La vague Omicron montre des signes de repli en Afrique : pour la deuxième semaine consécutive, les chiffres de contamination publiés par le Centre de contrôle et de prévention des maladies infectieuses (CDC-Afrique) témoignent d’une stabilisation, avec une hausse des nouveaux cas limitée à 2 % sur la semaine achevée le 9 janvier, après une augmentation de 5 % la semaine précédente. Loin, donc, de la brutale flambée observée à partir de fin novembre, alors que l’Afrique du Sud révélait l’existence du nouveau variant.
Le reflux enregistré en Afrique australe explique largement le bilan global, en particulier en Afrique du Sud, où se concentrent 35 % des cas de Covid-19 déclarés sur le continent. Mais cette amélioration est aussi notée parmi les pays les plus peuplés, par exemple en République démocratique du Congo (RDC) ou en Egypte.
Le bureau africain de l’Organisation mondiale de la santé (OMS-Afrique) se montre toutefois prudent : « Fin décembre et début janvier, les centres de santé ont tourné au ralenti en raison des vacances de fin d’année, et cela a pu entraîner un nombre réduit de diagnostics. Il faudra observer l’évolution au cours des deux prochaines semaines pour confirmer cette tendance», a averti Abdou Salam Gueye, directeur régional pour les urgences sanitaires.
Faibles capacités de tests
Omicron a été officiellement repéré dans 39 pays sur 54. Pour les autorités sanitaires, il ne fait guère de doute que sa diffusion est plus large. Les faibles capacités de tests (1,5 million en moyenne hebdomadaire pour tout le continent) continuent cependant de constituer une forte contrainte pour cerner correctement la situation épidémique. Quelque 307.000 nouveaux cas ont pu être diagnostiqués la semaine passée, un chiffre comparable à celui enregistré en France en une seule journée.
Si ces données sont certainement loin de refléter la réalité, il se confirme néanmoins que le nouveau variant n’a jusqu’à présent pas provoqué d’accroissement massif des formes graves de la maladie ni, en conséquence, entraîné une saturation des systèmes hospitaliers, comme lors de la troisième vague liée au variant Delta. L’immunité acquise par contamination lors des pics précédents de l’épidémie et les progrès de la vaccination dans certains pays sont les deux hypothèses avancées pour expliquer – si elle se confirme – la brièveté de cet épisode.
La vaccination continue cependant de progresser très lentement. En ce début d’année, la question n’est plus celle de la disponibilité des vaccins, mais la capacité des pays à déployer des campagnes sur l’ensemble de leur territoire. «Je ne connais pas une capitale où une personne qui souhaite se faire vacciner ne puisse pas le faire», a ainsi souligné John Nkengasong, le directeur du CDC-Afrique.
Le continent a reçu jusqu’à présent 563 millions de doses et 60 % ont été administrées. Si huit pays ont atteint le taux de couverture vaccinale de 40 % fixé pour 2021, seulement un peu plus de 10 % des adultes du continent sont totalement vaccinés. Les populations les plus à risque – personnel de santé, personnes âgées ou présentant des facteurs de comorbidité – sont loin d’avoir été atteintes.
Vingt pays prioritaires
L’OMS a établi une liste de 20 pays prioritaires dans lesquels devraient être missionnées à partir de la semaine prochaine des équipes d’experts pour appuyer les ministères de la santé dans l’élaboration de leur campagne de vaccination. Parmi eux, les pays très peuplés, comme la RDC, le Nigeria ou l’Ethiopie, et d’autres, comme le Sénégal ou la Côte d’Ivoire, considérés comme «très à risque» en raison de la faible couverture vaccinale et des difficultés à absorber les doses reçues.
«Nous ne partons pas de zéro. Tous les pays en Afrique ont l’habitude d’organiser des campagnes en quelques semaines, voire en quelques jours, auprès de millions de personnes. Mais cette fois-ci, peu d’entre eux ont fait cet exercice de planification. Les incertitudes sur l’accès aux vaccins en sont la principale raison», explique le docteur Alain Poy, chargé du programme d’assistance de l’OMS.
Il faudra aussi trouver une solution au manque d’argent : selon un chiffrage préliminaire réalisé sur les 40 pays suivis par le bureau africain de l’OMS, 1,3 milliard de dollars (environ 1,1 milliard d’euros) seront, au minimum, nécessaires. Seule la moitié de cette somme est aujourd’hui disponible. Si l’OMS et le CDC-Afrique continuent de répéter que la réticence à la vaccination n’est pas un obstacle, des messages ciblés seront néanmoins élaborés pour convaincre les réfractaires.
Econews avec Le Monde/Afrique