La réponse réservée par le ministre des Finances, Nicolas Kazadi, sur le gel des primes des prestataires Covid-19 a suscité une vive réaction du professeur Jean-Jacques Muyembe, directeur général de l’INRB (Institut de recherche biomédicale) et coordonnateur du secrétariat technique du Comité de la riposte au Covid-19.
Interrogé récemment par la radio Top Congo FM, le ministre Nicolas Kazadi a indiqué, faisant le point des arriérés de paiements aux prestataires Covid, avoir «reçu un rapport de l’IGF qui me recommande de ne pas payer». Il est allé plus loin : «L’équipe Covid-19 a déjà mobilisé des sommes énormes, 45 dollars US par test. Et ces sommes n’ont pas été justifiées». Avant d’asséner le coup fatal qui a finalement obligé le professeur Muyembe à rompre le silence : «Il faut que l’équipe Covid se justifie d’abord auprès de l’IGF », avant d’être payée.
La réplique de l’INRB
Sur les mêmes ondes de la radio Top Congo Fm, le professeur Muyembe a donné sa version des faits. Répliquant au ministre des Finances, le célèbre virologue congolais note : «C’est une surprise pour moi. Les gens, voire les autorités, confondent riposte et INRB. La riposte est faite par ceux qui répondent dans le cadre de l’épidémie de Covid-19. Nous avons été nommés par l’ordonnance présidentielle ». Et de poursuivre : «Je respecte beaucoup nos institutions. Mais, il faut arrêter de mentir. La riposte, c’est le gouvernement. Covid voyage, c’est l’INRB dont la mission est notamment de faire des analyses. Le Covid voyage, c’est le test comme la glycémie et autres. Mais nous le faisons avec l’Hôpital du cinquantenaire et l’hygiène aux frontières. L’argent généré est partagé entre ces trois parties. Cet argent nous sert à payer les agents de l’INRB qui n’ont aucun arriéré de salaire ».
Avant de donner quelques précisions : «Les prestataires étaient payés par l’État congolais. Ils ne sont pas de l’INRB. Ils sont agents du ministère de la Santé publique chargés de la surveillance. Ils sont agents d’autres ministères. Il y a des gens qui travaillent dans des zones de santé donnant des soins ambulatoires. Il y a aussi ceux qui travaillent dans les hôpitaux, dans des centres de traitement Covid dont les Cliniques universitaires Kinshasa-Ngaliema, Centre médical Monkole, hôpital de l’amitié sino-congolaise, Vijana, hôpital Kokolo. Les agents de tous ces hôpitaux sont payés par l’argent de l’État ».
Au professeur de rappeler tous les contrôles depuis lors : «En ce qui concerne la riposte, la Cour des comptes nous a contrôlé et n’a rien trouvé. L’IGF (Inspection générale des finances) est venue pour la première fois et nous a félicité. Pour la deuxième fois, comme un acharnement, elle a fait six mois chez nous. D’où est venue la mauvaise gestion?».
Quand le ministre des Finances tente de salir l’IRNB et son directeur général, le professeur Muyembe ne manque pas à redire : « Il aurait fallu nous écouter. Mais dire qu’on ne va pas payer les gens, alors que ce n’est pas l’INRB qui va payer ces prestataires, ce n’est pas bon de se mettre à soupçonner directement les gens ».
Le professeur Muyembe est convaincu d’une chose : « La gestion de test Covid ne dépend pas de la riposte. Le problème, c’est l’argent que doit décaisser l’État pour payer ceux qui étaient chargés de la riposte ».
Francis M.