Les Nations Unies doutent des capacités des institutions de la République Démocratiques du Congo d’organiser des élections dans le délai constitutionnel de décembre 2023, après avoir observé le déroulement des opérations pré-électorales. Ces révélations de la revue Africa Intelligence, non démenties par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), encore moins par les autorités congolaises, démontrent que les difficultés énumérées sont réelles. Le danger d’un glissement n’est plus virtuel mais réel. Denis Kadima, président de la Ceni, doit se déployer sur tous les fronts pour convaincre. De toute façon, les partenaires extérieurs, principalement, doutent de ses capacités de réussir, dans le délai, le quatrième cycle électoral de la 3ème République, après ceux de 2006, 2011 et 2018.
L’état des lieux contenus dans deux rapports confidentiels prouve que les Nations Unies sont plongées dans le doute et l’incertitude quant à la tenue dans le délai constitutionnel, soit décembre 2023, des élections générales en République Démocratique du Congo. Il n’en fallait pas plus parce que tout démontre que rien ne se déroule comme prévu et que le retard va être difficilement comblé.
Regroupées en quatre points, les observations des experts des Nations Unies sont de nature à faire prendre conscience à tout un chacun de la nécessité de poursuivre la voie du financement et de la stabilisation du pays. La Céni a sa part, mais en réalité c’est le gouvernement de la République avec en tête le chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, qui doit jouer pleinement sa partition. Cette partition ne peut produire des effets positifs que si à côté, il y a la volonté de bien faire. Une détermination politique est la règle d’or pour réussir le pari d’organiser de bonnes élections dans le pays.
Mystère autour des élections de 2023
A tout prendre, des experts des Nations Unies doutent de l’organisation des élections présidentielle et législatives prévues en 2023 en RDC. Selon un article d’Africa Intelligence (voir encadré), publié mercredi 24 août 2022, citant un rapport d’experts de l’ONU, plusieurs défis expliquent cette crainte et des scenarios sombres sont prévisibles.
A la demande de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), la mission d’évaluation des besoins électoraux de l’ONU a été déployée en début d’année et a finalisé son rapport. Deux experts électoraux mandatés par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) ont cartographié les risques de conflits avant, pendant et après les élections de 2023.
Le premier défi, selon ce rapport, est d’ordre sécuritaire dans l’Est du pays où opèrent toujours une centaine de groupes armés non étatiques dont le M23 et l’ADF. L’état de siège, toujours en vigueur dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, où toute activité politique reste théoriquement suspendue, laisse craindre des obstacles majeurs pour l’organisation et la tenue du scrutin, note ce rapport. Ainsi, les experts du PNUD constatent qu’un glissement du calendrier est désormais possible.
Le coût pour les élections est estimé à 900 millions USD. La CENI est encore loin de récupérer les 640 millions de dollars US sollicités pour l’année 2022. Pourtant, cet argent est indispensable à l’achat du matériel électoral.
Les informations recueillies par Africa Intelligence font savoir que le président de la CENI, Denis Kadima, ne pourra pas non plus compter sur l’appui des Occidentaux et plus particulièrement des Etats-Unis et de l’Union Européenne. Ces experts mandatés par le PNUD mettent aussi en exergue l’inquiétude autour de « la volonté du régime en place de contrôler les institutions en charge du pouvoir, à savoir la CENI et la Cour constitutionnelle».
Le premier «verrait le Front Commun pour le Congo, (FCC) de l’ancien président Joseph Kabila s’entendre avec la majorité actuelle pour garantir sa présence au sein des deux chambres du parlement ainsi qu’une sorte de protection juridique pour sa famille et ses collaborateurs politiques».
Le deuxième scénario «verrait, pour sa part, la formation politique de Joseph Kabila s’entendre avec un autre partenaire de l’opposition pour mener le combat dans les urnes contre Felix Tshisekedi».
Le troisième scénario est «celui de tous les dangers pour le pouvoir actuel. Il prévoit un boycott du scrutin par le FCC et son clan cherchant, à travers leur influence sur les forces de sécurité, à pourrir le processus électoral. Avec pour conséquence, une interruption des opérations électorales et le début d’une crise politique majeure ouvrant sur une période de transition et de nouvelles élections ».
Ci-dessous, l’intégralité de l’article de la revue Africa Intelligence, qui a eu accès à ces rapports confidentiels commandés par les Nations unies et ses agences.
Econews