La grève dans les raffineries françaises a été reconduite chez Esso-ExxonMobil, visé par de premières réquisitions de salariés, tandis qu’à TotalEnergies, la situation était au point mort après le refus des salariés grévistes de débloquer les expéditions de carburant pour ravitailler les stations-service à sec.
La grève pour les salaires a été reconduite jeudi sur les deux raffineries françaises Esso-ExxonMobil quelques jours après un accord entre la direction et deux syndicats majoritaires, mais pas la CGT. «La grève a été reconduite à 6H sur les deux sites » de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) et Gravenchon-Port-Jérôme (Seine-Maritime), a indiqué le délégué syndical central CGT Christophe Aubert. Une nouvelle assemblée générale devait donc avoir lieu à 14H pour décider ou non de la poursuite du mouvement, a-t-il précisé.
Sur ce site, le ministère français de la Transition énergétique a lancé mercredi la réquisition des personnels indispensables au fonctionnement du dépôt de carburants, afin de débloquer des stocks et ravitailler les stations-service franciliennes à sec. La réquisition ne vise pas les opérations de la raffinerie et donc la production de carburant. Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, a annoncé qu’un recours en référé contre cette réquisition serait déposé jeudi (le 13 octobre 2022, Ndlr).
Six des sept raffineries de France sont donc en grève jeudi : les quatre de TotalEnergies et les deux d’Esso-ExxonMobil. Seule celle de Lavéra (groupe Petroineos) n’est pas bloquée.
«C’est un refus catégorique massif, ils (les salariés) ne veulent pas de cette exigence pour négocier», a déclaré à l’AFP Thierry Defresne, secrétaire CGT du comité TotalEnergies Europe à la sortie d’une réunion nocturne au siège du groupe à La Défense. «On a perdu trop de temps, maintenant on négocie sans conditions», a-t-il poursuivi en estimant que les «exigences» de TotalEnergies, à savoir «lâcher du produit (carburant)» étaient synonymes de «réquisition douce».
TotalEnergies a de son côté confirmé à l’AFP «l’issue négative des discussions de la nuit». Le dialogue semblait pourtant avoir été renoué plus tôt dans la journée quand la direction avait accepté pour la première fois de recevoir la CGT. Jusqu’alors, elle exigeait comme préalable la levée des blocages pour voir le deuxième syndicat du groupe.
Le conflit est entré dans une nouvelle phase mercredi avec l’exécution de la menace de réquisitions par le gouvernement, qui touchent pour l’heure quatre salariés du dépôt de carburants de la raffinerie d’Exxon Mobil Port-Jérôme/Notre-Dame-de-Gravenchon (Seine-Maritime), sommés de rouvrir les vannes. «Décision scandaleuse», a protesté Philippe Martinez, leader de la CGT, venu en soutien des salariés d’ExxonMobil, et qui a annoncé le dépôt d’un référé ce jeudi pour s’y opposer.
Macron prédit un retour à la normale «dans la semaine qui vient »
«Le pompage a pu commencer et le carburant être injecté dans l’oléoduc destiné à approvisionner l’Ile-de-France », a précisé dans la soirée la préfecture de la Seine Maritime. De quoi améliorer la situation ? Le président Emmanuel Macron a prévu un retour à la normale dans la distribution de carburants «dans le courant de la semaine qui vient», lors d’un entretien sur France 2 mercredi soir.
Pour l’heure, les pénuries se prolongent, mettant les nerfs des automobilistes à vif. Mercredi à 17 h, 30,8 % des stations-service manquaient d’un ou plusieurs carburants (31,3 % mardi), selon le ministère de la Transition énergétique. Une proportion pire dans les Hauts-de-France, en Ile-de-France et en Centre-Val-de-Loire. Le patronat s’est inquiété pour sa part cette semaine des conséquences de cette grève sur la vie économique du pays.
Partout les automobilistes racontent leur «galère» et les files monstres à la pompe : «Ce matin (mercredi), j’ai perdu 1 h 30 pour trouver une pompe de gazole (…) sur mon jour de repos», se désespère Albertine Morais, infirmière à Clichy-la-Garenne. Et il faudra «recommencer d’ici deux jours» : «Je suis déjà en panique».
Six des sept raffineries de France en grève
Six des sept raffineries de France étaient en grève mercredi : les quatre de TotalEnergies et les deux d’Esso-ExxonMobil. Seule celle de Lavéra (groupe Petroineos) n’est pas bloquée. S’ajoutent les dépôts de TotalEnergies de la Mède (Bouches-du-Rhône) et des Flandres, qui alimente les Hauts-de-France, tous les deux à l’arrêt. Chez Esso, un accord a été signé avec deux syndicats majoritaires dont la CFDT, mais pas avec la CGT. La grève continuait dans ses deux raffineries. FO, quatrième syndicat parmi les salariés du raffinage chez TotalEnergies, a par ailleurs rejoint la grève.
Chez TotalEnergies, la grève dure depuis le 27 septembre. Elle concerne la raffinerie de Normandie (Gravenchon), près du Havre, le dépôt de Flandres, près de Dunkerque, la « bio-raffinerie » de La Mède (Bouches-du-Rhône), la raffinerie de Feyzin (Rhône) et celle de Donges. La cause du conflit : les salaires. La CGT, qui a lancé la grève le 27 septembre chez TotalEnergies, revendique 10 % d’augmentation pour 2022, contre les 3,5 % obtenus en début d’année, afin de compenser l’inflation et de profiter des bénéfices exceptionnels du groupe.
Econews avec AFP