Ce proverbe français, qui dit : « Qui ne risque rien, n’a rien », veut aussi dire qu’il faut perdre un vairon pour pêcher un saumon. Son existence est attestée dès le 15ème siècle. Ce proverbe motive aussi bien dans la classe moyenne des affaires où les agents économiques prennent le risque pour espérer faire beaucoup de profits, que dans le monde politique où les acteurs politiques, peu importe leur taille, tentent allègrement de faire des alliances et se décident de les dissoudre au gré des circonstances et des enjeux qui se profilent à l’horizon…
Depuis le vendredi 16 décembre 2022, M. Moïse Katumbi a pris malicieusement le risque de quitter l’Union Sacrée de la Nation afin de se porter candidat à l’élection présidentielle de 2023 pour, dit-il, « sauver le peuple congolais en détresse ». Il a choisi de faire sa déclaration sur les antennes de France 24 et RFI qui sont visiblement des medias de ses parrains occidentaux qui, sans doute, le poussent avec impétuosité à prendre le risque de tenter sa chance en vue de monter sur le trône de la République Démocratique du Congo.
Rappelons que M. Moïse Katumbi n’est pas à sa première tentative, son premier essai remonte à 2015 quand il avait dénoncé le troisième faux penalty de l’ex-Président Joseph Kabila avant de le quitter tout en le dénigrant telle une femme impitoyable et ingrate qui demande le divorce prétextant que le mari ne s’occupe pas d’elle, alors que sa bouche est pleine de mets succulents résultant du bon traitement lui réservé par le mari qu’elle tente de traiter avec désinvolture pour obtenir illico presto le divorce envisagé, espérant conquérir une autre âme sœur beaucoup plus meilleure que la précédente. Il justifiait sa révolte par les velléités du prolongement du pouvoir de son ancien mentor qui se battait à cor et à cri pour obtenir un 3ème mandat illégal interdit par notre Constitution. Par soif du changement, beaucoup de Congolais avaient unanimement salué ce courage, cependant ne le voyaient pas à la tête de la RDC, mais comme allié à Etienne Tshisekedi wa Mulumba d’heureuse mémoire, qui devait se présenter à l’élection présidentielle de 2016.
Faut-il le rappeler que de son vivant, Etienne Tshisekedi fut en RDC la seule personnalité crédible qui portait les aspirations du peuple congolais. Malheureusement, poussé à l’exil par le régime Kabila avec qui il avait construit une idylle basée sur la prédation ayant conduit la RDC vers la descente aux enfers, Moïse Katumbi ne réussira ni à se présenter aux élections ni à rentrer en RDC, parce que bloqués, lui et ses proches à Kasumbalesa à la frontière avec la Zambie. Son départ avait à l’époque déstabilisé son ancienne famille politique qui assurément comptait sur lui à cause de sa popularité acquise grâce à son brillant management en tant que président de l’équipe de football Tout Puissant Mazembe qu’il avait réussi par jugacie à transposer sur la gestion de la province du Katanga, alors qu’en réalité il n’était qu’un bon manager d’une équipe de football et non un meilleur gouverneur de province comme on l’avait exagérément présenté. Quand on a gratté, on a vu qu’il n’y avait rien sous le vernis…
Le candidat de l’Occident
« O tempora, O mores » (autre temps, autres mœurs), Monsieur Moïse Katumbi ne fait pas la bonne lecture du temps et du contexte actuel dans lequel nous sommes. En 2015-2016-2017-2018, il avait frappé un grand coup en vidant grâce à l’argent la Mouvance Présidentielle de Kabila et d’une frange de l’opposition, notamment la dynamique de l’opposition. Par ailleurs en 2022, il se fragilise en quittant l’Union Sacrée de la Nation. Pour preuve, à son départ, il lui a été réservé une fin de non-recevoir par certains ministres et députés, aussi bien nationaux que provinciaux issus de sa formation politique Ensemble pour la République qui ont fait allégeance au Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.
Pour se persuader de son échec cuisant aux élections de 2023, il peut aller consulter les prophètes ou les devins, voire la vierge Marie, puisqu’il dit être catholique. Tous lui diront : «Les esprits du pouvoir ne sont pas avec lui, sa candidature à la présidence de la République est contreproductive»
C’est un secret de Polichinelle, Moïse Katumbi est le candidat des occidentaux qui ne jurent que par le remplacement rapide de l’actuel Chef de l’Etat Félix Tshisekedi qui, devant eux, a la posture d’un interlocuteur nationaliste qui négocie d’égal à égal pour le bien-être de son peuple, alors qu’ils auraient voulu avoir comme dirigeant de la RDC leur obligé, mieux un valet qu’ils peuvent manipuler à souhait. Ce faisant, ils ont trouvé en M. Katumbi ce profil complaisant et léger, sans capital-confiance du peuple congolais pour l’imposer au sommet de l’Etat. Raison pour laquelle, ils mettent à sa disposition les moyens colossaux pour la communication, la logistique, le lobbying, les ressources humaines locales et étrangères, etc. afin de maximiser sa chance, de sorte qu’il satisfasse leurs objectifs hideux consacrant notoirement le Congo bashing.
Certains occidentaux, diplomates accrédités en RDC, ont été vus cette année aux côtés de leur pion Katumbi à Kashobwe. Au demeurant, le sauveur autoproclamé de la RDC pense par naïveté que Joseph Kabila a la mémoire courte pour être sincère avec lui et soutenir aveuglement sa candidature à l’élection présidentielle. Je voudrai lui rappeler que « la vengeance est un plat qui se mange froid ». L’ancien président de la République s’est rapproché de lui pour le faire disparaître et il réussira son coup. Les Congolais ne sont pas dupes, ils ne pourront nullement porter à la magistrature suprême un individu qui putréfie sa loyauté vis-à-vis de la nation congolaise en fonction de ses intérêts et ceux de ses amis. Ses multiples nationalités étrangères, acquises autrefois, sont une preuve accablante. A ce jour, M. Katumbi est la seule personnalité politique de la RDC qui refuse de citer nommément le Rwanda qui nous agresse au travers les terroristes du M23 qui tuent, violent nos sœurs et pillent nos ressources naturelles dans la partie orientale de notre pays, alors que tous les rapports internationaux accusent Paul Kagame d’armer ces terroristes.
Pas de concurrent à Tshisekedi
Concernant les élections de 2023, aucune autre candidature n’est sérieuse si ce n’est celle de Félix Tshisekedi qui doit rempiler, étant entendu qu’il se préoccupe avec démiurgie du présent et du futur de la RDC.
Tenant compte du sondage de GEOPOLL qui lui attribue 64% d’intention de vote favorable des Congolais interrogés sur sa possible réélection, les autres candidatures font l’ossature de la démocratie congolaise appelée à se consolider, parce qu’il faut qu’il y ait des challengers qui affrontent le Président de la République en exercice.
Les analystes avertis savent qu’avec Katumbi à la tête de la RDC, la ploutocratie s’installera délibérément et les faiblesses de la RDC seront renforcées afin de la plonger profondément dans la déliquescence qui occasionnera irréversiblement sa désintégration. Moïse Katumbi est un oiseau de mauvais augure, un candidat des peuples lointains, il est choisi pour faire le bonheur de ces peuples-là au détriment des Congolais. Le peuple conscient de la RDC ne confiera aucunement son avenir et son sort aux mains d’un affairiste, par qui les maffieux de la planète se frottent déjà les mains, espérant gloutonner au cœur des richesses de notre pays, une fois celui-ci élu président de la République. Eu égard à tout ce qui précède, les Congolais ne prendront jamais le risque de faire de Moïse Katumbi président de la République Démocratique du Congo.
Henry Mutombo Mikenyi
Ecrivain et chercheur en fiscalité. Expert en lutte contre la corruption