À Dubaï, Judith Suminwa met les gaz : la Première ministre a arraché à DP World un engagement ferme pour livrer le port en eaux profondes de Banana dès 2026, lors d’un entretien stratégique en marge de l’AIM Congress 2025. Ce projet clé, bloqué depuis des mois malgré un accord signé en 2021, reprend vie avec la promesse d’un quai de 700 mètres équipé de technologies dernier cri, capable de traiter 450.000 EVP par an. Un coup de force pour la RDC, qui vise à renforcer ses exportations et à incarner la vision modernisatrice du Président Félix Tshisekedi. Face aux critiques sur ses « voyages de plaisance », Suminwa répond par les actes : ce port symbole, porté par le géant émirati, marque un pas décisif dans la guerre économique africaine – et la crédibilité d’un gouvernement en quête de résultats tangibles.
La Première ministre Judith Suminwa Tuluka a fait montre de détermination lors de sa visite aux Émirats arabes unis, obtenant un engagement ferme de DP World, troisième opérateur portuaire mondial, pour livrer le port en eaux profondes de Banana (Kongo Central) d’ici 2026. Un pas décisif pour ce projet clé du président Félix Tshisekedi, bloqué depuis des mois, mais relancé grâce à une médiation stratégique au sommet.
En marge de l’AIM Congress 2025 à Dubaï, Judith Suminwa a rencontré jeudi Sultan Ahmed Bin Sulayem, PDG de DP World, pour débloquer ce chantier vital pour l’économie congolaise. Après des échanges «soutenus », la cheffe du Gouvernement a arraché la promesse que les travaux s’achèveront en 2026, avec une entrée en service dès la même année.
«Nous allons travailler ensemble pour garantir le respect des délais et de la qualité », a-t-elle déclaré, soulignant l’urgence de concrétiser cette infrastructure, symbole de la souveraineté économique de la RDC.
DP World, partenaire du projet depuis un accord signé en décembre 2021, aménage actuellement un quai de 700 mètres destiné à accueillir les plus grands navires de commerce mondiaux. Doté de technologies de pointe, le port aura une capacité annuelle de 450 000 EVP (équivalent vingt pieds), transformant Banana en hub logistique pour les exportations minières et agricoles de la RDC.
Une course contre la montre et les critiques
Pour Suminwa, ce succès diplomatique est aussi une réponse aux détracteurs. Accusée par certains d’effectuer des «voyages de plaisance», elle a riposté en rappelant le caractère stratégique de ses déplacements : «Ce projet n’est pas un luxe, mais une nécessité pour offrir à la RDC un accès abordable aux marchés internationaux. » Le port de Banana doit désenclaver le pays, réduire sa dépendance aux ports étrangers (notamment sud-africains et kenyans) et capter une part des flux maritimes de la côte ouest-africaine.
Du côté de DP World, l’optimisme est de mise. «La Première ministre nous a apporté un soutien total. Nous sommes déterminés à respecter nos engagements», a affirmé Bin Sulayem. Une déclaration qui contraste avec les retards accumulés depuis 2021, attribués à des défis sécuritaires, logistiques et bureaucratiques.
Ce projet s’inscrit dans la vision du président Tshisekedi de moderniser les infrastructures nationales. Avec le port de Banana, la RDC ambitionne de dynamiser ses exportations de cuivre, cobalt et autres minerais stratégiques, tout en attirant des investissements dans des zones industrielles adjacentes. Le pays, qui possède l’un des plus grands réseaux fluviaux au monde via le Congo, pourrait ainsi devenir un pivot logistique en Afrique centrale.
Mais l’horizon 2026 reste semé d’embûches. Les défis techniques – approfondissement des voies navigables, sécurisation des accès – s’ajoutent à la pression politique. Kinshasa devra maintenir un dialogue serré avec DP World, dont l’expertise est incontournable, tout en veillant à ce que les retombées économiques profitent prioritairement aux populations locales.
Le Gouvernement Suminwa en mode accélérateur
Ce coup de force diplomatique renforce le crédit de Judith Suminwa, dont la priorité affichée est de concrétiser les projets structurants du quinquennat Tshisekedi. Après des mois de flottement, son gouvernement semble passer à la vitesse supérieure, combinant activisme international et pression sur les partenaires techniques.
Reste à voir si DP World tiendra parole. Dans un secteur maritime mondial sous tension, où les retards de chantiers sont monnaie courante, la RDC devra garder le cap. Une chose est sûre : Banana est désormais sous les projecteurs, symbole des ambitions congolaises – et du bras de fer permanent entre promesses de développement et réalités du terrain.
La prochaine étape sera la publication du calendrier détaillé des travaux, attendu d’ici fin 2025. Les investisseurs guetteront également les annonces sur les partenariats publics-privés pour les zones industrielles liées au port.
Francis N.