C’est à bord d’un «Falcon 900» médicalisé, affrété par le président Denis Sassou Nguesso du Congo/Brazzaville, que François Beya Kasonga a quitté vendredi Kinshasa pour la France où il devra recevoir des soins nécessitant son état de santé à l’hôpital américain de Paris. Que l’avion qui l’a transporté vienne de Brazzaville, on comprend toutes les interférences qui ont entouré ce dossier, dépassant le seul cadre de la République Démocratique du Congo. Par jeu de coïncidence, François Beya et un ex-prisonnier avant lui, Vital Kamerhe, partage un destin presque commun. Avant sa relaxation par la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe, Vital Kamerhe a dû faire un détour à Paris pour raison de santé. Est-ce le même sort qui pourchasse François Beya? Difficile à dire. Dans tous les cas, c’est dans son costume de conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité que François Beya a quitté Kinshasa. Un fait qui n’est pas anodin. Sur les traces de Kamerhe, le dossier Beya est peut-être en voie de dénouement. Paris, capitale de la France, réserve bien des mystères.
Accompagné de son médecin traitant congolais, François Beya, dans son costume de conseiller spécial du Président de la Républuque en matière de sécurité, a embarqué à bord d’un «Falcon 900» médicalisé à l’aéroport international de N’Djili. L’appareil a été affrété par le président de la République du Congo, Denis Sassou Nguesso.
En liberté provisoire depuis le mardi 16 août 2022 en République démocratique du Congo (RDC), François Beya, l’ancien «monsieur sécurité» du président Félix Tshisekedi, jugé, entre autres, pour «complot» contre le président Félix Tshisekedi, s’est envolé pour la capitale française, Paris, où il doit se faire soigner avant de poursuivre son procès à Kinshasa devant la Haute cour militaire qui le juge avec trois colonels de l’armée et de la police aux côtés de son assistant. La décrispation dans cette affaire est intervenue après six mois de détention, deux mois de procès et une récusation des juges.
Selon RFI, le transfert a été réalisé discrètement à 16h, vendredi 19 août. Accompagné de son médecin traitant congolais, François Beya a embarqué à bord d’un «Falcon 900» médicalisé à l’aéroport international de N’djili. Le jet est arrivé avec deux urgentistes français. Pour effectuer ce séjour médical, l’ancien «monsieur sécurité» de la présidence a d’abord obtenu, mercredi 17 août, le feu vert de la Haute cour militaire, selon une source judiciaire.
Deux autorisations
Il a ensuite recueilli deux autorisations de la présidence de la République : une pour son jet et une autorisation de sortie du territoire congolais pour lui, en tant que conseiller spécial du chef de l’État en matière de sécurité. En dépit de son inculpation, l’ordonnance de sa nomination n’aurait pas encore été abrogée, il jouirait donc encore de certains privilèges, d’après un membre de l’entourage du Président de la République.
L’ex-super flic séjournera plusieurs semaines à Paris, après y avoir manqué un rendez-vous médical au mois de mars, alors qu’il était en détention à l’Agence nationale de renseignement (ANR). Depuis sa disgrâce, ses fonctions ont été réparties entre son jeune intérimaire et le chef de l’ANR dont François Beya s’estime être le prisonnier personnel.
À l’issue de ce séjour médical, François Beya devrait ensuite rentrer à Kinshasa pour la suite de son procès devant la Haute cour militaire, qui le juge aux côtés de son assistant et trois colonels de l’armée et de la police. Le complot dont il est accusé porterait notamment sur la rétention de certaines informations, cachées au président de la République, et des liens qu’il entretient avec l’ex-président Joseph Kabila ainsi que certains anciens caciques de son régime. L’inculpé a plaidé non coupable, estimant faire l’objet d’une cabale.
Sur les traces de Kamerhe
Comme un autre prisonnier avant lui, en l’occurrence Vital Kamerhe, ex-directeur de cabinet de Félix Tshisekedi, c’est à Paris, à l’hôpital américain, qu’il est allé se faire soigner, avant un retour très probable à Kinshasa. En effet, Kamerhe est passé par la même case pour qu’enfin la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe ne le lave blanc comme neige dans le projet, dit de 100 jours. François Beya connaîtra-t-il le même sort ? C’est fort possible.
Le plus évident est que Paris reste une passerelle de sauvetage pour les dignitaires du pouvoir qui ont maille à partir avec la justice congolaise. Kamerhe a dû emprunter le même détour, avant sa relaxation. Et François Beya en a fait de même, dans l’espoir que le sort jouera en sa faveur dès son retour à Kinshasa. On n’y est pas encore.
Que l’avion qui l’a transporté à Paris vienne de Brazzaville, on comprend que le dossier Beya a été négocié hors des frontières de la République Démocratique du Congo. Les pressions sont venues de partout, aussi bien en Afrique qu’ailleurs pour que «Fantomas» obtienne sa liberté provisoire jusqu’à prétendre aux soins médicaux à Paris.
A Paris, le «monsieur sécurité» de Félix Tshisekedi prendra tout son temps, avant de se représenter devant la Haute cour militaire.
Dans tous les cas, c’est en tant que conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité que François Beya a embarqué vendredi à bord du «Falcon 900». C’est tout dit.
Bénéficiaire d’une liberté provisoire, François Beya est allé se faire soigner. Rentrera-t-il à Kinshasa sous une autre étiquette ? Mystère !
Chef de la Direction générale de migration (DGM) sous le régime du président Joseph Kabila (2001-2019), François Beya était devenu en 2019 conseiller spécial de Félix Tshisekedi chargé de la sécurité.
Il a été arrêté le 5 février par l’Agence nationale de renseignement (ANR), qui l’a détenu au secret avant de le transférer deux mois plus tard à la prison Centrale de Makala, la plus grande prison de la capitale congolaise.
En plus de François Beya, les autres personnes poursuivies dans le cadre de ce «complot» contre le chef de l’État sont le brigadier Tonton Twadi Sekele (en fuite), le colonel Tite Cikapa, la commissaire supérieure principale (colonel) Lily Tambwe Mauwa, le lieutenant-colonel Pierre Kalenga Kalenga et un civil, Guy Vanda.
Francis M.