Dans un avenir très proche, les projecteurs culturels vont être braqués sur les têtes couronnées congolaises du domaine des arts plastiques. Cette célébration est dénommée «Les pépites d’or du fleuve Congo». Une tentative ambitieuse de l’analyse des challenges auxquels vont faire face les artistes visuels congolais pour pénétrer le marché international de l’art.
Lors de ses nombreux séjours à Kinshasa, Didier Demif, curateur, mais aussi fondateur de Demif Gallery, une galerie de vente d’art basé au Royaume Uni, a rencontré de nombreux artistes de talent. Ceux-ci, à juste titre, sont considérés localement comme des sommités, avec plusieurs années d’expérience, mais Didier Demif note que leur travail n’a pas pu pénétrer, ou très peu, le marché international de l’art.
Soucieux de transmettre et partager leur riche expérience, plusieurs artistes ont créé des ateliers où nous voyons naître la relève. La génération montante d’artistes dont l’ambition légitime est d’avoir une place au soleil non seulement sur le marché continental de l’art, mais aussi et surtout en Europe, en Amérique et pourquoi pas en Asie.
Ces peintres, sculpteurs, céramistes et autres ont produit des œuvres de haute facture artistique. Mis à part quelques exceptions, le gros de ces pépites mériterait d’être connu et reconnu à l’international, selon de nombreux spécialistes et amateurs locaux des arts visuels congolais. Les innombrables expositions au pays ont suffisamment démontré l’étendue de leur talent, leur créativité, la diversité et la richesse qui font de l’art moderne congolais une pépinière des plus valeureuses.
La nouvelle génération des créateurs, se réclame fièrement de ces maîtres d’art. Pourtant, l’indéniable reconnaissance de ces icones de l’art tranche cruellement avec leur quasi absence dans les grandes galeries de par le monde, même si certaines de leurs œuvres se retrouvent dans plusieurs collections prestigieuses occidentales et orientales.
Après des recherches au cours de ses nombreux voyages, le curateur Didier Demif avait fait le constat suivant : l’absence de structures adéquates pour une promotion et valorisation efficiente de tous les arts et le très faible soutien en faveur de l’éclosion d’une véritable industrie culturelle au Congo.
C’est suite à cette triste radioscopie qu’est née l’idée d’une exposition en ligne, suivie de la production d’un documentaire sur le sujet en collaboration avec le média B-One. Cette manifestation sera précédée par la publication en première phase par un livre intitulé comme l’ensemble du concept «Les pépites d’or du fleuve Congo».
Didier Demif, l’initiateur du projet, est un professionnel de la communication de l’art et un ancien de l’Académie des beaux-arts de Kinshasa. La galerie de ce premier expose et promeut un éventail d’artistes venant de diverses nationalités. Homme de cœur, il tient à rendre l’ascenseur à son alma mater et à son pays qui lui a tout donné.
Ce magnifique projet est une étude évaluant les facteurs qui concourent dans la production artistique et la fixation des prix des œuvres, localement et ailleurs.
«Ma démarche tient évidemment compte autant des caractéristiques esthétiques, des lieux de vente, que de l’impact sur l’environnement économique actuel. J’encourage aussi la réflexion sur les pistes de solutions pour palier l’absence d’infrastructures adéquates et dans une certaine mesure le poids des influences coloniales chez les collectionneurs ou dans les maisons de vente aux enchères», souligne Didier Demif.
La sélection des artistes de ce projet a été faite par rapport à leurs techniques et leur niveau de notoriété en RDC, mais aussi parce qu’ils sont pour la plupart des pionniers encore vivants et des enseignants de l’art moderne congolais.
«Leur influence est tellement vivace», a martelé Demif qui cachait mal son admiration. «Le seul bémol à cette sélection est l’absence d’une participation féminine, due à au temps limité d’identification, mais aussi une faible participation et tardive des femmes à la scène des arts plastiques», regrette le curateur.
Les artistes Lema Kusa, Makala Mbuta, Thierry Joseph Pemba Mwabila, Claudy Khan, Martien Mukalayi et Polycarpe Mambengi Tondo sont les heureuses pépites de ce projet.
«Les pépites d’or du fleuve Congo» ont trouvé un écho favorable en la personne de Mme Antoinette N’Samba Kalambayi, ministre des Mines, mais grande amatrice et collectionneuse d’art, une des rares mécènes nationales de l’art visuel. Sollicitée, elle a spontanément accepté de parrainer cette importante activité culturelle.
CP