S’exprimant, lundi à Accra (Ghana), à l’ouverture des Assemblées annuelles du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), son président, le Nigérian Adesina Akinwimi, a indiqué la guerre en Ukraine a entrainé de nouveau défis pour l’Afrique. Ce qui oblige le continent à restructurer profondément ses économies.
Le président de la Banque Africaine de développement (BAD), Adesina Akinwimi, a déclaré que la guerre russe en Ukraine a entraîné de nouveaux défis pour l’Afrique, notamment la hausse des prix de l’énergie et des engrais et la perturbation des importations alimentaires. Adesina Akinwimi s’exprimait, lundi, à l’ouverture des assemblées annuelles de la Banque Africaine de développement (BAD) 2022, à Accra (Ghana) sous le thème : «Favoriser la résilience climatique et une transition énergétique juste pour l’Afrique ».
«Avec 30 millions de tonnes d’importations alimentaires, notamment de blé et de maïs qui ne proviendront pas de Russie et d’Ukraine, l’Afrique fait face à une crise alimentaire imminente», a déclaré Adesina Akinwimi, dans une déclaration publiée sur le site de l’institution.
En guise de solution, Adesina Akinwimi a annoncé que « le Groupe de la Banque africaine de développement et la Commission de l’Union africaine ont élaboré le Plan de production alimentaire d’urgence en Afrique. Le plan fournira à 20 millions d’agriculteurs des semences et des engrais améliorés, ainsi que d’autres intrants agricoles, pour produire 38 millions de tonnes métriques de nourriture, d’une valeur de 12 milliards de dollars. Cela comprendra 11 millions de tonnes métriques de blé, 18 millions de tonnes métriques de maïs, 6 millions de tonnes métriques de riz et 2,5 millions de tonnes métriques de soja»
La Banque africaine de développement a lancé aussi «un plan de production alimentaire d’urgence en Afrique de 1,5 milliard de dollars pour aider l’Afrique à produire de la nourriture afin d’éviter une crise alimentaire imminente. Je suis ravi que le Conseil d’administration de la Banque ait approuvé la semaine dernière notre Facilité africaine de production alimentaire d’urgence de 1,5 milliard de dollars», a-t-il indiqué.
Concernant les effets de la Covid-19, le président de la BAD a souligné que la pandémie « a gravement affecté les économies africaines (…) Le taux de croissance du PIB a diminué de -1,6 % en 2020. Plus de 26 millions de personnes sont tombées dans l’extrême pauvreté et plus de 30 millions d’emplois ont été perdus ».
Comme réponse, a-t-il précisé, la Banque africaine de développement a approuvé un mécanisme de réponse aux crises pouvant atteindre 10 milliards de dollars pour soutenir les pays. Celui a aidé à former 130 000 agents de santé, fourni une protection sociale à près de 30 millions de ménages vulnérables et élargi le financement et le soutien consultatif à 300.000 petites et moyennes entreprises.
S’agissant du changement climatique, Adesina a fait savoir qu’il tue les économies africaines. A en croire, le président de la BAD «chaque année, l’Afrique perd entre 7 et 15 milliards de dollars à cause du changement climatique. Ce montant devrait atteindre 50 milliards de dollars par an d’ici 2040 ».
«L’Afrique, qui ne représente que 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, est lésée par la finance climatique. Les besoins de financement de l’Afrique pour faire face au changement climatique se situent entre 1,3 billion de dollars et 1,6 billion de dollars en 2020-2030. Cependant, l’Afrique ne reçoit pas suffisamment de ressources pour lutter contre le changement climatique. L’Afrique ne reçoit que 3 % du total des financements climatiques mondiaux. Le financement climatique mobilisé dans le monde est inférieur aux besoins de l’Afrique de 100 à 127 milliards de dollars par an entre 2020 et 2030 », a-t-il déploré.
Crise alimentaire : 1,5 milliard USD d’aide de la BAD
La guerre en Ukraine affecte durement les économies africaines, déjà très fragilisées par les conséquences de la pandémie de Covid-19. A cet effet, la Banque africaine de développement (BAD), qui a ouvert lundi ses Assemblées annuelles à Accra (Ghana), a débloqué une aide globale de 1,5 milliard de dollars pour prévenir une crise alimentaire sur le continent africain du fait de la guerre en Ukraine, a annoncé lundi 23 mai son président à la presse.
«Ce plan de 1,5 milliard de dollars sera utilisé pour aider les pays africains à produire de la nourriture et à le faire rapidement », a déclaré Akinwumi Adesina, avant l’ouverture des assemblées générales de l’institution financière qui ont débuté lundi 23 mai à Accra.
Ce plan d’aide, approuvé vendredi par le conseil d’administration de la banque, vise à « augmenter la production de blé, de maïs, de riz et de soja» sur le continent «afin de compenser la perte d’approvisionnement due à la guerre en Ukraine», précise un communiqué de la BAD.
De nombreux pays africains sont fortement dépendants des importations de blé d’Ukraine et de Russie. Selon la BAD, le prix du blé a grimpé de plus de 45 % en Afrique depuis le début de la guerre en Ukraine. Les prix des engrais ont, eux, augmenté de 300 % et le continent est déjà confronté à une pénurie d’engrais de 2 millions de tonnes.
Grave insécurité alimentaire
Selon la Banque, ce plan doit bénéficier «à 20 millions d’agriculteurs africains, qui recevront des semences certifiées et des technologies pour produire rapidement 38 millions de tonnes de denrées alimentaires». Le plan servira également à proposer des prêts «pour la fourniture à grande échelle d’engrais aux grossistes et agrégateurs», et à soutenir les réformes politiques agraires dans les pays du continent.
La guerre en Ukraine affecte durement les économies africaines, déjà très fragilisées par les conséquences de la pandémie de Covid-19 et la communauté internationale s’inquiète de risques de famine dans certains pays africains, touchés par une forte sécheresse ou par des conflits.
La situation est particulièrement préoccupante au Sahel, où jusqu’à 18 millions de personnes seront confrontées à une grave insécurité alimentaire au cours des trois prochains mois. Mais aussi dans le sud de l’Éthiopie, dans le nord du Kenya et en Somalie, où la Corne de l’Afrique fait face à une sécheresse qui alarme les organisations humanitaires, avec près de 20 millions de personnes menacées par la faim.
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