72 heures n’ont pas suffi aux huit Confessions religieuses pour parvenir à un compromis autour du successeur de Nangaa à la présidence de la CéNI (Commission électorale nationale indépendante). Après trois jours de discussions, les six Confessions religieuses rangées derrière Dodo Kamba de l’Eglise de réveil au Congo ne se sont pliées à la volonté des Catholiques et Protestants de revoir les règles du jeu. C’est le retour à la case départ. Finalement, les Confessions religieuses s’en remettent au président de l’Assemblée nationale pour le dernier verdict – le consensus n’ayant été pas au rendez-vous dans leurs rangs.
Toujours pas de fumée blanche au sein des Confessions religieuses. En effet, l’ultimatum de 72 heures leur accorder par le président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso N’Kodia Pwanga, n’a eu aucun effet sur l’intransigeance des uns et des autres. C’est donc en queue de poisson que les huit religieux se sont séparés. Une fois de plus le consensus n’a pas été au rendez-vous.
Dans la correspondance qu’il a adressé le 4 octobre 2021 au président de l’Assemblée nationale, Mgr José Moko, vice-président de la CENCO, a juste fait part de l’impossibilité de répondre à son appel. L’espoir de trouver un compromis s’est donc envolé. Pour cause, Mgr Moko note qu’une fois encore ils ont été «confrontés à un conflit d’interprétation » du contenu exact de la dernière correspondance de Christophe Mboso. «Ce qui, dit-il, n’a pas permis d’évoluer du tout ».
Face à l’intransigeance de six Confessions religieuses qui sont restées fermes sur leur décision, l’ultime discussion de 72 heures n’a finalement accouché que d’une souris. «Nous n’avons donc pas trouvé de consensus malgré notre demande leur adressée de nous présenter d’autres candidatures. Nous n’avons voté non plus », écrit Mgr Moko.
Que dire d’autre? C’est l’impasse. Les Confessions religieuses n’ayant pas gagné le pari, Mgr Moko renvoie la balle au président de l’Assemblée nationale. «Nous prions pour que l’Esprit Saint vous accompagne dans les efforts que vous déploierez pour éviter à la nation une crise de trop qui ne profitera à personne».
La CENCO et l’ECC ont donc jeté l’éponge. Le constant est certes malheureux, mais il est la preuve de tous les obstacles qui restent à franchir pour un processus électoral réellement apaisé, crédible et transparent en 2023.
Que reste-t-il à faire au niveau de l’Assemblée nationale? Face à Mboso, il y a une alternative : soit valider le choix de six confessions religieuses qui ont jeté leur dévolu sur Denis Kadima, soit refaire tout le processus en soumettant la question à l’assemblée plénière de l’Assemblée nationale.
Quoi qu’il en soit, c’est mal parti pour les prochaines élections de 2023. Il serait tout aussi imprudent de ne pas considérer les voix discordantes de l’Eglise catholique au Congo et de l’Eglise du Christ au Congo. Agir ainsi serait une grave erreur en raison du fort ancrage de ces deux églises dans le pays.
A l’honorable président de l’Assemblée nationale
Objet : Rapport de la plénière de la plate-forme des Confessions religieuses du 02/10/2021
Honorable président,
Votre lettre N/Réf 123/RDC/AN/CP/MNPC/NBB/09/202l, du 30 septembre 2021, par laquelle vous donnez aux chefs des Confessions religieuses un ultime délai de 72 heures pour harmoniser nos vues et désigner nos délégués à la CENI nous est parvenue le même jour. Nous vous en remercions.
Interpellé par votre appel pathétique sur le sens de notre responsabilité, le président de la Plateforme a aussitôt convoqué une assemblée plénière le samedi 02/10/2021, à 10h30, dans l’espoir de trouver une solution à cette crise. Comme il ne pouvait atteindre Kinshasa que dans l’après-midi, il m’a chargé de présider à cette réunion en ma qualité de vice-président de la CENCO.
Malheureusement, nous nous sommes confrontés à un conflit d’interprétations de votre correspondance, qui n’a pas permis d’évoluer du tout.
En effet, pour le Présidium de la Plate-forme constitué de la CENCO et de l’ECC, votre lettre faisait état de l’échec de toutes les tractations menées jusque-là au sein de la plateforme des Confessions religieuses pour la désignation de nos deux candidats à la CENI et nous invitait à aller de l’avant, à harmoniser nos vues en mettant de côté ce qui nous divise, dans le respect de notre Charte et de La loi organique de la CENI.
Pour les six autres confessions religieuses, il y a un travail qu’elles prétendent avoir déjà fait et dont le Procès-verbal aurait été reçu au bureau de l’Assemblée nationale. Pour elles, les 72 heures que vous aviez données sont simplement une occasion pour renforcer la cohésion en obtenant du présidium la reconnaissance de ce procès-verbal. Une proposition de texte d’un nouveau procès-verbal a été soumise par les six dans cette perspective.
Cette proposition n’a nullement accueilli l’assentiment du présidium car fondée sur une mauvaise interprétation de votre lettre et n’entrant pas dans l’esprit de la convocation de notre plénière qui était celui de repartir sur des nouvelles bases et de trouver un consensus autour d’un candidat idoine. En plus, il a été établi dans les conditions non conformes à la Loi organique de la CENI notamment les articles 10 et 12, ainsi qu’à notre Charte spécialement en ses articles 8,16, 17 et 18.
Par ailleurs, nous constatons que les six autres confessions religieuses fondent leur soi-disant majorité sur une interprétation erronée de l’article 17 de notre Charte et qu’elles ignorent totalement l’article 10 de la loi organique portant organisation et fonctionnement de la CENI.
Nous n’avons donc pas trouvé de consensus malgré notre demande leur adressée de nous présenter d‘autres candidatures. Nous n’avons pas voté non plus.
Nous avons proposé de revenir le lundi 4/10/2021 dans l’espoir d’évoluer mais le groupe de six nous a signifié que cela ne sert pas, autant attendre la position que prendra la Plénière de l’Assemblée nationale. C’est sur cette note que nous nous sommes séparés.
Un rapport global du présidium sur le processus de désignation des animateurs de la CENI par la Plateforme des Confessions religieuses vous parviendra sous peu. Nous prions pour que l’Esprit Saint vous accompagne dans les efforts que vous déploierez pour éviter à la Nation une crise de trop qui ne profitera à personne.
Veuillez agréer, honorable président, l’expression de mes sentiments patriotiques et dévoués en Notre Seigneur Jésus-Christ.
Kinshasa, le 04 octobre 2021
Mgr José Moko Ekanga
Evêque d’Idiofa
Vice-président de la CENCO