2023 en Afrique : des coups d’État, le retrait de la France… et les Springboks champions

Du départ des forces spéciales françaises du Burkina Faso aux élections générales en République démocratique du Congo, en passant par la victoire présidentielle du nigérian Bola Tinubu, les coups d’État au Niger et au Gabon ainsi que la victoire sud-africaine à la Coupe du monde de rugby, France 24 revient sur les temps forts qui ont marqué, cette année, l’actualité du continent.

Clap de fin pour les forces spéciales françaises au Burkina Faso

Le 19 février, l’armée burkinabè a officialisé la fin des opérations de la Task Force Sabre dans le pays, lors d’une cérémonie au Camp Bila Zagré, à Kam-boincin, en périphérie de Ouagadougou.

Le retrait des quelque 400 soldats de cette force spéciale, chargée de traquer les chefs jihadistes au Sahel, intervient quelques semaines après la dénonciation par le gouvernement de transition des accords de défense liant la France et le Burkina, dans un contexte de fortes tensions entre les deux pays.

Bola Tinubu élu nouveau président du Nigeria

Il a pris les rênes de la première économie d’Afrique. L’ancien gouverneur de Lagos Bola Tinubu, 71 ans, a remporté le 1er mars l’élection présidentielle au Nigeria, pays de 219,4 millions d’habitants, de loin le plus peuplé du continent.

Le successeur du président Muhammadu Buhari s’est imposé avec une confortable avance face à ses principaux rivaux qui ont contesté ces résultats sans obtenir gain de cause. Parmi les dossiers prioritaires figurent la revitalisation d’une économie en perte de vitesse, la lutte contre l’insécurité, mais également la gestion des crises régionales. Car, outre son mandat national, Bola Tinubu a pris en juillet la présidence tournante de l’organisation régionale, la Cédéao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), pour une durée d’un an, devenant ainsi le nouveau visage de la diplomatie ouest-africaine.

Guerre fratricide au Soudan

Samedi 15 avril, une guerre meurtrière éclate au Soudan, entre l’armée régulière et les Forces de soutien rapide (FSR), une puissante milice affiliée au pouvoir. Un conflit qui expose au grand jour la brouille entre le général Abdel Fattah al-Burhane, à la tête de la junte et de facto chef de l’État, et Mohamed Hamdane Daglo, dit «Hemedti», son ancien allié désormais décidé à prendre le contrôle du pays par les armes.

Malgré plusieurs tentatives de médiation des États-Unis, de l’Arabie saoudite ou bien encore du Kenya, les combats continuent malgré l’annonce de cessez-le-feu successifs et le bilan des morts s’alourdit rapidement. Selon l’ONU, plus de 6 000 personnes ont péri depuis le début du conflit alors que le pays est confronté «à la pire crise de déplacement au monde», plus de 7 millions de personnes ayant fui leurs habitations.

L’armée prend le pouvoir lors d’un coup d’État au Niger

Deux ans après l’élection du président Mohamed Bazoum, marquant la première transition démocratique de l’histoire du Niger, le chef d’État est renversé lors d’un putsch militaire, le 26 juillet, perpétré par des membres de la Garde présidentielle. À la tête de l’unité chargée de la protection du président, le général Tiani justifie cette prise de pouvoir par «la dégradation de la situation sécuritaire» dans un Niger miné par la violence de groupes terroristes.

Un bras de fer s’engage entre les nouvelles autorités et l’organisation régionale, la Cédéao, qui impose de lourdes sanctions au pays et menace d’intervenir militairement pour restaurer l’ordre constitutionnel. En parallèle, la tension monte crescendo avec la France, proche alliée du président déchu, qui annonce, fin septembre, le retrait des 1.500 troupes françaises. Le président Bazoum, qui a toujours refusé de démissionner, demeure quant à lui séquestré dans sa résidence présidentielle avec sa femme et son fils.

Décès de l’ancien président ivoirien Henri Konan Bédié

La Côte d’Ivoire a perdu, mardi 1er août, l’une de ses plus célèbres figures politiques : l’ancien président Henri Konan Bédié, mort à l’âge de 89 ans dans un hôpital privé à Abidjan.

Chef de l’État de 1993 à 1999, Henri Konan Bédié, qui se voulait l’héritier et le successeur du premier président ivoirien Houphouët-Boigny, était connu notamment pour son concept décrié d’ « ivoirité », qui a, selon de nombreux observateurs, contribué à la montée de la tension lors de la décennie de crise armée qui s’est soldée par les violences de 2010-2011 ayant fait 3.000 morts.

Jadis opposant à l’actuel président Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié l’avait soutenu au deuxième tour de la présidentielle de 2010, puis au moment de sa réélection en 2016. Surnommé le «Sphinx» ou «HKB», Henri Konan Bédié était retourné depuis 2018 dans l’opposition, où il s’est rapproché des partisans de Laurent Gbagbo. Il n’avait pas exclu d’être candidat à la prochaine élection présidentielle en Côte d’Ivoire en 2025.

Au Gabon, Ali Bongo renversé lors d’un putsch militaire

Quelques heures à peine après la réélection du président Ali Bongo à un troisième mandat, des militaires et policiers gabonais annoncent, mercredi 30 août, l’annulation du scrutin, la dissolution de «toutes les institutions de la République» et la «fin du régime».

Le chef d’État, donné gagnant avec 64,27 % des voix, mais dont les militaires contestent la victoire est ainsi «mis à la retraite» par son propre cousin, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, chef de la garde républicaine.

Cinq jours plus tard, ce dernier prête serment en tant que président de transition, promettant d’organiser des élections. Plusieurs proches de l’ancien régime, dont l’un des fils d’Ali Bongo, sont inculpés pour corruption et incarcérés. L’ex-première dame gabonaise, Sylvia Bongo Ondimba Valentin, est quant à elle placée en résidence surveillée, accusée de « blanchiment de capitaux ».

Premier Sommet africain sur le climat

C’est le premier sommet climatique organisé à l’échelle du continent. Du 4 au 6 septembre, les dirigeants africains étaient réunis au Kenya afin de s’accorder sur une position commune pour développer la «croissance verte» et lutter contre le réchauffement climatique.

Adoptée au terme de la rencontre par les 54 pays participants à l’évènement, la «Déclaration de Nairobi» appelle à «augmenter la capacité de production d’énergies renou-velables de l’Afrique», établir «une nouvelle architecture de financement» avec notamment «la restructuration et l’allégement de la dette» ainsi qu’un «régime de taxe sur le carbone».

Cet événement s’est tenu près d’un an après la COP27 en Égypte, la toute première conférence sur le climat de l’ONU organisée sur le continent africain. Il a permis de récolter 23 milliards de dollars de promesses d’investissements dans les énergies renouvelables, a affirmé le président kényan, William Ruto.

Séisme au Maroc et inondations meurtrières en Libye

Début septembre, deux catastrophes naturelles majeures ont frappé le nord du continent, suscitant une onde de choc internationale. Dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9, un puissant séisme de magnitude 6,9 a ravagé l’ouest du Maroc. Ce tremblement de terre, le plus puissant à avoir jamais été mesuré dans le royaume, s’est produit dans la province d’Al-Haouz, dans le Haut-Atlas du Maroc central, à environ 70 km au sud-ouest de Marrakech, faisant près de 3 000 morts et plus de 6 000 blessés.

Le 10 septembre, la ville de Derna, au nord-est de la Libye, est ravagée par des inondations dévastatrices, provoquées par la rupture de deux barrages, lors du passage de la tempête Daniel. Une catastrophe qui a provoqué la mort de 4 000 personnes et fait quelque 10 000 disparus, selon les autorités.

L’Afrique du Sud remporte la coupe du monde de rugby

Et de quatre ! L’Afrique du Sud a réussi à conserver son titre de championne du monde de rugby, en battant la Nouvelle Zélande (12-11), en finale du Mondial-2023, samedi 28 octobre au Stade de France.

Il s’agit du deuxième sacre consécutif pour les Springboks en France et du quatrième au total, un record. Cette nouvelle victoire a suscité une immense ferveur en Afrique du Sud et en particulier à Johannesburg, où l’aéroport a été pris d’assaut par des milliers de fans venus célébrer le retour des champions.

Reprise de Kidal par l’armée malienne

Mi-novembre, l’armée malienne a annoncé la reprise de Kidal, ville du nord du Mali contrôlée depuis plus de dix ans par des groupes armés à dominante touareg. Pour les autorités militaires, au pouvoir depuis le coup d’État d’août 2020, cette victoire est une étape cruciale de la reconquête du territoire, qu’ils ont érigée comme priorité absolue.

Sur le plan sécuritaire, la situation demeure néanmoins très tendue dans le centre et le nord du pays en proie à des assauts terroristes récurrents. Depuis la reprise de Kidal, plusieurs attaques perpétrées par le Jnim, liées à Al-Qaïda, ainsi qu’à l’EIGS (L’État islamique dans le Grand Sahara) ont été signalées dans les villes de Labbezagan, Gossi, Tessalit ou bien encore Ménaka.

En Égypte, Abdel Fattah al-Sissi remporte un troisième mandat

Il s’agissait d’un scrutin sans suspense. Le 18 décembre, l’autorité électorale égyptienne a déclaré la victoire du président sortant, Abdel Fattah al-Sissi, avec 89,6 % des voix, lors de la présidentielle du 10 décembre.

Arrivé au pouvoir en renversant l’islamiste Mohamed Morsi en 2013, le maréchal devenu président dirige depuis le pays d’une main de fer. Il faisait face à trois candidats d’opposition, peu connus du grand public, dans cette élection largement centrée sur le pouvoir d’achat, alors que le pays traverse une grave crise économique.

Élections générales en RDC

Le 20 décembre, près de 44 millions d’électeurs – sur les quelque 100 millions d’habitants du pays – étaient appelés aux urnes en République démocratique du Congo pour élire leur président mais aussi leurs députés nationaux et provinciaux et leurs conseillers communaux. Le président sortant, Félix Tshisekedi, joue sa réélection pour un second mandat face à une opposition morcelée, lors d’un scrutin à un seul tour organisé dans un climat politique et sécuritaire très tendu.

L’élection a été marquée par de nombreux retards dans ce pays gigantesque, le plus grand d’Afrique subsaharienne, où l’acheminement du matériel électoral représentait un énorme défi. Le quadruple scrutin a finalement été prolongé officiellement d’une journée dans plusieurs bureaux qui n’avaient pas pu ouvrir le jour J du fait de problèmes logistiques et s’est poursuivi jusqu’à Noël dans certaines zones reculées.

Avec France 24