La Ligue pour la Lutte contre la Corruption (LICOCO) a, en collaboration avec l’Observatoire de la Dette Publique (ODEP) et l’Inspection Générale des Finances (IGF), a organisé, vendredi dans les installations de l’IGF, une journée d’échange avec la presse.
«Il était question de mettre en place un cadre légal pour protéger les lanceurs d’alerte sur les actes de corruption et de détournements de deniers publics», déclaré le président du conseil d’administration de l’ODEP, le professeur Florimond Muteba, justifiant le but de cette rencontre?
Pour le prof Florimond Muteba, «il faudrait un loi et un cadre juridique pour protéger les lanceurs d’alerte. Nous devons lutter contre notre mauvaise culture actuelle, celle concernant d’accepter le mal», a-t-il souligné.
Parlant de son expérience personnelle, il a révélé qu’avant les élections de 2018, il a été obligé de se cacher pour éviter les sbires du régime passé. Mais, a-t-il reconnu, quoi qu’on dise, que le régime actuel est plus «ouvert et moins brutal». Toutefois, il appelle à la vigilance.
De son côté, Jules Alingete, patron de l’IGF, a exhorté tous les Congolais à dénoncer les auteurs des crimes économiques à tous les niveaux. «Il ne faut pas appeler ces gens par le nom des détourneurs, ce sont tout simplement des voleurs comme les pickpockets». «Ici chez nous les présumés détourneurs se permettent de parler, quand ils ont l’occasion d’être acquittés par la justice. Arrêtons de dire détournement. C’est un terme très gentil. Il faut les appeler des voleurs, des criminels. Ils mettent en danger l’avenir de toute la nation. Il existe une corrélation entre la corruption et le développement du pays. La lutte contre les antivaleurs est l’affaire de tous », a-t-il fait remarqué.
Jules Alingete a saisi cette occasion pour remercier les lanceurs d’alerte, les dénonciateurs et les aviseurs anonymes qui ont révélé des faits qui se sont avérés véridiques après enquête et qui ont évité au pays des pertes énormes.
Il leur a demandé de ne pas baisser les bras et travailler dans la discrétion face aux réseaux mafieux qui sont prêts à tout. Il a aussi révélé l’existence des mécanismes de récompenses pour lanceurs d’alerte, des dénonciateurs et aviseurs au sein de l’Inspection générale des Finances, à travers le «fonds secret de recherche».
«Pour vous, l’objectif est de faire échouer les antivaleurs dans leurs sales besognes, pour qu’il ait bonne gouvernance et que le pays aille de l’avant. Mais, nous ne voulons pas que ces récompenses soient placées avant le patriotisme», a enchaîné, Jules Alingete.
Pour sa part, Victor Batubenga, inspecteur général adjoint des finances, a fustigé les faiblesses de la justice congolaise qui libère même des «voleurs». Il a plaidé pour l’effectivité de la création des parquets financiers afin de renforcer la répression contre le détournement de deniers publics et la corruption.
Pour rappel, le 23 juin, c’est la journée mondiale des lanceurs d’alerte. Cette journée a pour vocation de prendre conscience des contributions réalisées par les personnes qui signalent ce qu’elles voient ou les comportements qu’elles suspectent être contraire à l’éthique et aux lois, et de les en remercier.
Un lanceur d’alerte est toute personne, groupe ou institution qui adresse un signal d’alarme en espérant enclencher un processus de régulation ou de mobilisation collective, après avoir eu connaissance d’un danger, d’un risque ou d’un scandale.
Michel Masudi