Au moment où des inspecteurs du ministère de l’Economie viennent d’être déployés pour le traditionnel contrôle des prix sur le marché à l’approche des festivités de fin d’année, une image d’un surréalisme inédit vient inonder la Toile. Partagée des dizaines de milliers de fois sur les réseaux sociaux, elle montre une partie d’un rayon de supermarché présentant des ananas vendus au prix stratosphérique de… 92.550 FC l’unité, soit l’équivalent de près de 40 dollars américains !
Les fruits sont certes d’un jaune éclatant, leur couronne d’un vert émeraude atteste de leur fraîcheur, mais ils ne sont certainement pas en or, contrairement à ce que suggère un prix qui échappe à tout entendement. L’établissement clairement identifié sur l’étiquette appartient à une chaîne de grandes surfaces qui n’arrête pas de s’étendre à Kinshasa et en province, principalement au Haut-Katanga et au Lualaba. Ce qui témoigne de l’importance de l’investissement et par conséquent, des égards (et d’un respect intéressé) dont ses propriétaires bénéficient des autorités compétentes.
Les experts en agriculture préalablement « motivés » argueront qu’à y regarder de près, la variété de ces ananas n’est pas produite en République démocratique du Congo, et qu’elle serait importée d’horizons exotiques lointains, ce qui justifierait que la marge bénéficiaire soit en adéquation avec les charges liées à des lourdeurs douanières et à une fiscalité des plus contraignantes d’Afrique.
Mais qu’à cela ne tienne. Avoir l’outrecuidance d’écouler UN ananas à 40 dollars US relève du mépris envers le pays d’accueil mais à contrario, c’est une manifestation qui traduit concrètement la démission de l’Etat. Les légions d’inspecteurs lâchées par le VPM Mukoko Samba seront toujours impuissantes devant la machine à corruption des gros distributeurs en agro-alimentaire qui font la loi sur le marché des biens de consommation courante.
Se limitant souvent à rançonner les vendeuses de produits surgelés (cuisses et ailes de poulet, croupions de dinde, ou chinchards), ou de sacs de riz thaïlandais, ou se concentrant sur les importations en contrebande d’œufs et d’alcools frelatés venus d’Angola par le poste frontalier de Lufu au Kongo Central.
L’argument selon lequel la pratique des prix exorbitants est sciemment organisée pour éloigner de ces établissements de luxe du petit peuple à la bourse rachitique ne tient pas debout. En revanche, elle rappelle l’époque coloniale où l’accès aux grandes surfaces était exclusivement réservé aux seuls colons.
Econews
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