Un an jour pour jour depuis que le M23 occupait la cité frontalière de Bunagana au Nord-Kivu. Appuyés tant en logistique qu’en hommes par l’armée rwandaise, les «rebelles» pourtant défaits 10 ans plus tôt, reprenaient les armes et montaient à la conquête de nouveaux territoires. Rutshuru, Masisi, une partie de Nyiragongo, menaçant même directement Goma, la capitale provinciale.
Douze mois marqués par des épisodes sanglants dont le plus emblématique restera le massacre de plus de 170 civils dans la localité de Kishishe dans la nuit du 29 novembre 2022. Un triste bilan dûment «documenté» par les Nations Unies, régulièrement dénoncé par la communauté internationale,…
ce qui n’empêche pas une espèce d’enlisement de la crise.
La force régionale de l’East african community (EAC) appelée à la rescousse est accusée par Kinshasa de cohabiter avec les rebelles qui se jouent des multiples feuilles de route, sommets et processus censés obtenir le retrait des forces d’occupation qui s’incrustent et renforcent leur administration dans les zones occupées.
Plus de 400 mille déplacés internes coulent des jours difficiles dans des camps de fortune disséminés autour de Goma, à la merci d’une précarité sans nom et d’épidémies meurtrières. En attendant l’arrivée des troupes de la SADC dotées cette fois, dit-on, d’un mandat offensif sans équivoque.
Pendant ce temps, à 2000 kilomètres du théâtre des opérations, Kinshasa vit dans une frénésie sans précédent des préparatifs des élections générales du 20 décembre 2023. Dans la classe politique (ou ce qui en tient lieu), c’est la course éperdue à qui assurerait la réélection de l’actuel chef de l’Etat et qui lui apporterait «une majorité confortable» à l’Assemblée nationale et lui permettre d’asseoir «sa vision».
Un malheur ne venant jamais seul, le triste anniversaire de la prise de Bunagana a coïncidé avec le massacre d’une cinquantaine de déplacés dans le camp de Lala en territoire de Djugu (Ituri). Dans la capitale, on regarde ailleurs. La société civile qui ne se lasse pas d’alerter sur les violences dans la zone a du mal à se faire entendre; le tintamarre des élections à venir couvrant tout ce bruit qui empêche de battre campagne en rond.
Des missions gouvernementales et parlementaires d’évaluation de la situation sécuritaire ont beau se rendre à fréquences régulières à Goma et quelquefois faire des apparitions furtives auprès des déplacés, ces derniers ne demandent pourtant pas le ciel : que les conditions soient enfin réunies pour leur permettre de regagner leurs milieux d’origine et scolariser leurs enfants.
Econews