Curieux «ballet diplomatique» chez Katumbi !

En l’espace de trois jours, des diplomates européens et américains de haut rang ont fait le déplacement de Lubumbashi où ils ont eu des entretiens avec l’opposant Moiise Katumbi, leader d’Ensemble pour la République et candidat malheureux à la dernière présidentielle. En effet, ce n’est pas la première fois que l’un ou l’autre ambassadeur est reçu par le Chairman du TP Mazembe. Souvent, c’était des rencontres discrètes dans ses terres de Kashobwe au milieu de ses cultures et d’unités de transformation. Qu’ils se rendent cette fois dans sa résidence de Lofoi dans la capitale cuprifère est un signe qui ne trompe pas. Comme un message qu’il est judicieux de décortiquer.

En l’espace de trois jours, des diplomates européens et américains de haut rang ont fait le déplacement de Lubumbashi pour rencontrer l’opposant Moïse Katumbi, leader d’Ensemble pour la République et candidat malheureux à la dernière présidentielle. Cette visite soulève des questions et suscite l’intérêt de nombreux observateurs.

Il est important de noter que ce n’est pas la première fois que des ambassadeurs sont reçus par le Chairman du TP Mazembe. Ces rencontres se déroulaient généralement de manière discrète dans ses terres de Kashobwe, au milieu de ses cultures et d’unités de transformation. Cependant, le fait qu’ils se rendent cette fois dans sa résidence de Lofoi, dans la capitale cuprifère, est un signe significatif.

LE MESSAGE CACHE

Que vont-ils tous chercher à Lubumbashi auprès de l’opposant Moïse Katumbi ? Mais surtout, que se disent-ils ? Ces questions sont plus que jamais d’actualité après qu’en l’espace de trois jours successifs dans la même semaine, trois diplomates européens et américain ont été reçus par le leader du parti politique Ensemble pour la République et l’un des candidats malheureux à la dernière élection présidentielle de décembre 2023 où il est arrivé deuxième (18%), loin du président élu Félix Tshisekedi (73%).

L’ambassadrice du Royaume Uni en République démocratique du Congo Alyson King a ouvert la série le 11 juin dernier, suivie le lendemain (le 12) de Nicolas Berlanga Martinez, ambassadeur de l’Union européenne et le 13, par John Dunlop, directeur/RDC de l’Agence des Etats-Unis pour le Développement International (USAID).

Les trois diplomates ont déclaré, comme s’ils s’étaient passé le mot, que leur visite entrait dans le cadre des concertations régulières engagées avec les responsables politiques de toutes les obédiences et de la société civile.

Un langage diplomatique de routine mais qui cache les véritables motivations et enjeux présents et à échéance plus ou moins éloigné. Le ballet diplomatique mettant en position d’interlocuteur de premier ordre les plus farouches opposants au pouvoir n’est pas nouveau en RDC. Il est l’indicateur du revirement à petits pas de puissances occidentales quand elles s’apprêtent à lâcher des leaders politiques dans lesquels ils avaient placé tous leurs espoirs. Des espoirs qui se déclinent invariablement par une exigence du libre exercice de l’activité politique, de la liberté de manifester, et d’une presse véritablement libre.

Or ces valeurs constituent justement la faiblesse des régimes antidémocratiques parvenus au pouvoir par des voies plus que discutables.

Plus concrètement, la vision des diplomates européens ou américains chouchoutant des opposants souvent brimés ou injustement écartés de l’exercice du pouvoir par des voies non démocratiques; que les libertés individuelles sont soumises à un lourd dispositif répressif, que la liberté de d’expression et d’opinion sont constamment menacées par une justice aux ordres, est le signe annonciateur d’un lâchage qui est souvent précédé de sanctions individuelles ou collectives à l’encontre des dirigeants politiques et militaires qui se sont illustrés par des comportements antisociaux dont les détournements massifs de fonds publics et de l’aide au développement à leur profit, de leurs familles et de nombreux courtisans se recrutant dans leurs clans et proximité tribalo-régionaliste. Ils sont accusés aussi de commanditer des arrestations arbitraires d’opposants porteurs d’opinions contestataires, suivies de longues détentions sans jugement, voire des exécutions extrajudiciaires au nom de la sûreté d’Etat.

BIS REPETITA

C’est quand ces facteurs sont réunis et que des appels internes et externes ne rencontrent que mépris et une arrogance aveugle que la «communauté internationale» s’en mêle et se tourne alors vers des opposants qu’ils pensent être des acteurs crédibles d’une alternance laborieuse à matérialiser dans le temps.

L’exemple de feu Etienne Tshisekedi, le père de l’actuel chef de l’Etat congolais, illustre parfaitement ce cas de figure. Après une longue lutte pour la démocratie sous le régime dictatorial du Maréchal Mobutu, une lutte faite de déportations, d’arrestations et de brimades.

Mobutu chassé du pouvoir en mai 1997, Tshisekedi refuse de collaborer avec les nouvelles autorité. Bien plus, l’interdiction des partis politiques et des atteintes aux droits fondamentaux exacerbent une situation sociale qui amène le présidet des Etats-Unis Bill Clinton à dépêcher à Kinshasa pour exiger le rétablissement des partis politiques et de veiller au respect des droits humains.

Le pasteur Jesse Jackson ne sera pas recu par Mzee Laurent-Désiré Kabila au motif qu’il aurait fait la tournée des leaders politiques d’opposition. Il fut invité à quitter le pays dans une ambiance humiliante. Quelques jours plus tard, Etienne Tshisekedi était relégué dans son terroir ancestral de Kabeya Kamwanga. La suite, c’est de l’histoire.

Moralité : les dirigeants africains ont intérêt à prêter une attention aux démarches diplomatiques engagées par les diplomates accrédités sur le territoire, et être en mesure de mesurer la portée des déclarations bien que voilées sous la langue de bois, vaut avertissement.

PAS DE FUMEE SANS FEU

Cette rencontre entre les diplomates et Moïse Katumbi soulève des interrogations sur les sujets qui ont été abordés lors de leurs discussions. La présence des diplomates européens et américains reflète-t-elle une préoccupation commune concernant la situation politique en RDC et le rôle de l’opposition dans le pays ? Les discussions ont-elles porté sur l’avenir politique du pays et les perspectives de réformes démocratiques ?

Il est indéniable que la présence de diplomates étrangers aux côtés d’un opposant politique d’importance comme Moïse Katumbi est un signal fort. Cela pourrait être interprété comme un soutien tacite à ses positions et à ses actions en faveur de la démocratie en République démocratique du Congo.

Il est donc primordial de suivre de près l’évolution de cette rencontre et les répercussions qu’elle pourrait avoir sur la scène politique congolaise. Le dialogue entre l’opposition et les puissances étrangères pourrait ouvrir de nouvelles perspectives pour l’avenir de la RDC et la consolidation de sa démocratie.

Econews