Bien que le gouvernement et le Réseau des associations des professeurs d’universités et instituts supérieurs du Congo (RAPUCO) aient fumé le calumet de la paix en signant le protocole d’accord pour la reprise des enseignements dans le secteur public de l’enseignement supérieur et universitaire on observe une reprise timide des enseignements dans certaines universités et certaines instituts supérieurs. Cette situation est due par le fait que les professeurs douteraient encore du respect des engagements pris par le gouvernement. A cela s’ajoute le bicéphalisme qui s’est créé avant la fin de la dernière année académique à la suite de l’arrêté ministériel portant désignation et nomination des membres des comités de gestion des établissements supérieurs et universitaires. Face aux agitations constatées dans les milieux universitaires, le Premier ministre a demandé au ministre de l’ESU de surseoir son arrêté. Pour sa part, l’opinion estime qu’en lieu et place de la surséance de la remise et reprise, le ministre de tutelle doit purement et simplement annuler son arrêté jusqu’à ce qu’on ait harmonisé les vues.
L’annonce de la levée de la grève déclenchée par les professeurs d’enseignement supérieur et universitaire a été faite, lundi 14 février 2022, par le ministre de tutelle, Muhindo Nzangi.
Partis en grève depuis le 5 janvier 2022, les professeurs membres de RAPUCO exigeaient du gouvernement congolais la réponse à leurs revendications contenues dans un cahier des charges. Ils réclamaient l’amélioration de leurs conditions sociales, car, pour eux, le gouvernement ne tenait pas à ses engagements.
Avec la signature du protocole d’accord avec le RAPUCO, tout le monde croyait en la fin de ce feuilleton pour permettre à la jeunesse estudiantine de reprendre le chemin des auditoires après quarante-six jours d’inactivité. La réalité est toute autre à ce jour, car, une semaine après, les auditoires sont toujours vides.
Cela était prévisible. En effet, dans une déclaration faite après l’annonce de la levée de la grève par le ministre Muhindo Nzangi, les membres du corps scientifique de l’Institut Facultaire des Sciences de l’Information et de la Communication (IFASIC), réunis en Assemblée générale extraordinaire le 15 février 2022 pour examiner les conditions de reprise des activités académiques de l’année 2021-2022, ont pris acte du mot d’ordre de suspension de la grève générale. Cependant, ils attendent les résultats de la commission paritaire pour le rendre effectif à l’IFASIC. Et d’ajouter : «afin de donner toutes les chances d’une reprise effective des activités et permettre le bon fonctionnement de notre institution, nous demandons au Premier ministre et au ministre de l’ESU de clarifier la situation administrative du comité de gestion».
La goutte qui a fait déborder le vase
La situation qui prévaut à l’IFASIC est presque la même dans d’autres établissements d’enseignement supérieur et universitaire. Car, nonobstant le non respect des engagements qui caractérise le gouvernement, on enregistre des contestations autour de l’arrêté du ministre Muhindo Nzangi portant désignation et nomination des membres des comités de gestion dans quelques universités et instituts supérieurs du secteur public.
Aussitôt saisi, le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, a demandé au ministre de l’ESU de surseoir son arrêté jusqu’à ce qu’il y aura harmonisation des vues.
Malgré la décision du ministre reportant la cérémonie de remise et reprise, la psychose a gagné les professeurs. Et dans certains établissements d’enseignement supérieur et universitaire, le bicé-phalisme est là. Le comité sortant est interdit de poser des actes. Celui nommé par le ministre n’a pas l’autorisation de fonctionner.
Pour mettre fin à cette confusion, le ministre de tutelle ferait mieux d’annuler purement et simplement son arrêté. De cette manière, il rétablirait l’ordre dans son secteur.
Véron Kongo