Ils sont alliés dans l’Union sacrée de la nation, tout en étant adversaires politiques. Dans la majorité parlementaire formée à la suite de la rupture de la coalition FCC -CACH, Moise Katumbi Chapwe passe pour un allié insaisissable. Ses ambitions présidentielles – il ne s’en cache plus depuis un temps – gênent terriblement le Président de la République, Félix Tshisekedi, qui s’est déjà déclaré candidat pour un second mandat en 2023. Même si les deux visent la même cible, c’est-à-dire le fauteuil présidentiel, Félix Tshisekedi est obligé, bon gré mal gré, de supporter Katumbi. Sorti gagnant de la proposition de loi sur la «congolité qui pouvait l’écarter de la course présidentielle, Moïse Katumbi a sensiblement réconforté sa position. Pour l’instant, il s’attèle à construire son image de présidentiable aguerri. En face, Félix Tshisekedi le laisse faire. En attendant sans doute de s’occuper de l’«homme de Kashobwe» lorsque sonnera le glas. Alliés et adversaires politiques, c’est fort probable que Tshisekedi et Katumbi prennent rendez-vous devant les urnes en 2023.
L’élection présidentielle de 2023 promet d’être palpitante. Il se dessine clairement que Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, le président de la République et candidat pour un deuxième mandat, se trouvera face à Moïse Katumbi, ancien gouverneur de l’ex-Katanga et président du parti politique Ensemble pour la République. Les choses semblent se mettre en place au fil des jours. Félix Tshisekedi met l’infrastructure qu’il faut en place pour rempiler. Pour lui d’ailleurs, affronter Moïse Katumbi serait un match amical.
Deux alliés qui se livrent dans une bataille électorale n’est pas une petite chose. Ce sont des acteurs qui se connaissent et qui peuvent se faire très mal pendant la campagne électorale. Les blessures risquent de ne pas se cicatriser pour permettre un retour à des relations normalisées.
Le bilan du Gouvernement Union sacrée de la nation que dirige le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde, sera d’abord celui de Félix Tshisekedi.
De son côté, le président d’Ensemble pour la République ne se laisse pas faire. Selon plusieurs sources, l’ex-gouverneur de l’ex-Katanga, populaire et charitable, n’était pas animé de la volonté de se présenter à la présidentielle.
«Moïse Katumbi voulait qu’on le respecte et qu’on engage un dialogue dynamique pour 2023», a confié à Econews une source de son parti. Et d’ajouter : «Malheureusement, il y a eu cette proposition de loi sur la congolité qui a mis inutilement de l’huile sur le feu. Katumbi a donc jugé bon finalement de s’engager dans la course présidentielle, étant désormais convaincu que le camp de son partenaire est prêt à se lancer sur la ligne du départ pour la présidentielle».
Le jeu des alliances
Autrement dit, Moïse Katumbi, qui était prêt à s’effacer dans l’intérêt de l’alternance, tient désormais à prouver à la face du monde et des Congolais qu’il n’est pas une quantité négligeable.
Avec son méga-parti politique, Ensemble pour la République, Moïse Katumbi tisse à pas feutrés sa toile. Son passage réussi au gouvernorat du Grand Katanga est un atout majeur qui pèse sur sa courbe de popularité qui s’étend sur l’ensemble du territoire national. Président de TP Mazembe, le premier club congolais de football, renforce son aura.
Dans le Grand Katanga, Katumbi passe pour un bon joker pour récupérer le pouvoir perdu après le départ de Joseph Kabila au terme de la présidentielle de décembre 2018. Ce qui rend de plus en plus probable une alliance avec le FCC (Front commun pour le Congo) de Joseph Kabila. Pour le moment, l’aile katangaise du FCC travaille sérieusement sur cette option.
Il n’est pas exclu que Katumbi s’ouvre à d’autres forces politiques pour élargir ses chances à la présidentielle de 2023. A ce titre, un rapprochement avec l’aile dure de Lamuka, incarnée par Muzito et Fayulu, est toujours sur la table. En politique, l’impossible n’existe pas, dit-on.
C’est qu’en 2023, dans les urnes, le peuple congolais va s’exprimer sur sa préférence. Une confrontation Tshisekedi-Katumbi n’est plus une hypothèse de travail. C’est désormais une réalité politique réelle.
Econews