UDPS

Ne jouez pas avec le feu

L’actualité politique congolaise vient de nous offrir un épisode aussi surprenant qu’éclairant. Une proposition de loi, surgie comme un coup de tonnerre dans un ciel déjà chargé de tensions, a brièvement agité les réseaux sociaux avant d’être démentie avec empressement par ses propres initiateurs.

Ce texte, attribué à deux cadres de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), parti au pouvoir, évoquait une prolongation du mandat présidentiel au-delà de 2028. Une idée qui, dans le contexte actuel, relève moins de la stratégie politique que de la fiction dystopique.

À l’heure où la République Démocratique du Congo (RDC) affronte une guerre imposée dans sa partie Est par le Rwanda, une crise humanitaire dévastatrice et une mobilisation nationale exigeant unité et clairvoyance, cette proposition de loi apparaissait comme une dangereuse diversion. Comment expliquer qu’à un moment où le pays a besoin de toutes ses forces pour résister à l’agression extérieure et stabiliser son territoire, certains acteurs politiques osent jouer avec des questions aussi sensibles que la longévité du pouvoir exécutif ?

La proposition de loi, bien que rapidement retirée, n’en demeure pas moins révélatrice. Elle soulève des interrogations troublantes sur les tentations qui rôdent dans les coulisses du pouvoir. L’idée de toucher à la limitation des mandats présidentiels, principe inscrit dans la Constitution de 2006 après des années de luttes démocratiques, n’est jamais anodine. Dans un pays marqué par un passé de prolongations contestées et de crises postélectorales, ce genre d’initiative réveille immanquablement les fantômes de l’histoire.

Les auteurs de cette proposition de loi se sont certes rétractés, invoquant un  » malentendu  » ou une « erreur de procédure ».

Mais le mal est déjà fait. Dans un climat politique surchauffé, où chaque parole est scrutée, une telle initiative, même avortée, nourrit la méfiance et les spéculations. Elle donne l’impression d’un pouvoir tenté de tester les limites de l’acceptable, comme si certains cherchaient à jauger la réaction de l’opinion publique sur un sujet hautement inflammable.

Pire encore, ce faux pas intervient alors que la population congolaise, épuisée par des décennies de conflits et de promesses non tenues, aspire à une stabilité fondée sur le respect des institutions.

La limitation des mandats n’est pas une simple clause constitutionnelle : c’est un rempart contre l’autoritarisme, un acquis fragile qui symbolise l’espoir d’un renouvellement démocratique. Y toucher, même de manière indirecte, revient à jouer avec le feu dans une poudrière.

Heureusement, la réaction rapide des concernés et le démenti ferme ont permis d’étouffer la polémique dans l’œuf.

Mais cet incident doit servir d’avertissement.

En période de crise, toute initiative politique doit être mesurée à l’aune de l’intérêt supérieur de la nation.

Les dirigeants de l’UDPS, comme toutes les forces politiques, gagneraient à retenir cette leçon : la crédibilité d’un parti au pouvoir se construit dans la transparence, le respect des règles et la priorité donnée aux urgences nationales.

Les velléités de réformes controversées, surtout lorsqu’elles concernent le pouvoir exécutif, n’ont pas leur place dans un contexte où chaque minute perdue en calculs politiciens équivaut à une trahison envers le peuple congolais.

Econews

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