Avec la promulgation du Code du numérique, le Gouvernement réfléchit sur la création d’une Agence Nationale de Cyber-sécurité pour traquer les cyber-criminels. Dans les milieux spécialisés, on craint que le projet n’aboutisse finalement à un dédoublement de l’ANR (Agence Nationale de Renseignements) avec le risque de restreindre davantage la liberté d’expression, un droit reconnu par la Constitution.
En tout cas, la matinée d’échanges, organisée lundi entre le ministère du Numérique et le Conseil supérieur de la magistrature à l’attention des magistrats, a donné la preuve de l’imminence du lancement de l’Agence Nationale de Cyber-sécurité.
Selon Dieudonné Kamuleta, président de la Cour constitutionnelle et président du CSM, cette séance était destiné aux magistrats pour renforcer leurs capacités dans le domaine du numérique en vue de les aider à mieux identifier les dispositions nécessitant l’action de la justice contre ceux qui, à travers l’outil informatique, à la cyber-criminalité.
A en croire, le ministre du Numérique, Désiré-Cashmir Kolongele Eberande, l’Agence Nationale de Cyber-sécurité (ANCY) servira d’instrument de l’Etat pour traquer les cyber-criminels, en vertu des dispositions pertinentes du Code du Numérique. Et de préciser : «L’ANCY aura, entre autres, pour mission s’assurer de bloquer ces genres de sites malveillants en utilisant les moyens technologiques adéquats ».
Ces assurances du ministre du Numérique sont loin de rassurer. Dans l’opinion publique, on redoute que la prochaine ANCY tombe dans les travers de l’ANR en se comportant comme une arme politique pour traquer tous ceux qui se servent de l’outil informatique, particulièrement avec les réseaux sociaux, pour critiquer le régime.
Entre-temps, au ministère du Numérique, on dit affiner l’organisation et le fonctionnement de l’ANCY, sans remettre en cause les droits acquis consacrés dans la Constitution en termes de liberté d’expression.
Francis N.