A quatre mois des élections générales de décembre 2023, un vent violent secoue l’administration de la CENI (Commission électorale nationale indépendante), essentiellement marqué par la brouille entre Denis Kadima, président de la Centrale électorale, et son secrétaire exécutif national, Mabiku Totokani Thotho.
En effet, plusieurs sources ont confirmé la suspension pour une durée de «15 jours» du secrétaire exécutif de la CENI par une décision prise par le président Denis Kadima. A la CENI, on fait état, sans autre précision, d’une «faute lourde» dont se serait rendu coupable Mabiku Totokani.
Sur son compte twitter, Stany Bujakera, correspondant de Jeune Afrique en RDC, indique : «Le secrétaire exécutif de la Commission électorale nationale indépendante, Mabiku Totokani, a été suspendu par Denis Kadima pour une faute lourde, dit source proche. Selon nos informations, il s’agit d’une sanction administrative de 15 jours, conformément au règlement administratif et financier de la CENI ».
A la CENI, les langues ne sont pas prêtes à se délier pour élucider le mystère qui se cache derrière la suspension de son secrétaire exécutif national. Mais, l’importance de ce poste dans l’architecture électorale prouve à suffisance que M. Mabiku Totokani est allé au-delà de ses attributions pour que le président de la CENI prenne une décision aussi radicale.
Dans l’opinion publique, cette suspension tombe à un mauvais moment. C’est un mauvais présage pour les élections générales de cette fin d’année.
Certes, la CENI relativise cette suspension, estimant qu’elle n’affecte pas ses opérations. On doit néanmoins reconnaître qu’elle pourrait exercer un impact négatif sur la crédibilité de la Centrale électorale.
Ces inquiétudes sont d’autant plus renforcées par le fait que les sources internes de la CENI rapportent que le secrétaire exécutif national suspendu a posé des actes qui ont perturbé le plan de travail de la Centrale électorale. Toto Mabiku est, entre autres, soupçonné d’avoir favorisé la fuite des kits d’enrôlement qui se sont retrouvés dernièrement entre les mains de certains acteurs politiques, proches de l’Union sacrée de la nation, la majorité au pouvoir.
En effet, dans ses attributions, le secrétaire exécutif national de la CENI est chargé, notamment, de : «mettre en œuvre les décisions de la Commission Électorale Nationale Indépendante; coordonner les activités administratives et techniques des directions techniques des secrétariats exécutifs provinciaux (SEP), et des antennes; répercuter auprès des directions techniques des secrétariats exécutifs provinciaux (SEP) et des Antennes, les différentes orientations, décisions et instructions de l’Assemblée plénière ou du bureau et de veiller à leur bonne exécution; préparer les dispositions pratiques de mise en œuvre des orientations, décisions et instructions de l’Assemblée plénière ou du bureau; préparer l’exécution des plans, des programmes et des activités électorales; observer la neutralité et ne solliciter ni accepter d’instructions d’aucune autorité autre que la CENI dans l’exercice de ses fonctions; s’abstenir de toutes actions pouvant porter préjudice à la CENI (devoir de réserve) et exécuter son travail en ayant pleinement égard aux intérêts de la commission électorale nationale indépendante».
C’est dire que le secrétaire exécutif national de la CENI est au cœur de l’administration de la centrale électorale. A ce titre, sa suspension ne passe pas pour un acte isolé.
Pour rappel, c’est par la décision n°002/CENI/BUR/22 du 6 janvier 2022 que Denis Kadima, avait nommé M. Mabiku Totokani Thotho au poste de secrétaire exécutif national de la CENI. Après un temps d’accalmie, les violons ne s’accordent plus entre les deux.
Francis N.