Lubumbashi, l’ancienne capitale de la province du Katanga, démembrée depuis 2015 en quatre entités administratives, est assise sur un baril de poudre. Si l’autorité n’y prend garde, l’explosion sociale qui en résulterait serait impossible à juguler. Tant les communautés kasaienne et katangaise se regardent en chiens de faïence. Et c’est peu dire. Pendant que ceux-là inondent les réseaux sociaux de messages provocateurs, se targuant d’appartenir à la famille présidentielle venus occuper l’ex-Katanga, la réponse d’une députée katangaise a apporté une réaction pour le moins extrême. La députée D.M. n’y est pas allée par le dos de la cuillère, estimant que chacun doit rester chez lui et se battre pour le développement de sa province.
Pourtant, ce ne serait pas la première fois que les ressortissants kasaiens installés au Katanga sont invités à débarrasser le plancher. Même, s’ils sont accoutumés aux va, et vient, entre leurs provinces d’origine et les villes minières du Sud Katanga. D’abord au lendemain de la proclamation de la sécession katangaise en 1960. Le ministre de l’Intérieur du gouvernement de Moise Tshombe gagnera d’ailleurs dans ces évacuations forcées le surnom de Kifyakio (Le Balai). Arrivé au pouvoir, Mobutu favorisera le retour des centaines de familles dont certaines purent récupérer leurs maisons. Jusqu’en 1992-93 où la coalition Kyungu wa Kumwanza et Nguz Karl-i-Bond réactive la machine, provoquant le déplacement des personnes le plus tragique. Dans l’un ou l’autre des cas énoncés ci-haut, impossible de ne pas y voir la main des politiques. Il est connu que la main de Mobutu, affaibli politiquement, était derrière la «chasse» des Kasaiens au début des années 90. Naturellement, les déclarations télévisées de la députées D.M. sont aussitôt imputées à un leader politique dont elle serait proche. Et le fait que ce dernier est pressenti candidat président en 2023 est venu jeter l’huile sur le feu.
Depuis près de cinq ans, Lubumbashi connaît une vague ininterrompue de crimes atroces. Des ministres se sont rendus sur les lieux pour tenter de baisser les tensions. Peine perdue. Avec leur nombreuse suite, ils se prélassent au bord de la piscine du Grand Karavia, avant de regagner Kinshasa munis de rapports-bidons.
Econews