Alors que la monnaie nationale de la République Démocratique du Congo continue de décliner sur le marché des changes, avec le dollar américain franchissant la barre des 2.800 FC, la Banque Centrale du Congo est vivement critiquée pour son apparent manque de réactivité. Malgré les appels pressants de divers acteurs, l’institution reste étrangement silencieuse, suscitant des interrogations et des inquiétudes croissantes. Le journaliste Sonia Rolley a pointé du doigt l’absence de réunion du comité de politique monétaire, prévue initialement pour le mois d’avril, alors que le taux de change du dollar américain fluctue entre 2750 et 2800 francs congolais. Cette situation a généré des tensions sur le marché des changes, accentuées par le manque de communication de la Banque Centrale.

Noël Tshiani, professeur d’économie et ancien candidat à l’élection présidentielle de décembre 2023, s’est également exprimé sur la question. Il a critiqué le manque de proactivité de l’Institut d’émission et a souligné l’abandon par l’autorité monétaire de la publication des indices de prix, une pratique jugée essentielle pour assurer la transparence et la stabilité financière du pays.

«Je recommande donc à la Banque Centrale du Congo de reprendre cette activité essentielle et complémentaire à sa mission de conception et mise en œuvre de la politique monétaire. Il en va de l’intérêt national», a déclaré Noël Tshiani, mettant en avant l’importance de la communication et de la gestion transparente des questions monétaires dans un contexte de volatilité économique.

Face à ces critiques et pressions, la Banque Centrale du Congo est désormais sous les projecteurs, appelée à agir rapidement pour restaurer la confiance des acteurs économiques et garantir la stabilité financière du pays. L’enjeu est de taille, et la nécessité d’une réponse adéquate et transparente de la part de l’autorité monétaire se fait de plus en plus pressante.

Econews

«La régularité des réunions du CPM»

Le silence de la Banque Centrale du Congo pendant cette période de perturbations monétaires est très inquiétante. L’institut monétaire semble avoir jeté l’éponge pendant le combat et n’a toujours pas tenu de réunion du comité de politique monétaire initialement prévue en avril 2024. Normalement la BCC tient ses réunions de politique monétaire tous les mois. Ce qui est étonnant et inquiétant est que, pendant ce silence assourdissant de la Banque Centrale du Congo, il n’y a pas de communication officielle et la monnaie nationale congolaise continue sa descente en enfer car un dollar américain se change désormais entre 2750 et 2850 francs congolais.

La dépréciation continue de la monnaie nationale entraîne à la hausse les prix des biens et services et érode le pouvoir d’achat de la population dans un environnement où les salaires des fonctionnaires sont libellés et payés en monnaie nationale pendant que les prix des biens et services sont fixés en dollars américains et convertis en Francs congolais pour des raisons d’affichage.

Le professionnalisme exige que, pour une meilleure lisibilité dans les actions de l’autorité monétaire, celle-ci adopte et annonce au préalable un calendrier régulier des réunions du Comité de Politique Monétaire ainsi que sa composition. Ce calendrier doit être respecté pour éviter au public d’analyser les actions de la Banque centrale et ainsi éviter d’amplifier la spéculation sur la monnaie nationale et les marchés financiers qui constituent un facteur de risque important.

Aux États Unis d’Amérique, le Comité Fédéral de Politique Monétaire (FOMC) tient huit réunions régulières au cours de l’année et d’autres réunions selon les besoins. Les liens vers les déclarations de politique monetaire les procès-verbaux sont publiés pour permettre au public de suivre ce que la Banque centrale fait pour maintenir stable la valeur de la monnaie à travers la politique des taux d’intérêt et de change ainsi que les taux d’inflation qui en résultent. Les procès-verbaux des réunions régulières sont publiés trois semaines après la date de la décision de politique monétaire. La composition du comité de politique change lors de la première réunion régulière de l’année et est publiée.

Faisons les choses autrement !

INDICE DES PRIX A LA CONSOMMATION 

La Banque Centrale du Congo ne produit plus l’indice des prix à la consommation alors qu’elle le faisait très bien avant. Et pour cause? La BCC a cessé de financer les activités liées à la collecte des données sur les différents marchés en prétextant que c’est l’INS qui doit produire les statistiques nationales.

Dans tous les pays du monde, il existe des institutions nationales qui produisent des statistiques mais en plus de cela, toutes les banques centrales en produisent aussi. Je signale que la collette des informations sur les prix dans différents marchés des biens et services permet à toute Banque centrale de cerner les contours et effets de la politique monétaire mise en œuvre. On ne peut pas conduire correctement et valablement une voiture tout en refusant de regarder dans le rétroviseur. Je recommande donc à la Banque centrale du Congo de reprendre cette activité essentielle et complémentaire à sa mission de conception et mise en œuvre de la politique monétaire. Il en va de l’intérêt national.

Professeur Noël K. Tshiani Muadiamvita