Les renseignements militaires (DEMIAP) n’ont pas apprécié les dernières déclarations du ministre des Finances, Nicolas Kazadi, sur la radio Top Congo FM, faisant état de plus de 100 millions USD décaissés en faveur de l’armée nationale pour les trois premières semaines du mois d’octobre 2022. A la DEMIAP, on considère que ces déclarations sont de nature à démobiliser les troupes au front et à perturber la chaîne de commandement au sein des Forces armées de la RDC (FARDC). Selon des indiscrétions parvenues à Econews, le cabinet du ministre des Finances subit, depuis mercredi, un interrogatoire serré à la DEMIAP. Outre le ministre des Finances, on apprend que son directeur de cabinet et son conseiller financier sont également auditionnés par les renseignements militaires.
Une déclaration du ministre des Finances, Nicolas Kazadi, a suffi pour mettre en colère les renseignements militaires, désormais dirigés par le général-major Christian Ndaywel.
Interrogé sur la radio Top Congo Fm sur la capacité de la RDC à tenir la guerre face aux terroristes du M23, soutenus par le Rwanda, le ministre des Finances a fait une déclaration qui a été mal perçue au sein des Forces armées de la RDC.
Au moment où des troupes des FARDC sont engagées sur le front de l’Est, la haute hiérarchie militaire estime que les déclarations du ministre des Finances risquent de créer un climat de méfiance et de suspicions au sein des unités opérationnelles.
Des informations parvenues à Econews rapportent que le cabinet a été convoqué à la DEMIAP – les renseignements militaires – pour s’expliquer. Les mêmes sources rapportent qu’après son directeur de cabinet et son conseiller, auditionnés mercredi, c’était au tour du ministre des Finances d’être entendu jeudi.
Les faits qui ont irrité les renseignements militaires
A la question de Christian Lusakueno sur «la RDC peut-elle tenir une guerre», le ministre des Finances n’est pas allé par quatre chemins : « Sans vouloir dévoiler les chiffres parce qu’on ne dévoile pas les chiffres des budgets de l’Armée, rien que pour les trois semaines du mois d’octobre, nous avons dépensé plus de 100 millions de dollars américains. Ça vous donne une idée des efforts qui sont faits », a révélé, sur Top Congo FM, Nicolas Kazadi, coupant ainsi court aux rumeurs de non ou sous-financement des opérations militaires en cours dans l’Est de la RDC, rehaussées par une vidéo virale sur les réseaux sociaux où l’on voit des militaires, au front, se plaindre du manque d’armes et munitions. Et d’ajouter : «Il n’y a aucune information officielle qui peut vous faire croire qu’il n’y a eu pas assez d’armes ou assez de munitions ».
Concernant la dotation de l’armée en moyens opérationnels, le ministre des Finances a répondu en ces termes : «Il faut le dire très clairement, l’armée n’a jamais été aussi bien dotée en moyens et équipements depuis que nous sommes aux affaires», rappelant qu’«un rapport parlementaire fait par la Commission défense de l’Assemblée nationale, et puis, le rapport du Conseil de défense, qui s’est tenu samedi 29 octobre, dit clairement que l’armée est montée en puissance. Cela est le résultat des efforts qui ont été faits».
Revenant sur quelques «dysfonctionnements» observés sur la ligne de front, le ministre des Finances notait que «notre pays a été l’objet de différents brassages et mixages dont nous payons le prix aujourd’hui. Et malheureusement, c’est ce que les prétendus M23 veulent perpétuer. Il est temps que nous mettions fin à cela, il faut, pour ce faire, que nous nous levions tous comme un seul pays. Nous sommes à l’épilogue de cette grande escroquerie que nous avons connue depuis 1996».
La RDC est-elle alors en mesure de financer une guerre dans l’Est ? Sans détour, Nicolas Kazadi précisait : «Absolument, oui. Elle est en train de se réorganiser. C’est justement pour nous empêcher de nous réorganiser complètement que cette guerre a été précipitée par le M23». Et de renchérir : «Mais qu’à cela ne tienne, nous allons poursuivre puisqu’il s’agit d’un enjeu crucial pour l’avenir de notre pays».
En ce temps de guerre, les renseignements militaires estiment que le ministre des Finances a été maladroit dans ses réponses. Ce qui lui vaut un interrogatoire par les services du général-major Christian Ndaywel.
Econews
