Depuis mercredi 6 juillet 2022, la situation n’est pas du tout rose dans les hôpitaux publics de la République démocratique du Congo. Alors que l’on croyait au retour aux bons sentiments de la part des médecins avec la nomination, par le chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, de près de deux mille d’entre eux au grade d’agents de carrière des services publics de l’Etat, seul le Syndicat des médecins du Congo (Symeco) s’est déclaré non concerné, et a privilégié le dialogue en tant que signataire de l’accord conclu le 3 août 2021 entre le gouvernement et le banc syndical des médecins. Le Synamed, qui s’attendait à la bonne volonté du gouvernement de résoudre bon nombre de revendications de ses affiliés, vient de renforcer sa position à l’issue de trois jours d’évaluation d’arrêt de travail. D’où la radicalisation de la grève décidée le 10 juillet 2022 par les sections de Kinshasa. Et les médecins membres du Sylimed (Syndicat libre des médecins) leur ont emboîté le pas.
Réunies le dimanche 10 juillet 2022 en assemblées générales extraordinaires sous la houlette du bureau exécutif provincial du Synamed Asbl, ville de Kinshasa, les sections de cette organisation syndicale ont, à l’unanimité, décidé de radicaliser, à partir de ce mercredi 13 juillet 2022, le mouvement de grève débuté le 6 juillet 2022.
Selon le secrétaire exécutif provincial du Synamed, Dr Patrick Boloko, qui a livré cette information sur les antennes de la radio Top Congo FM, ce mouvement de grève se fera sous la forme de «polarisation des urgences», c’est-à-dire, seuls les cas urgents seront reçus, à partir de cette date, dans quelques hôpitaux qui restent à définir. Le bureau exécutif national du Synamed est invité à être en phase avec la base.
Il sied de signaler que le Synamed qui avait rejeté les conclusions des travaux tenus à Bibwa, localité située dans la commune de la Nsele, à Kinshasa, du 16 au 25 juin 2022, exige l’application de l’accord du 3 août 2021.
Parmi les revendications figurent la mise sous-statut des 10.000 médecins non mécanisés, l’alignement de 6.000 médecins non bénéficiaires de la prime de risque professionnel ainsi que la prise en compte de l’indemnité de transport et logement.
Pour le secrétaire national du Sylimed (Syndicat libre des médecins), Dr André Kasongo, son syndicat dont les affiliés débrayent depuis lundi 11 juillet 2022 réclame la mécanisation et l’application stricte et urgente de l’accord du 3 août 2021.
La goutte qui a fait déborder le vase
Les médecins se disent frustrés du compte rendu de la 61ème réunion du conseil des ministres de vendredi 8 juillet 2022. Selon eux, le gouvernement n’a pas répondu de façon concrète et urgente à leurs revendications.
Intervenant à cet effet au sujet des travaux de Bibwa entre le gouvernement et les bancs syndicaux de la Santé, le Vice-premier ministre, ministre de la Fonction Publique, modernisation de l’administration et innovation du Service public, Jean-Pierre Lihau, qui en était le coordonnateur, a indiqué avoir exprimé au seul syndicat gréviste (sur les trois syndicats des médecins), le ferme engagement du gouvernement d’aligner tous les 1.674 médecins restants au quatrième trimestre de l’année 2022, au même moment que 3.000 infirmiers et 6.000 professionnels de santé, administratifs et autres catégories souvent marginalisées, à l’instar des médecins vétérinaires. Il a précisé avoir informé les responsables de ce syndicat que la pression subie au troisième trimestre par l’enveloppe salariale, notamment avec les augmentations des salaires des fonctionnaires, des policiers, militaires aux fronts, ne permet l’alignement des primes qu’à partir du quatrième trimestre. Il en est de même des allocations de logement et transport qui devront faire l’objet d’un atelier spécifique aux fins de leur intégration dans le budget 2023. Toutefois, Jean-Pierre Lihau a réaffirmé la disponibilité du gouvernement de poursuivre le dialogue avec ce syndicat.
Bien qu’approuvée par le Conseil des ministres, cette note d’information du Vice-Premier ministre, ministre de la Fonction publique a, en l’analysant, moins de chance de recueillir le consentement des médecins. La preuve en est qu’elle est l’une des causes de la décision de radicaliser la grève dans les hôpitaux publics.
S’étant déclaré disponible de poursuivre le dialogue, le gouvernement devra, à notre avis, parer au plus pressé, car, il y a de ces revendications des médecins qui nécessitent une solution urgente pour ne pas les renvoyer au budget 2023.
Véron Kongo