Le Premier ministre, à la tête d’une « forte délégation », effectue une mini-tournée au Nord-Kivu et en Ituri. Sama Lukonde a dans sa suite au moins huit ministres et une dizaine de députés et sénateurs. Objectif : faire une évaluation de l’état de siège dans ces deux provinces en proie aux violences d’une multitude de groupes rebelles nationaux et étrangers.
«Evaluation». Le mot est lâché. Tant le concept est prisé des gouvernants congolais. Le Nyiragongo se réveille et jette sur les routes des milliers de… familles. Hop ! Des missions d’évaluation se succèdent à Goma. Délégation gouvernementale. Délégation de députés. Délégation du sénat. On « évalue » puis, retour à Kinshasa. La suite ? Plus rien. Ou plutôt, l’armée est chargée d’ériger des abris en planches, tôles et bâches aussitôt emportés par un violent orage. Un détail tout de même : une mission officielle s’accompagne de frais libellés en dollars américains. C’est le plus important. Le reste, eh bien, on s’en tamponne la barbichette !
Des mines angolaises situées à la frontière avec le Kasaï déversent des tonnes de produits toxiques dans les eaux nationales, provoquant la mort des centaines de milliers de poissons et la destruction irréversible de la flore, et privant les populations locales d’eau potable des semaines entières ? Pas de problème. On évalue. Une délégation dépêchée sur place par la ministre nationale de l’Environnement effectue une visite-éclair à Tshikapa. Puis, plus rien. L’Angola n’est même pas inquiété. Kinshasa brandit son leitmotiv préférée : le dialogue.
On ne compte plus les missions d’évaluation des déplacés des territoires de Djugu, d’Irumu et d’ailleurs entassés dans le vaste camp de Bunia sans que ces déplacés ne bénéficient de la moindre assistance du gouvernement. Le même sort frappe les autres malheureux dispersés dans des dizaines de camps de déplacés dans le Masisi, le Rutshuru, voire le Tanganyika. Tant que les humanitaires sont là, à Kinshasa, on s’en lave les mains !
Des évaluations régulières de la situation sécuritaire et humanitaire est une prérogative louable. A condition bien entendu qu’une réponse rapide et adéquate soit apportée aux sinistrés qui, qu’on ne se voile pas la face, on perdu toute confiance dans les autorités. Ils sont plus que fatigués des discours lénifiants enrobés de démagogie et de culte de la personnalité.
Econews