À 107 jours de la cérémonie d’ouverture des 9èmes Jeux de la Francophonie prévus à Kinshasa du 28 juillet au 6 août 2023, le Rwanda n’a toujours pas confirmé la participation de ses athlètes. Affirmation du directeur du Comité d’organisation lors d’un briefing radiodiffusé face aux médias ce 10 avril 2023, en présence du ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya. A Kigali, le narratif est connu. Une fois de plus, le Rwanda veut se servir du boycott des Jeux de Kinshasa pour agiter son éternel « discours de haine et du génocide imminent contre les Tutsi congolais ». On le voit déjà venir.
En relations tendues avec la République Démocratique du Congo, par le fait de son soutien aux «terroristes » du M23, le Rwanda n’a pas encore confirmé sa participation à la 9ème édition des Jeux de la Francophonie, prévus à Kinshasa du 28 juillet au 6 août 2023. A ce jour, sur les 42 délégations attendues à Kinshasa, 39 ont déjà validé leur participation, a annoncé, lundi soir à la presse, Isidore Kwandja, président du Comité national d’organisation de ces Jeux.
A 107 jours de l’ouverture à Kinshasa des 9èmes Jeux de la Francophonie, M. Isidore Kwandja et le porte-parole du Gouvernement, Patrick Muyaya, étaient lundi devant la presse, conviée au traditionnel briefing, pour un « état d’avancement du processus organisationnel des neuvièmes Jeux de la Francophonie à Kinshasa ».
A Kinshasa, on met la dernière main sur les travaux entamés sur différents sites retenus pour ces Jeux, dont l’Université de Kinshasa, le stade des Martyrs de la Pentecôte et le stade Tata Raphaël.
Sur les 42 délégations attendues à Kinshasa, outre celle de la République Démocratique du Congo, pays organisateur, 39 ont déjà confirmé leur participation.
En froid avec la République Démocratique du Congo, «Le Rwanda ne s’est pas encore inscrit aux Jeux de la Francophonie » de Kinshasa, a indiqué Isidore Kwandja, sans autres commentaires.
Kigali va-t-il finalement autorisé le déplacement de ses athlètes et artistes à Kinshasa ? Difficile à dire, pour l’instant. Dans tous les cas, il lui reste encore presque trois mois pour se décider, avant le début de ces Jeux, le 28 juillet prochain.
Financé conjointement par le Gouvernement et l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), le budget des Jeux de Kinshasa est chiffré, selon Isidore Kwandja, à 66,9 millions d’euros. Les Jeux de Kinshasa ont prévu une série de disciplines sportives et onze concours culturels.
Voici, à ce jour, les 39 délégations qui ont déjà confirmé leur participation aux Jeux de Kinshasa : Arménie, Bénin, Burkina Faso, Burundi, CaboVerde, Cambodge, Cameroun, Canada, Canada/Nouveau-Brunswick, Canada/Québec, Centrafrique, Chypre, Congo/Brazzaville, République Dmocratique du Congo, Côte d’Ivoire, Djibouti, Émirats Arabes Unis, France, Gabon, Guinée/Conakry, Guinée équatoriale, Haïti, Liban, Luxembourg, Madagascar, Maroc, Maurice, Mauritanie, Niger, Roumanie, Sainte-Lucie, Sénégal, Serbie, Seychelles, Suisse, Tchad, Togo, Tunisie, Vietnam, Wallonie-Bruxelles (Fédération).
Kigali veut se victimiser
Les plus optimistes (dont Isidore Kwandja lui-même) estiment que Kigali se donne encore du temps, et qu’au regard de sa proximité géographique avec le Comité organisateur installé dans la capitale congolaise, rien ne devrait s’opposer à une arrivée tardive, voire impromptue des délégations du pays des Mille Collines.
Plus perspicaces, les observateurs avisés sont plutôt d’avis que le Rwanda pourrait purement et simplement boycotter les Jeux, pour plusieurs raisons dont l’évidence crève les yeux. Primo, ce petit pays des Grands Lacs s’est lancé dans une aventure hégémoniste et ses troupes occupent une partie des territoires congolais au Nord-Kivu. Certes, il est fait état ces derniers temps du retrait des M23/RDF de quelques localités, mais l’opinion congolaise reste sceptique et sa rancœur contre le régime rwandais reste intacte.
Secundo : Kinshasa – comme bien d’autres capitales – n’a jamais véritablement digéré les conditions d’accession de la Rwandaise Louise Mushikiwabo au poste prestigieux de secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Ressortissante d’un pays qui venait pourtant de faire de l’anglais sa langue officielle en adhérant au Commonwealth. Il ne fait plus de doute, dit-on, qu’elle avait été imposée par le président français Emmanuel Macron dans le souci de la France de se rabibocher avec Kigali restée ombrageuse un quart de siècle après le génocide au Rwanda. Et quand le même Macron encourage l’Union européenne à accorder 20 millions d’euros à l’armée rwandaise, c’est l’étincelle qui met le feu aux poudres. L’opinion congolaise est chauffée à blanc.
Il paraît que les autorités congolaises ne semblent pas réaliser qu’en boycottant les Jeux, Paul Kagame activerait son arme de distraction massive, celle qui consiste à jeter à la face du monde la démonstration des «discours de haine et du génocide imminent contre les Tutsi congolais ». Il existe malheureusement une part de l’Occident qui lui prêterait une oreille attentive et larmoyante.
Econews