Ousmane Sonko, le Katumbi sénégalais

L’un est interdit de circuler librement dans son propre pays. Toute manifestation publique lui est interdite, non seulement à lui-même, mais aussi à ses alliés politiques. Marcher, protester par des sit-in ou se déplacer dans les airs à bord de son propre jet, requièrent une kyrielle d’autorisations préalables. On l’aura compris, ce traitement particulier n’est réservé qu’aux candidats déclarés à la présidentielle.
L’autre a ignoré les assignations à comparaître afin de répondre à une accusation de viol présumé. Il s’est retranché dans sa ville dont il est le maire, protégé par des barricades érigées par des centaines de jeunes sympathisants déterminés à en…
découdre avec les forces de l’ordre. Il a été jugé par contumace; l’affaire est prise en délibéré. Rendez-vous est pris le 1er juin. Entre-temps, l’hom-me est sorti de chez lui pour gagner Dakar au bout des 500 kilomètres d’un défi incertain. Lui aussi, comme le premier, est candidat déclaré à la présidentielle de son pays.
On l’a compris, entre le Congolais Moïse Katumbi et le Sénégalais Ousmane Sonko, il flotte comme un air d’une communauté de destins. Leurs candidatures risquent d’être retoquées. En cas de condamnation à 10 ans de prison au moins pour le Sénégalais, et pour cause d’être né d’un parent étranger pour le Congolais. A ceci près que ce dernier n’a pas maille à partir avec la justice de son pays (du moins pour l’instant), comme il ne s’élève pas comme le Sénégalais contre un éventuel (et probable) troisième mandat du président de la République en fonction. De plus, sa marche chaotique vers l’investiture à la candidature n’est pas émaillée de morts, contrairement à «son collègue» sénégalais qui en traîne déjà au moins 14 au cours des deux dernières années.
En définitive, le sort commun aux deux candidats n’a rien de nouveau. Il tend même à se banaliser dans nos démocraties tropicales où la dignité de la fonction présidentielle acquise par la voie des urnes trafiquées ou par les armes suscite à la longue des envies d’un enracinement aux allures monarchiques.
Autant l’un est instamment invité à faire face à la justice de son pays, quitte à y perdre son ambition présidentielle, autant le second est fondé à attendre des ceux qui tiennent les manettes du pouvoir l’expression du respect des prescrits d’une Constitution qu’ils chérissent tant au nom du peuple dont ils se gargarisent à longueur des discours.
Surtout, les deux ne manqueraient pas de dire à ceux qui les «persécutent» si l’occasion leur en est offerte : Attention Messieurs, le monde vous regarde !

Econews