Jean-Pierre Bemba, le leader du Mouvement de libération du Congo (MLC), est un homme heureux. Son rapprochement avec le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, lui a porté bonheur. Entre les mains du chairman du MLC, tout se transforme en or, aussi devant la Justice que sur le terrain politique
On se rappelle encore de ce procès avec la RVA où Jean-Pierre a gagné haut la main, s’adjugeant des dommages et intérêts d’environ 20 millions USD pour destruction méchante de ses aéronefs pendant qu’il était en détention à la Haye, aux Pays-Bas. La RVA, société commerciale entièrement détenue par l’Etat congolais, a eu beau s’agiter, mais le verdict était déjà dit.
Disqualifié de la présidentielle de 2018 pour subornation des témoins, Bemba – le même – est sur le point de revenir au devant de la scène politique par la grande porte.
En effet, aux termes de la loi électorale révisée, telle qu’adoptée en première lecture par l’Assemblée nationale, il est fait désormais une nette distinction des inéligibilités définitives. Selon la nouvelle loi électorale, en attendant bien sûr sa promulgation sous forme d’ordonnance présidentielle, l’inéligibilité ne touche qu’aux crimes graves (génocide, crimes contre l’humanité, crimes de guerre).
Autrement dit, avec sa seule condamnation à la CPI (Cour pénale internationale) pour subornation, Jean-Bemba, dans le format de la loi électorale révisée redevient éligible. Il peut prétendre à tout mandat électif aussi bien présidentiel que législatif. Quelle aubaine ?
Pour avoir donné des béquilles à Félix Tshisekedi dans son divorce avec le Front commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila, Bemba est plus que jamais un homme heureux. Il gagne sur tous les coups. Et rien ne semble lui résister. Pas tout, évidemment.
Ne dit-on pas que l’exception confirme la règle. Il y a cependant un conflit dans lequel est impliqué Bemba et qui, vraisemblablement, pourrait ne pas tourner à son avantage. Il s’agit de ce litige qui l’oppose à Equity BCDC, une banque qui est passée sous pavillon kenyan. Selon une décision de la Justice, Bemba a obtenu la vente publique de l’immeuble d’Equity BCDC.
Pour le moment, rien n’est encore fait. Mais, Equity BCDC, qui tient à mourir armes à la main, a promis de mobiliser tous les moyens de droit pour obtenir gain de cause.
Voilà un dossier qui pourrait être embarrassant pour le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi. Dans ce dossier, le Chef de l’Etat a le choix entre sauver son allié politique, Jean-Pierre Bemba, ou contenter son parrain dans la région, le président kenyan Uhuru Kenyatta, qui verrait d’un mauvaix œil qu’une banque kenyane soit dépossédée de son patrimoine immobilier en RDC. Un dilemme !