Un mort et plusieurs blessés : c’est le bilan macabre des échauffourées qui ont entouré, mardi à Kindu (Maniema), la campagne électorale du candidat n°3 Moïse Katumbi.
Entrée dans sa deuxième semaine, la campagne électorale lancée le 19 novembre vient d’enregistrer son premier mort. A Kindu (Maniema), où le candidat Moïse Katumbi devait tenir son meeting de campagne, des violences émaillées de multiples interdictions des autorités locales se sont finalement soldées par la mort (par balles dit-on), d’un cadre du parti politique Ensemble pour la République.
Comme toujours en pareille circonstance, s’agissant d’un membre de l’opposition tué en pleine manifestation politique «pacifique», il est difficile d’établir les responsabilités, même si la réalité-vraie est un secret de polichinelle.
Les forces politiques, qui font montre d’un zèle morbide, ne semblent pas réaliser qu’elles desservent au plus haut point la campagne de leur champion, réduisant le programme et le projet de société à une fixation sur un seul adversaire politique, feignant d’oublier qu’en dehors de Moïse Katumbi, une bonne vingtaine d’autres candidats briguent aussi la magistrature suprême. Mais aussi, qu’en focalisant toutes leurs forces pour contrecarrer un adversaire qui gêne – peut-être ils font en réalité sa propagande dont ce dernier ne manquera de tirer profit dans les urnes.
Les commanditaires des attaques contre des adversaires politiques semblent frapper de cécité, au point de ne pas voir la présence de nombreux observateurs internationaux qui scrutent minutieusement les faits et gestes des parties prenantes dans la voie qui mène au 20 décembre 2023, jour des élections générales en RDC.
Dans ce registre, l’Union européenne a été la première à déployer sa Mission d’observation électorale sur le sol congolais. Bien que cette dernière soit en train de plier bagage, elle n’en aura pas moins documenté des dérives qui augurent déjà d’un processus électoral biaisé.
Eh oui ! La Mission de l’UE annonce son retrait le jour-même qu’il y a mort d’homme à Kindu. Ce n’est certes pas les coups de feu tirés dans la capitale du Maniema qui ont déterminé Bruxelles à rappeler ses experts et observateurs électoraux. Il est en revanche fait état de multiples blocages avec Kinshasa parmi lesquels le refus des autorités à leur permettre de faire usage de téléphones sate-llitaires indispensables à l’accomplissement de leur mission sur un territoire à la dimension continentale où le réseau téléphonique classique peut être coupé à tout moment au gré des humeurs des tenants du pouvoir.
Déjà un mort à Kindu. La Mission d’observation de l’UE qui annonce son retrait; l’Archevêque de Kinshasa qui doute de l’organisation effective des élections à la date échue… La température à l’intérieur de la cocotte-minute atteindra bientôt, si rien n’est fait dans le sens d’un apaisement sincère des uns et des autres, un seuil critique qui va en faire sauter le couvercle. Alors ça sera le saut dans l’inconnu.
Ensemble pour la République dénonce
Dans une déclaration signée depuis Kindu par son porte-parole, Me Hervé Diakiese Kyungu, Ensemble pour la République dénonce les évènements du chef-lieu du Maniema.
Ensemble pour la République dénonce «une agression manifestement préméditée» qui, note-t-il, s’inscrit dans «la suite logique de la décision arbitraire du Gouverneur d’interdire d’abord l’accès à la Tribune des manifestations, après que le candidat Tshisekedi de son obédience politique ait tenu sa campagne, en alléguant le risible motif de démarrage des travaux».
Sans détours, Ensemble pour la République juge coupable le gouverneur UDPS du Maniema qui a multiplié des actions pour faire échec à la campagne de Katumbi dans le Maniema.
Quoi qu’il en soit, Ensemble pour la République se dit déterminé d’aller jusqu’au bout de la campagne, indiquant, pour la circonstance, que «Moïse Katumbi et sa famille politique demeurent attachés aux valeurs de paix, de démocratie, de liberté et de vivre ensemble» tel que consigné dans la Constitution.
En toute logique et en vertu des valeurs républicaines sur lesquelles il fonde son action politique, Ensemble pour la République exige l’ouverture d’une enquête pour «établir les responsabilités», exigeant, en raison de sa forte implication dans les tristes évènements de Kindu, la «suspension immédiate» du Gouverneur Idrissa Mangala et l’ouverture d’une action judiciaire à son encontre.
Hugo Tamusa