S’il n’a donné aucune promesse de ramener la paix dans certaines zones troublées de l’Afrique, dont la partie Est de la République Démocratique du Congo, toujours en proie à une insécurité permanente, principalement alimentée par le Rwanda, principal soutien aux terroristes de M23, le président des Etats-Unis, Joe Biden, se soucie plutôt de la consolidation de la démocratie dans six Etats africains qui tiendront des élections générales en 2023. C’est l’engagement qu’il a réitéré, mercredi à Washington, au terme des échanges qu’il a eus avec six chefs d’Etat, dont Félix Tshisekedi de la RDC.
C’est hier jeudi que s’est clôturé le deuxième Sommet USA-Afrique, à l’initiative du président américain, Joe Biden. Une quarantaine de chefs d’Etat africains, dont Félix Tshisekedi de la RDC, avaient fait le déplacement de la capitale fédérale américaine pour répondre à l’invitation du président américain.
Visiblement, les Etats-Unis veulent renouer avec l’Afrique, après les quatre années sombres de Donald Trump. Pour Joe Biden, c’est aussi une manière de contrer la percée de la Russie et de la Chine dans le continent. Et pour y arriver, Washington s’est engagé dans une vaste opération de charme en déroulant le tapis rouge aux dirigeants africains, dont certains, à l’instar du Camerounais Paul Biya, alignent déjà 40 ans au pouvoir.
Mercredi, la veille de la clôture de ce Sommet, Joe Biden a convié, dans une réunion restreinte, six dirigeants africains présents à Washington. C’est sur son compte twitter qu’il rend compte, en anglais, des sujets débattus au cours de cette rencontre.
«J’ai rencontré hier (Ndlr : mercredi 14 décembre) les présidents de la RDC, du Gabon, du Liberia, de Madagascar, du Nigeria et de la Sierra Leone pour discuter des scrutins qui se tiendront dans leurs pays en 2023 ainsi que des défis et des opportunités auxquels les démocraties sont confrontées», a écrit le président américain. Et de poursuivre : «Nous avons discuté de l’importance d’organiser des élections libres, équitables et transparentes, et de travailler ensemble pour renforcer la démocratie dans le monde. Les Etats-Unis prévoient de fournir plus de 165 millions de dollars américains pour soutenir les élections et la bonne gouvernance en Afrique en 2023». C’est tout dit.
En 2023, les Etats-Unis veilleront donc sur la régularité des élections dans les pays cibles, dont la RDC où les élections générales (présidentielle, législatives nationales et provinciales ainsi que les municipales) sont prévues le 20 décembre 2023.
Pourquoi ce regain d’attention de Washington ?
Pourquoi Washington s’intéresse autant à l’Afrique ? Qu’est-ce qui explique ce regain d’attention ? En réalité, les Etats-Unis ne craignent qu’une chose : l’influence croissante de Pékin et Moscou en Afrique
En effet, en marge du Sommet de Washington, les États-Unis ont dénoncé, mardi 13 décembre, le rôle «déstabilisateur» de la Chine et de la Russie en Afrique.
S’exprimant lors d’un forum sur la sécurité en présence de plusieurs dirigeants africains, le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a d’emblée constaté que «la Chine étend son empreinte sur le continent quotidiennement (…) et cela pourrait avoir un effet déstabilisateur si ce n’est pas déjà le cas».
Quant à la Russie, elle «continue d’envoyer des armes à bas prix et des mercenaires» à travers le continent, a-t-il dit. «La combinaison de ces activités de ces deux pays, je crois que cela mérite d’y prendre garde. Et il est clair que leur influence pourrait être déstabilisatrice», a poursuivi le chef du Pentagone.
Dans cette offensive de charme américaine pour séduire des partenaires africains parfois réticents, les États-Unis ont mis la main au portefeuille, promettant de consacrer «55 milliards de dollars US à l’Afrique sur trois ans», selon la Maison Blanche.
Lors d’un forum organisé en marge du sommet avec la diaspora africaine aux États-Unis, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a assuré mardi que la nouvelle stratégie des États-Unis se résumait à un seul mot : «Partenariat». Le tout, «en reconnaissant que nous ne pouvons pas régler seuls nos priorités partagées», a-t-il dit. Les États-Unis se gardent cependant de parler d’une compétition ouverte avec la Chine sur le continent.
Conflits régionaux
Le sommet et, en marge, sa cohorte de bilatérales, est aussi l’occasion d’aborder une série de conflits, de l’Éthiopie à la République démocratique du Congo (RDC). Le secrétaire d’État américain s’est ainsi entretenu mardi avec le président congolais Félix Tshisekedi, promettant d’aider à résoudre le conflit dans l’Est du pays face à la rébellion du M23.
La RDC accuse le Rwanda de soutenir le M23, ce que Kigali dément. Le président rwandais Paul Kagame a également pris part au Sommet de Washington.
Hugo Tamusa