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Goût d’inachevé des consultations nationales : la pêche miraculeuse n’a pas eu lieu

Clôturées ce mardi 8 avril 2025 par le professeur Kolongele Eberande, conseiller spécial du Chef de l’État en matière de sécurité, les consultations nationales pour un «Gouvernement d’union nationale» ont tourné court. Malgré des semaines de discussions, l’absence de poids lourds de l’opposition a vidé l’exercice de sa substance, confirmant l’adage : «Qui commence mal ne finit jamais bien ». Entre promesses non tenues et défiance persistante, cette initiative, censée apaiser les tensions, laisse un goût d’opportunité manquée et interroge : comment bâtir l’unité sans les principaux concernés ?

Les «consultations nationales» lancées par le président de la République Démocratique du Congo dans l’espoir de former un «Gouvernement d’union nationale» se sont achevées, mardi 8 avril, sur un constat d’échec. Pilotées par le conseiller spécial du Chef de l’État en matière de sécurité, le professeur Kolongele Eberande, ces discussions, censées apaiser les tensions politiques, n’ont pas tenu leurs promesses. La «pêche miraculeuse» espérée s’est transformée en un exercice creux, marqué par l’absence de figures majeures de l’opposition.

Dès leur lancement, ces consultations ont été perçues comme un pari risqué. Leur objectif affiché : rassembler les forces vives du pays pour constituer un exécutif inclusif. Mais les principaux leaders de l’opposition, sceptiques face aux intentions réelles du pouvoir, ont boudé les réunions. «Qui commence mal ne finit jamais bien», résume un analyste politique, rappelant que le format et les conditions de ces échanges avaient été critiqués pour leur manque de transparence.

Malgré des semaines de rencontres et des déclarations optimistes du professeur Kolongele Eberande – «le dialogue reste la clé de la stabilité» –, le bilan est maigre. Aucune avancée concrète n’a été annoncée, et les rares participants issus de la Société civile ou de partis minoritaires dénoncent un «monologue déguisé». «On nous a écoutés, mais sans aucune garantie que nos propositions soient prises en compte », confie, sous anonymat, un membre d’une ONG congolaise.

L’OPPOSITION INFLEXIBLE, LE POUVOIR ISOLE

L’absence de poids lourds de l’opposition, comme Martin Fayulu ou Moïse Katumbi, a privé le processus de toute crédibilité. Ces derniers réclamaient, en préalable, des garanties électorales et la libération de militants détenus, conditions jugées «irréalistes» par le camp présidentiel. «Comment parler d’union nationale quand ceux qui représentent une large part du peuple sont exclus ?», s’interroge une source diplomatique occidentale.

L’entourage de Kolongele se veut pragmatique : «La porte reste ouverte à tous ceux qui souhaitent œuvrer pour la paix.» Pourtant, sur le terrain, la frustration domine. Les partisans de l’opposition dénoncent une manœuvre de diversion, tandis que la base du pouvoir minimise l’échec, évoquant «un premier pas» vers le dialogue.

ET MAINTENANT ?

Avec la clôture de ces consultations, le gouvernement se retrouve face à un dilemme : former un exécutif affaibli, sans l’adhésion des principaux challengers, ou relancer un nouveau cycle de négociations, au risque d’enfoncer le pays dans l’immobilisme. Dans un contexte de crises économiques et sécuritaires persistantes, cette impasse politique nourrit les craintes d’une escalade des tensions.

Pour de nombreux observateurs, cette initiative ratée illustre le fossé grandissant entre le pouvoir et une opposition méfiante, mais aussi l’urgence de repenser les mécanismes de dialogue dans un pays où la défiance institutionnelle reste profonde. La balle est désormais dans le camp du président de la République, dont la capacité à surmonter cette crise de légitimité sera déterminante pour l’avenir de la RDC.

Hugo T.

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