’incidence de la pénurie qui s’annonce sur les approvisionnements des grandes agglomérations en produits vivriers. Mais chose curieuse, l’Etat préfère jouer à l’autruche : minimisant la menace d’une explosion sociale, le gouvernement annonce la suppression pure et simple des subventions sur le carburant dont les sociétés minières seront les premières à accuser le coup. Il reste à espérer que la décision, portée par le ministre des Finances, sert à mettre la barre très haute dans les négociations en cours face aux pétroliers qui ne jurent que par une augmentation du prix de l’essence à la pompe de 20% au moins.
A 20 mois des élections, alors que tout va à vau-leau, difficile d’estimer que c’est là une décision intelligente.
Econews