500 militaires rwandais derrière le M23 : Kinshasa accuse, Kigali botte en touche

Décidément, Kigali ne s’écarte pas de son schéma tracé pour semer le chaos et la désolation dans la partie Est de la République Démocratique du Congo. Son soutien aux rebelles du M23 étant plus que jamais établi, le Rwanda reste sourd à tous les appels internationaux en vue d’une désescalade. En face de la RDC, le Rwanda se met désormais en position de guerre. Pour preuve, 500 militaires des forces spéciales viennent d’être déployés sur le front, aux côtés des rebelles du M23, dénonce les Forces armées de la RDC. Comme à l’accoutumée, face aux dénonciations de Kinshasa, Kigali évoque des « accusations sans fondement ».
C’est le ping-pong entre Kinshasa et Kigali. Une situation classique dans la mesure où, les autorités de ces deux capitales sont déterminées à ne point en finir dans les accusations et des démentis. La dernière situation en date est l’accusation de Kinshasa qui soutient que 500 militaires de la force spéciale rwandaise ont traversé la frontière. Ils sont depuis en terre congolaise pour appuyer les rebelles M23.
Défait en 2013, ce groupe armé s’est réorganisé jusqu’à mettre en difficulté les forces gouvernementales congolaises.
Fin mai, l’armée congolaise avait affirmé avoir arrêté sur le territoire de la RDC deux militaires rwandais, que Kigali assurait au contraire avoir été enlevés du côté rwandais de la frontière par des rebelles hutu implantés au Congo.
«Depuis l’arrestation de militaires de la force spéciale rwandaise dans le territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu, le Rwanda a changé la tenue de ses militaires pour dissimuler sa présence dans le territoire congolais aux côtés des terroristes du M23 », a affirmé mercredi soir le général Sylvain Ekenge, porte-parole du gouverneur militaire du Nord-Kivu.
Le Rwanda «a déployé dans les environs de Chanzu 500 militaires des forces spéciales, tous habillés d’une nouvelle tenue de couleur vert-noir et coiffés des casques de sa force spéciale», a-t-il poursuivi, en appelant la population à «dénoncer» leur présence.
Vraisemblablement, le M23 a repris du service pour continuer le travail de sous-traitance lui confié par les autorités de Kigali. Cette présence rwandaise permanente sur le sol congolais est publiquement revendiquée par Kigali chaque fois que les officiels rwandais déclarent qu’en raison de l’exigüité de leur territoire, elles exporteraient la guerre en terre congolaise. Une théorie dangereuse qui voudrait que la stabilité du Rwanda soit tributaire de l’insécurité en République démocratique du Congo. En entretenant la déstabilisation de la RDC, le Rwanda se met en position d’entretenir ses propres malheurs à venir. Il est plutôt préférable de favoriser la paix en RDC et dans toute la région pour s’assurer une vraie paix durable.

Tshisekedi ne porte plus de gants
En margé d’un tête-à-tête, le week-end dernier à Oyo (Congo/Brazzaville), avec son homologue congolais, Denis Sassou Nguesso, le Président Félix Tshisekedi a ouvertement accusé le Rwanda de soutenir les rebelles du M23, aux prises avec les Forces armées de la République Démocratique du Congo dans l’Est de la RDC.
«J’ai toujours soutenu qu’il fallait construire des ponts au lieu de construire des murs. Le fait de vouloir la paix, la fraternité et la solidarité n’est pas un signe de faiblesse», a déclaré le président congolais s’adressant à la presse au terme de sa visite au Congo/Brazzaville.
«La RDC que je dirige et celle que je vais voir est celle où règne la paix, la sécurité, l’hospitalité. Notre pays l’a toujours été. Cela ne doit pas constituer une occasion pour les voisins de venir nous provoquer. J’espère que le Rwanda a retenu la leçon », a-t-il ajouté. Et d’affirmer : « Aujourd’hui, il n’y a pas de doute. Le Rwanda a soutenu le M23 pour venir agresser la RDC ».

Le prétexte FDLR, un «disque rayé», selon Kinshasa
Afin de s’assurer une bonne couverture, Kigali agite le spectre des génocidaires hutu actifs dans l’Est de la RDC considérés comme une menace directe contre la minorité tutsi rwandaise.
Pour justifier la présence des forces rwandaises sur le sol congolais, Kigali accuse la RDC de collaborer avec les FDLR.
Selon la porte-parole du gouvernement rwandais, Yolande Makolo, son pays n’est aucunement impliqué dans ces combats qui relèvent, estime-t-elle, d’un «conflit intra-congolais».
«Par le biais de notre ministre des Affaires étrangères comme de notre représentant permanent aux Nations Unies, le Rwanda a dit clairement sa position, nous n’avons aucun intérêt dans une crise et ne répondrons pas à des accusations sans fondement», a déclaré à l’AFP à Kigali Yolande Makolo, porte-parole du gouvernement. «Nous ne commentons pas des rumeurs», a également indiqué le porte-parole de l’armée rwandaise, le colonel Ronald Rwivanga.
Au même moment, ses propres militaires qui viennent en expédition en RDC, ne font pas le travail de neutralisation des FDLR. Ils appuient plutôt des groupes armés pour maintenir cette zone dans un état de déstabilisation innommable. Il faut très vite enlever le prétexte FDLR afin de mettre à nue les agissements de Kigali.
La communauté internationale qui hésite à condamner les agissements de Kigali devra un jour se rendre à l’évidence qu’aucun État ne restera éternellement faible, aucun autre ne demeurera puissant.

Econews

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