EAC : mission non accomplie

La Force de l’East African Community (EAC) n’a pas attendu l’échéance du 8 décembre 2023 pour entamer son désengagement du Nord-Kivu, contrairement à la décision unanimement arrêtée au dernier sommet de l’organisation sous-régionale à Arusha (Tanzanie). Un sommet, faut-il le rappeler, qui s’est tenu en l’absence du président Tshisekedi et de son homologue rwandais Paul Kagame, pourtant les deux personnalités concernées au premier chef dans le conflit armé qui déstabilise cette partie de la RD Congo.

C’est peu dire que dans les coulisses, l’absence du chef de l’Etat congolais avait été diversement ressentie.

Les excuses présentées par son représentant, le ministre de la Défense Jean-Pierre Bemba (pour raison de campagne électorale), n’ont guère convaincu, tant la rencontre était axée sur la fin du mandat de la force de l’EAC arrivée au Congo à la demande expresse du gouvernement congolais, et son remplacement projeté par un contingent de la SADC.

Avec le recul, on s’aperçoit que dès le départ, les dés étaient pipés. Si Kinshasa attendait de la force conduite par le Kenya qu’elle menât des opérations offensives contre les M23/RDF qui venaient d’occuper en juin 2022 le poste frontalier de Bu-nagana, les autres dirigeants de la sous-région ont toujours été réticents : leurs militaires n’étaient pas engagés dans le bourbier congolais pour une mission de combat dans une guerre qui manifestement n’était pas la leur, mais uniquement pour surveiller un éventuel cessez-le-feu dans le cadre des accords de Luanda et de Nairobi.

D’où la colère noire d’un Tshisekedi qui n’avait dès lors de cesse d’exiger le départ de ces soldats est-africains accusés de fraterniser avec la coalition M23/RDF qui, à leur barbe et leur nez, occupait des localités et s’adonnait à des massacres de civils, tout en menaçant régulièrement de marcher sur Goma.

Les dés en sont donc jetés, avec le départ samedi d’une bonne centaine de militaires kényans depuis l’aéroport de Goma, c’est la fin d’une idylle difficile avec le gouvernement congolais. Ce départ prématuré fait ipso facto monter de plusieurs crans le froid déjà polaire sur les relations entre Kinshasa et Nairobi. Ou tout au moins au sein du trio Tshisekedi-Ruto-Kenyatta.

En attendant la force de la SADC qui se fait désirer, les FARDC – dont on rapporte qu’elles sont plus que requinquées sont dorénavant devant leurs responsabilités dans l’accomplissement de leur mission attendue de longue date par des populations meurtries : celle de protéger les frontières et d’assurer enfin l’intégrité du territoire national.

Econews