Luanda, au centre des enjeux régionaux et internationaux : entre la visite de Joe Biden et une tripartite inédite entre Félix Tshisekedi, Paul Kagame et João Lourenço, la capitale angolaise devient en ce mois de décembre le théâtre d’une diplomatie aux multiples enjeux. Tandis que Kinshasa et Kigali campent sur des positions antagonistes, et que l’Est de la RDC reste en proie à l’instabilité, la présence du président américain en Angola, juste avant la fin de son mandat en janvier 2025, alimente les spéculations sur une éventuelle recomposition stratégique dans la région.
Le mois de décembre 2024 s’annonce déterminant pour l’avenir politique et diplomatique de la République Démocratique du Congo (RDC) et de la région des Grands Lacs. La capitale angolaise, Luanda, devient le centre d’une série d’événements majeurs, marqués par des rencontres stratégiques et des initiatives diplomatiques intrigantes. La visite inattendue du président américain Joe Biden, couplée à une tripartite entre Félix Tshisekedi (RDC), Paul Kagame (Rwanda) et João Lourenço (Angola), alimente les spéculations sur ce qui pourrait être un tournant pour la stabilité régionale et les équilibres géopolitiques.
UNE VISITE AU TIMING INTRIGANT
La venue du président américain Joe Biden en Angola, annoncée comme son unique voyage en Afrique avant la fin de son mandat en janvier 2025, suscite de nombreuses interrogations. Pourquoi ce déplacement dans un pays qui, bien que stratégique en Afrique australe, n’a pas été au centre des priorités américaines dans le passé ?
Ce voyage inattendu survient alors que Biden s’apprête à passer le relais à Donald Trump, nouvellement élu. Certains y voient une volonté de marquer un dernier coup diplomatique en Afrique, renforçant l’influence américaine sur une région en proie à des tensions grandissantes. D’autres estiment que ce déplacement est lié au rôle de l’Angola en tant que médiateur régional, notamment dans la gestion du conflit entre la RDC et le Rwanda, un dossier qui menace la paix et la sécurité dans la région des Grands Lacs.
L’autre événement clé qui place Luanda sous les projecteurs est la tripartite annoncée pour la mi-décembre entre Félix Tshisekedi, président de la RDC, Paul Kagame, président du Rwanda, et João Lourenço, président de l’Angola. Cette rencontre suscite autant d’espoir que de méfiance, tant les relations entre Kinshasa et Kigali sont tendues.
Depuis plusieurs années, la RDC accuse le Rwanda de soutenir activement le groupe rebelle M23, responsable de violences dans l’Est congolais. Kigali dément ces allégations, mais le conflit a plongé les deux nations dans une impasse diplomatique, Kinshasa refusant tout dialogue direct avec Kigali. Pourquoi donc ce revirement soudain ?
Les motivations de cette réunion restent floues, mais certains analystes pointent du doigt une pression internationale, notamment américaine, pour parvenir à une désescalade. João Lourenço, habitué des médiations régionales, semble jouer un rôle clé en tant que facilitateur. Pour Kinshasa, participer à cette tripartite pourrait être une opportunité d’exposer ses préoccupations tout en explorant des pistes de résolution sous l’égide d’un tiers de confiance.
LA MAIN INVISIBLE
La concomitance entre la visite de Biden et la tenue de cette tripartite alimente les spéculations sur une implication directe des États-Unis dans la recherche d’une solution au conflit. Biden, sur le départ, chercherait-il à poser un acte fort en Afrique en facilitant un accord qui aurait échappé à ses prédécesseurs ?
En effet, le rôle des États-Unis en Afrique a souvent oscillé entre soutien stratégique et désengagement relatif. Mais dans ce cas précis, Washington pourrait vouloir renforcer son influence dans une région où la Chine et la Russie gagnent du terrain. L’Est de la RDC, riche en minerais stratégiques, revêt une importance géopolitique majeure. Une stabilisation de cette région pourrait aussi servir les intérêts américains, notamment en sécurisant les chaînes d’approvisionnement mondiales en cobalt et autres ressources critiques.
LES ENJEUX POUR LA RDC ET LA REGION
Pour la RDC, la tripartite de Luanda représente une opportunité et un risque. Félix Tshisekedi devra concilier les attentes d’une opinion publique congolaise largement hostile au Rwanda avec la nécessité de dialoguer pour résoudre une crise humanitaire et sécuritaire qui ravage l’Est du pays.
Pour le Rwanda, cette rencontre pourrait offrir une plateforme pour améliorer son image internationale, souvent critiquée pour ses ingérences présumées en RDC. Quant à l’Angola, son rôle de médiateur dans cette affaire renforce sa position de pivot diplomatique en Afrique centrale et australe.
Alors que les détails de la tripartite restent confidentiels, plusieurs questions demeurent sans réponse. Quels engagements seront pris à Luanda ? Les discussions incluront-elles des garanties pour la souveraineté de la RDC ? Et surtout, quel sera le rôle des États-Unis dans la mise en œuvre d’éventuels accords ?
Décembre 2024 pourrait bien être un mois décisif pour la RDC et la région des Grands Lacs. Entre la visite de Biden, la tripartite de Luanda et les tractations en coulisses, Luanda s’impose comme le centre d’un jeu diplomatique aux enjeux globaux. L’avenir révélera si ce chapitre marquera le début d’une stabilisation durable ou s’il s’ajoutera à la longue liste des opportunités manquées.
Econews