Le roi des Belges en mars prochain à Kinshasa : coopération économique et militaire à l’ordre du jour

King Philippe - Filip of Belgium welcomes Democratic Republic of Congo President Felix Tshisekedi (L) for an audience at the Royal Palace on September 17, 2019, in Brussels. (Photo by DIRK WAEM / BELGA / AFP) / Belgium OUT

Le roi des Belges, Philippe, foulera, pour la première fois, le sol congolais, le 6 mars prochain, pour une visite officielle qui ira jusqu’au 10 mars 2022. Le Palais royal de Laeken à Bruxelles l’a annoncé dans un communiqué, mercredi 16 février dernier, signale Le Monde, qui cite l’AFP.

Cette première visite royale belge en République démocratique du Congo (RDC) intervient après celle effectuée en 2010 par le roi Albert II, père de Philippe, lors du cinquantenaire de l’indépendance de l’ancienne colonie. Ce premier voyage servira à raffermir les liens entre la RDC et la Belgique. Pour aider la RDC à pacifier sa partie Est, on annonce le déploiement dans cette partie du territoire d’un contingent militaire belge.

Restitution des milliers d’objets culturels

Pour rappel, cette visite royale aura lieu «alors que le gouvernement belge a présenté, en juillet 2021, sa feuille de route pour restituer à la RDC des milliers d’objets culturels acquis abusivement, particulièrement lors des violences commises sous le règne de Leopold II, un processus qui pourrait durer plusieurs années», note Le Monde.

Par ailleurs, la Belgique s’apprête à restituer à Kinshasa une dent de Patrice Lumumba, heros congolais de la lutte anticoloniale et éphémère premier Premier ministre du jeune Congo indépendant. Et dont le corps, n’a jamais été retrouvé. Une cérémonie de restitution de cette  ‘‘relique’’, prévue en juin 2021 à Bruxelles, a été reportée en raison de la pandémie.

La source rappelle également que le souverain belge, qui règne depuis 2013, avait exprimé en juin 2020, pour la première fois dans l’histoire du pays, «ses plus profonds regrets pour les blessures infligées aux Congolais lors de la période coloniale belge au Congo».

Mains coupées et ‘‘relique’’

Le roi Philippe avait présenté ces profonds regrets, au nom de l’Etat belge, pour les actes de «violence et de cruauté» commis durant la période de la colonisation. Dans une lettre adressée au président congolais, Félix Tshisekedi, il exprimait «ses plus profonds regrets pour ces blessures du passé dont la douleur est aujourd’hui ravivée par les discriminations encore présentes dans nos sociétés».

Un autre rappel historique fait état de l’Etat indépendant du Congo, propriété personnelle du roi Léopold II depuis 1885, qui fut cédé à l’Etat belge en 1908. Celui-ci l’administra et en fit sa colonie jusqu’en 1960.

Toujours dans cette lettre adressée au Chef de l’Etat congolais, le souverain Philippe écrivait : «A l’époque de l’Etat indépendant du Congo, des actes de violence et de cruauté ont été commis, qui pèsent encore sur notre mémoire collective» et «la période coloniale qui a suivi a également causé des souffrances et des humiliations».

Léopold II, qui gérait depuis Bruxelles les richesses du Congo à son profit exclusif, avait recouru au travail forcé pour l’exploitation du caoutchouc. De nombreuses exactions, comme le fait de couper les mains des travailleurs jugés insuffisamment productifs, ont été documentées, peut-on aussi rappeler. Kinshasa, fait observer Le Monde, avait salué les paroles du roi Philippe comme «une avancée» à même de  «booster les relations amicales» entre les deux pays.

Le roi Philippe, signale-t-on dans le communiqué du Palais royal de Laeken, sera accompagné de son épouse, la reine Mathilde, du Premier ministre belge, Alexander De Croo, de la cheffe de la diplomatie belge, Sophie Wilmès, et de la ministre de la Coopération au développement, Meryame Kitir.

Pour rappel, le souverain Philippe avait accueilli, le 17 septembre 2019, le Président de la RDC, Félix-Antoine Tshisekedi, pour une audience au Palais royal de Bruxelles.

Bientôt des militaires belges en RDC

Par ailleurs, pour la coopération militaire, la RDC va bientôt accueillir des troupes belges en provenance de leur pays. Le ministère de la Défense du royaume de la Belgique précise que cette mission de l’État belge sera effectuée à Kindu dans la province du Maniema et dans la capitale, Kinshasa.

Il s’agit d’une réponse à la demande de la RDC dans le but d’éradiquer les conflits armés qui ont élu domicile dans l’Est de la RDC. La mutualisation des forces congolaises et ougandaises ayant montré ses limites.

En effet, l’Est de la RDC, surtout les provinces sous état de siège, continue d’être le ventre mou de l’insécurité au pays de Félix-Antoine Tshisekedi. En dépit de la présence des militaires ougandais venus secourir leurs homologues congolais dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu sous état de siège. Où, outre les rebelles ougandais de l’Alliance des forces démocratiques (ADF) et les hors-la-loi burundais et rwandais ne cessent de faire vivre le calvaire aux populations locales en complicité avec des groupes armés congolais.  

Le gouvernement congolais venait de solliciter une expertise militaire dans les domaines techniques d’orientation et d’assistance militaires ainsi que d’urgence sur le terrain. Sans oublier les techniques de détection et de neutralisation des engins explosifs improvisés.

Il convient de signaler que ce soutien belge se fera à partir du camp de Lwama à Kindu où sont formés les militaires de la 31e  «Brigade de Réaction rapide» afin d’apporter une réponse aux groupes terroristes.

Olivier Dioso