L’Ukraine veut «faire renaître» ses relations avec l’Afrique pour contrer l’influence russe

Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a annoncé que Kiev avait entamé un effort «systématique» pour «faire renaître» ses relations avec l’Afrique. Il a également accusé la Russie d’utiliser «la coercition, la corruption et la peur» pour maintenir son influence sur ce continent et a dénoncé les «mensonges» de Moscou au sujet de la sécurité alimentaire de l’Afrique.
Pour Kiev, il est temps de renouer avec l’Afrique. «De nombreuses années ont été perdues, mais nous allons faire avancer une renaissance ukraino-africaine, faire renaître ces relations», a déclaré Dmytro Kouleba, le chef de la diplomatie ukrainienne, dans un entretien accordé mercredi 16 août à l’AFP. «Ce continent a besoin d’un travail systématique et de longue haleine ».
Depuis le début en 2022 de l’invasion russe de l’Ukraine, Dmytro Kouleba a effectué trois tournées en Afrique pour tenter d’y obtenir des soutiens face à Moscou. Du côté africain, une délégation de chefs d’Etat, menée par le président sud-africain Cyril Ramaphosa, s’était rendue à Kiev en juin en proposant une médiation (rejetée par l’Ukraine) avant de se rendre à Moscou.

«Libérer l’Afrique de l’emprise russe»
Si «la plupart des pays africains» affichent toujours leur «neutralité» face au conflit, «une lente érosion des positions russes en Afrique est en cours», a assuré le ministre en citant le Liberia, le Kenya, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Mozambique, le Rwanda et la Guinée Equatoriale parmi les nouveaux partenaires de Kiev sur le continent.
«Je ne dis pas que nous avons chassé les Russes partout. Mais si la Russie avait auparavant l’initiative stratégique, nous avons maintenant imposé notre agenda, notre dynamique», a estimé Dmytro Kouleba. «Notre stratégie n’est pas de remplacer la Russie, mais de libérer l’Afrique de l’emprise russe», a-t-il poursuivi.

Tentative de rapprochement entre la Russie et l’Afrique
La Russie a commencé il y a plusieurs années un rapprochement avec l’Afrique, y compris via les services de sécurité fournis par Wagner, en se présentant comme un rempart contre l’«impérialisme» et le «néocolonialisme» occidental. Le groupe Wagner s’est associé à des pays africains, dont le Mali et la République Centrafricaine, où ils auraient commis de nombreux abus, selon des groupes de défense des droits et des gouvernements occidentaux.
De son côté, Dmytro Kouleba a accusé le Kremlin d’utiliser «la coercition, la corruption et la peur» pour maintenir des pays africains dans son giron, tout en assurant que Moscou n’avait que «deux puissants outils de travail en Afrique : la propagande et (le groupe paramilitaire) Wagner».
La sécurité alimentaire de l’Afrique est-elle en jeu ?
Pour le responsable ukrainien, les inquiétudes exprimées par Moscou quant à la sécurité alimentaire de l’Afrique sont des «mensonges». La Russie avait fait part de ses craintes après son retrait de l’accord permettant d’exporter les céréales ukrainiennes par la mer Noire malgré l’invasion russe.
«Les Africains ont vu que toutes ces histoires de (Vladimir) Poutine sur la façon dont il se soucie des pays africains sont des mensonges», a-t-il ajouté.
La Russie a abandonné cet accord en juillet, faisant craindre une hausse des prix des céréales qui touche particulièrement les pays les plus pauvres. Le président russe a ensuite promis de livrer gratuitement des céréales à six pays africains : le Zimbabwe, la Somalie et l’Érythrée, le Mali, la Centrafrique et le Burkina Faso.
Avec AFP