Dans la commune de Ngaliema sur l’avenue Boukin, derrière la concession Jac Motors, les installations de Milvest dédiées à sa petite industrie locale des façades du projet Centre financier de Kinshasa et du Palais de justice, sont désertes et les ateliers à l’arrêt. Les cinquante travailleurs n’ont pas été payés depuis quatre mois et ont décidé de grever. Encore un couac dans le fonctionnement de la société de Thuran Mildon. Depuis quelques semaines, le personnel a entamé une grève sèche.
La cinquantaine de travailleurs réclament leur salaire impayé depuis plus d’un trimestre. Fin juillet, ils ont accumulé 4 mois d’arriérés. Sur les lieux, seuls quelques employés turcs et trois gardiens sont présents. Les vigiles en poste refusent de répondre aux questions de nos reporters. Mais la mine sur leurs visages en dit beaucoup sur la situation qu’ils traversent.
«Comme vous pouvez le constater, les travaux sont à l’arrêt. Les ouvriers congolais ne viennent plus. Certains passent pour voir si les salaires sont passés. Trois gardiens se relaient, eux aussi impayés depuis tout ce temps, assurent tout même la sécurité des installations et des matériaux reconditionnés sur place et dont certains sont presque à l’abandon dans la rue, destinés à embellir la façade et le paysage du Palais de justice», raconte un autre gardien en poste devant le siège d’une société voisine.
Le projet résulte d’un contrat signé en août 2023 pour 6.285.825 dollars US (Six millions deux cent quatre-vingt-cinq mille huit cents vingt-cinq), a-t-on lu dans un courrier signé de la main de l’ancien ministre des Finances, Nicolas Kazadi.
Encore une preuve des contrevérités débitées par le supposé milliardaire, Turhan Mildon, dans l’entretien accordé à deux journalistes de Kinshasa, dans un bureau aménagé sur le chantier New Arena. Il s’y vante d’assurer régulièrement les salaires et les soins médicaux de ses 9000 employés. Bluff. La situation ces dernières semaines dans les installations de l’ex-Tissakin le fait mentir. Dans différents sites où se développent les projets Milvest, les tensions sont palpables.
Ce n’est pas la première fois que les salariés du groupe et les temporaires débrayent. Il y a quelques semaines, une grogne avait été observée sur le chantier du Centre financier et celui du Palais de justice. Il a fallu l’intervention musclée du ministre d’État en charge de la Justice, Constant Mutamba, pour que les salaires passent avant le retour au statu quo. Même cas pour l’arena où la grève se poursuit. La situation semble intenable malgré les centaines de millions du Trésor empochés par Milvest.
Rappelons que cette industrie a été financée, selon nos sources au ministère des Finances, par les paiements reçus du Trésor public. On parle de plus ou moins 16 millions de dollars. Aucun paiement de Miller Holding ni de Milvest n’a été retracé pour justifier leurs investissements. Il aurait utilisé uniquement les fonds du Trésor public ou la garantie du ministère des Finances, pour construire son empire en RDC.
Milvest n’aurait donc emmené que le savoir-faire, mais aucun fonds !
Tous ces marchés auraient pu donc être octroyés à toute entité congolaise sérieuse ou toute autre entreprise du reste du monde comme un prestataire. Milvest donne l’air d’être un simple prestataire, pas un investisseur.
Avec Kokolo Jean (Africanews)