La Banque mondiale et le Fonds monétaire international viennent de clôturer à Washington leurs assemblées annuelles. Comme à ses habitudes, la CADTM (Comité pour l’annulation de la dette du Tiers-monde) remet en cause l’efficacité de ces institutions de Bretton Woods créées en 1944, au lendemain de la seconde guerre mondiale. De l’avis du CADTM, le Comité du développement, cadre d’orientation de la Banque mondiale et du FMI,« a enterré tous les espoirs des pays du Sud en vue de nouvelles mesures du couple FMI/Banque mondiale pour répondre à leur situation d’endettement et libérer les ressources nécessaires à la satisfaction des droits humains, notamment dans le secteur de la santé».
La Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) ont tenu leurs traditionnelles assemblées annuelles les 14 et 15 octobre 2021 à Washington (Etats-Unis). En dépit de la situation d’endettement critique des pays du Sud, aucun nouvel engagement n’a été pris par les institutions de Bretton Woods, rapporte le CADTM (Comité pour l’annulation de la dette du Tiers-monde).
Dans un communiqué du 15 octobre 2021, le Comité du développement, « forum du Groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international établi au niveau ministériel pour faciliter la recherche de consensus intergouvernementaux sur les questions de développement », a enterré tous les espoirs des pays du Sud en vue de nouvelles mesures du couple FMI/Banque mondiale pour répondre à leur situation d’endettement et libérer les ressources nécessaires à la satisfaction des droits humains, notamment dans le secteur de la santé.
Malgré le fort ralentissement de l’économie mondiale et ses conséquences néfastes sur la vulnérabilité des pays du Sud, la nécessité, selon la CNUCED, de procéder à des allègements ou des annulations de dettes, la hausse sans précédent et inquiétant de la dette des pays à faible revenu et plus largement de l’ensemble des pays du Sud, et les appels de plusieurs dizaines de pays du Sud à l’annulation de leur dette lors de la 76e assemblée générale de l’ONU fin septembre, ni le FMI, ni la Banque mondiale n’entreprendront de mesures supplémentaires au service des pays du Sud.
Dans le sillage du sommet du G20 du 13 octobre 2021, les deux institutions de Bretton Woods ont annoncé la fin de la très insuffisante Initiative de suspension du service de la dette (ISSD) et ont réitéré leur soutien et leur confiance aveugle envers l’inopérant «Common Framework », cadre incapable d’engager ne serait-ce qu’un seul créancier privé dans des restructurations de dette depuis son lancement en novembre 2020. Ils se sont de nouveau félicités de l’allocation historique de 650 milliards de droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI, alors même que les 135 pays en développement ne percevront que 40 % de cette somme, contre 60 % pour les 55 pays dit développés.
La Banque mondiale, le FMI, les pays du G20 et du Club de Paris ont, tour à tour, instauré des initiatives pour répondre à leur manière à cette crise de la dette. Réponses totalement insuffisantes : l’Initiative de suspension du service de la dette (ISSD) et le Common Framework (CF) ont seulement reporté le problème.
Pour le premier, plus d’un tiers des 73 pays conviés à participer à l’Initiative de suspension du service de la dette (ISSD) ont décliné l’invitation, par peur d’être discrédités par les agences de notation et les marchés financiers internationaux, et d’être soumis à une nouvelle cure d’austérité du FMI.
Pour le second, le Common Framework censé étendre l’ISSD aux acteurs privés, principaux créanciers de ces pays (à hauteur de 60 %), l’échec est encore plus probant. Seul 0,2 % du service de la dette due aux créanciers privés a été suspendu et seuls l’Ethiopie, le Tchad et la Zambie ont recouru au CF pour renégocier leur dette, sans aucun succès à ce jour. En bref, pour les 46 pays impliqués dans l’ISSD et le CF, moins d’un quart du service de la dette (10,9 milliards USD) a été suspendu. Plus d’un tiers des pays du Sud sont en suspension de paiement ou risquent de l’être.
Le 15 septembre 2021, la CNUCED indiquait que « la viabilité de la dette extérieure des PED s’est encore détériorée » et appelait à « un allégement concerté de la dette et, dans certains cas, à son annulation pure et simple, afin de réduire le surendettement des PED et d’éviter une nouvelle décennie perdue pour le développement».
Le 11 octobre 2021, la Banque mondiale alertait sur le nouveau « niveau record » de la dette des pays à faible revenu et d’une augmentation de plus de 5 % de la dette des PED.
Loin de répondre à la crise actuelle, les mesures des puissances industrielles du Nord et des institutions internationales, se sont davantage inquiétées de la stabilité financière, de la viabilité budgétaire et des chaines d’approvisionnement que des conditions d’existence de la majorité de la population mondiale.
Crise de la dette : un sommet du G20 pour rien
Comme il est de coutume à la veille des assemblées annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, un sommet du G20 s’est tenu, le 13 octobre 2021 à Washington.
Ce qui en ressort, sans surprise, c’est que les puissances industrielles du Nord et les institutions internationales s’inquiètent davantage de la stabilité financière, de la viabilité budgétaire et des chaînes d’approvisionnement que des conditions d’existence de la majorité de la population mondiale. Le G20, l’OMC, la Banque mondiale et le FMI refusent de répondre positivement aux revendications pour la levée des brevets, pour une vaccination universelle gratuite associée à des investissements massifs dans les systèmes de santé publique.
Suite au sommet du G20 qui réunit les pays qui dominent le monde pour l’intérêt du Capital, il est clair qu’aucune initiative favorable aux pays débiteurs du Sud ne sera prise pour leur permette de répondre à l’urgence et d’atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) d’ici 2030 qui sont pourtant très modestes. Au contraire, les seules mesures adoptées le sont pour garantir le remboursement de la dette aux banques du Nord et aux créanciers privés.
Dans ces conditions, le CADTM appelle une nouvelle fois au remplacement de ces institutions et à la formation d’un front uni des pays du Sud pour décréter une suspension immédiate du service de la dette en invoquant l’état de nécessité et le changement fondamental de circonstance. Il s’agit également, grâce à un audit à participation citoyenne, d’identifier les dettes illégitimes, illégales, odieuses et insoutenables pour procéder à leur répudiation pure et simple.
Econews avec CADTM