DSC 0008 1

CSAC :sauver le gardien des médias

Alors que la Journée mondiale de la liberté de la presse du 3 mai approche, symbole universel de la lutte pour des médias libres et indépendants, une ombre plane sur le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC) en République Démocratique du Congo. Institution clé de régulation, censée incarner l’équilibre entre pluralisme, éthique et démocratie, le CSAC traverse une crise interne sans précédent. Des dissensions, des rancœurs et des accusations minent son autorité, au point que certains évoquent déjà sa  » liquéfaction « . Pourtant, en ces heures critiques, il ne s’agit pas de jeter l’huile sur le feu, mais d’éteindre l’incendie.

Le CSAC n’est pas qu’un simple régulateur technique. Il est le garant d’un espace médiatique pluraliste, vital pour toute démocratie. Quand ses membres se déchirent, c’est l’ensemble de l’édifice démocratique qui tremble. Les  » fortes turbulences  » évoquées ne sont pas de simples querelles de couloir : elles risquent de paralyser les décisions sur les fréquences, les contenus, ou la protection des journalistes. Dans un contexte électoral tendu et face à une désinformation galopante, affaiblir le CSAC, c’est offrir un boulevard aux dérives autoritaires et aux manipulations.

Quel paradoxe ! À quelques jours du 3 mai, date où le monde célèbre la liberté de la presse, le CSAC, pilier congolais de cette liberté, semble s’effriter. La communauté internationale observera : peut-on crédibiliser des engagements en faveur des médias si l’instance chargée de les défendre est elle-même en lambeaux ?

Ce timing malheureux doit servir d’électrochoc. Les Nations Unies, en instituant cette journée, rappelaient que  » la liberté de la presse est la pierre angulaire des sociétés éclairées « . Le CSAC, s’il veut honorer cette mission, doit urgemment se ressaisir.

Certes, les griefs sont réels : divergences sur les nominations, opacité des procédures, suspicions de partialité… Mais ces conflits, légitimes ou non, ne doivent pas primer sur l’intérêt général. Les membres du CSAC ont-ils oublié que leur mandat dépasse leurs egos ? Leur légitimité ne vient pas de leurs titres ou réseaux, mais de leur capacité à protéger le droit des citoyens à une information libre.

La solution ? Un retour immédiat à la table des négociations, sous l’égide d’un médiateur indépendant. Il faut clarifier les griefs, apaiser les tensions et réaffirmer les missions fondamentales du Conseil. Les partenaires techniques – ONG, bailleurs, associations de journalistes – doivent aussi sortir de leur silence complice et offrir un cadre neutre pour ce dialogue.

Le CSAC ne peut se permettre le luxe de l’implosion. Chaque jour perdu dans des guerres intestines est un jour gagné pour ceux qui souhaitent museler les médias ou instrumentaliser l’information. À l’approche du 3 mai, les membres du Conseil ont une occasion historique de montrer l’exemple : en dépassant leurs divisions, ils prouveraient que la démocratie congolaise, malgré ses failles, peut encore compter sur des institutions résilientes.

La balle est dans leur camp. L’histoire jugera s’ils ont choisi de sauver leur maison… ou de l’abandonner aux flammes.

Econews

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Verified by MonsterInsights