Le 21èsommet extraordinaire des chefs d’Etat de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) à Bujumbura s’est clôturé le mercredi 31 mai dans la morosité, du moins vu du côté de l’opinion congolaise. Tenu en l’absence des présidents congolais et rwandais, acteurs majeurs de la crise sécuritaire qui sévit au Nord-Kivu depuis la prise de Bunagana par le M23 ouvertement soutenu par l’armée rwandaise en juin 2022, il a débouché sur des déclarations contradictoires tant du côté kényan que congolais. Alors que depuis plusieurs semaines le gouvernement congolais laissait entrevoir la possibilité du congédiement de la force est-africaine pour déficit de résultats, Kinshasa en sort en avalant des couleuvres et accepte de proroger la présence de la force jusqu’au 8 septembre. Face à un William Ruto exultant, la délégation congolaise, conduite par le ministre de l’Intégration régionale, en est réduite à composer avec une force qui pourtant a perdu sa confiance.
Dès le départ, le sommet de Bujumbura laissait entrevoir sinon un échec patent, en raison de l’absence des présidents congolais et rwandais. Félix Tshisekedi se remettant en Europe de son long séjour en Chine représenté par son ministre de l’Intégration régionale Mbusa Nyamwisi; Paul Kagamé resté aphone et la Tanzanienne Samia Suluhu (quoique représentés), le Soudanais du Sud Salva Kiir absent comme à son habitude tandis que l’Ougandais Yoweri Museveni était occupé à répondre aux critiques après sa promulgation de la loi qui punit l’homosexualité et sa promotion dans son pays.
Face au président en exercice de l’EAC et président du Burundi, Evariste Ndayishimiye, le président kényan William Ruto n’a eu aucun mal à faire passer la thèse selon laquelle la résolution de la crise ne peut être trouvée que par la recherche d’une solution négociée. Tout en se félicitant des résultats obtenus à ce stade par la force est-africaine en six mois de présence au Nord-Kivu.
LE STATU QUO ANTE
Pas un instant au cours du sommet il n’a été fait état de la modification du mandat de la force de l’EAC, initialement destinée à assurer le désarmement et le cantonnement du M23 en une force offensive selon les pressions exercées par le gouvernement congolais.
Il ne fait dès lors pas de doute que l’organisation régionale n’encourage pas l’option militaire. Elle encourage plutôt le gouvernement congolais à travailler étroitement avec l’ancien chef de l’Etat kényan, Uhuru Kenyatta, pour fixer les dates de la reprise du dialogue inter-congolais. Une proposition aux antipodes de la position intransigeante de Kinshasa pour lequel il ne peut y avoir de dialogue tant que le M23 n’aura pas formellement déposé les armes.
A la place, « le sommet a réaffirmé que la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC ne peut être régulée que par un processus politique et un dialogue entre toutes les parties et a exhorté le gouvernement de la République Démocratique du Congo à travailler avec le facilitateur pour finaliser les dates appropriées pour la reprise du dialogue inter-congolais», peut-on lire dans le communiqué final. Le texte ressemblant à s’y méprendre à celui issu lors du 20è sommet, consacrant le statu quo.
LE CASSE-TÊTE DU CANTONNEMENT
Au moment où à Kinshasa l’on est en attente du déploiement de la force de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) dotée sans équivoque d’un mandat offensif, le sommet de Bujumbura n’y a pas fait une allusion directe, se contentant de réitérer sa demande à la MONUSCO, à la force régionale de l’EAC et au mécanisme ad hoc de vérification de continuer à renforcer la coordination et les synergies avec les FARDC afin de pousser tous les groupes armés à désarmer et «encouragé les autres troupes déployées par le biais d’arrangements bilatéraux à s’engager pleinement dans ce travail».
Une évaluation de l’action de la force régionale est annoncée à la mi-juin, de même que des études devront être menées pour s’assurer de la viabilité de la base militaire de Rumangabo qui devrait abriter en pré-cantonnement les miliciens démobilisés avant leur éloignement vers Kindu Maniema d’où ils seraient réinsérés dans le vie civile. Mais ceci est un long processus, tributaire du retrait des troupes rwandaises, qui laisseraient sur place les seuls «rebelles » de nationalité congolaise. Là aussi, c’est une autre paire de manches.
Econews
Géopolitique et sécurité : retour sur le 21ème Sommet extraordinaire de l’EAC face à la tentative de balkanisation de la RDC
En accord avec la politique étrangère des Barundi, y compris celle de la Défense, S.E. Ndayishimiye Evariste (Général Major), Président du Burundi, a accueilli mercredi le 21ème Sommet extraordinaire des Chefs d’État de l’East African Community (EAC). Le but était de porter une analyse sur l’évolution de la situation sécuritaire à l’Est de la RDC où les forces de l’EAC sont déployées.
Parmi les présents :
S.E. Ruto Williams, Président du Kenya ;
S.E. Ndayishimiye Evariste (Général Major), Président du Burundi;
M. Mbusa Nyamwisi Antipas, ministre d’État de la RDC/ministre RDC de l’intégration régionale, et M. Tshibangu Serge, Haut représentant de S.E. Tshisekedi Félix-Antoine, Président de la RDC;
Dr Marial Benjamin, représentant S.E Salva Kiir Mayardit, Président du Sud Soudan;
Dr. Mpango Philip, Vice-président de la Tanzanie représentant S.E Suluhu Samia, Présidente de la Tanzanie;
M. Ngirente Edouard, Premier Ministre du Rwanda représentant S.E Kagame Paul ;
Mme Alitwala Kadaga Rebecca, 1er Vice-Premier ministre de l’Ouganda et ministre ougandaise de l’EAC, représentant S.E Kaguta Museveni.
La question géopolitique de l’agression du Rwanda au Nord-Kivu en RDC, via le M23, est une source de dissension au sein de l’EAC, notamment à cause de certains pays EAC étant totalement sous l’influence de la « Globalisation Unipolaire Américaine Néoli-bérale (GUAN) ».
En effet, lors du déploiement de la force de défense EAC au Nord- Kivu, qui avait pour mission d’évincer le M23, on a constaté que certains pays déployés affichaient des comportements favorables au Rwanda du fait de leur alliance avec la GUAN, à l’instar du Rwanda. Ce point a suscité une gêne palpable lors des discussions sur la résolution à adopter concernant la RDC au cours du Sommet.
À la fin du Sommet, de grandes décisions ont été prises, dont le pré-cantonnement du M23 à Rumangabo sous la supervision du facilitateur, de la Force régionale et des FARDC, et le départ du contingent EAC le 8 septembre 2023, en raison des comportements précédemment décrits qui mettent la RDC en insécurité en jouant en faveur de la politique de balkanisation de la RDC portée par la GUAN.
Pour la RDC, ce départ pourrait être anticipé à la suite d’une évaluation prévue le 15 juin 2023.
Concernant une autre question stratégique pour l’Afrique abordée lors de ce Sommet, les nominations aux hautes cours de justice africaine sont prises très au sérieux par les états africains. En effet, les idées libérales occidentales d’individualisme (ex. WOKISME) véhiculées par la GUAN, tentent souvent de s’immiscer dans le droit des Africains, un peuple communautaire, par le biais des acteurs du droit.
Au cours de ce sommet, deux (2) secrétaires généraux adjoints de l’EAC et un juge à la Première Division de la Cour de Justice de l’EAC ont été nommés et ont prêté serment devant les Chefs d’État, de Gouvernement et les membres des délégations. Les secrétaires généraux adjoints sont respectivement Mme Ssemuwemba Annette-Marie (Ouganda) et M. Malueth Andrea AguerAriik (Sud-Soudan), tandis que la position de juge à la 1ère Division de l’EACJ Court est occupée par l’Honorable Kayembe Kasanda Justice Ignace de la RDC.
Les Chefs d’État et de Gouvernement se sont également penchés sur la question de l’intégration de la Somalie dans l’EAC.
Au Burundi, la GUAN a causé une guerre civile entre 1993 et 2003; elle est responsable de la mort de trois (3) présidents burundais (Ndadaye Melchior, Ntaryamira Cyprien, et Nkurunziza Pierre); a tenté une « Révolution de Couleur » ou un changement de régime par coup d’état militaire qui a échoué en 2015; et a lancé une guerre humanitaire contre le Burundi qui continue jusqu’à présent .Actuellement, elle envisage de balkaniser la RDC et de changer les régimes au Burundi et en Tanzanie.
Le monde multipolaire des BRICS, qui est notre réalité depuis 2022, année du déclenchement de la guerre en Ukraine, demeure le seul salut pour le Burundi, la Tanzanie, et la RDC.
Avec burundi-agnews.org