5ème et avant-dernière revue de l’accord conclu avec le FMI : la Troïka politique affûte ses armes

Jamais dans l’histoire des rapports entre la République Démocratique du Congo et le Fonds monétaire international (FMI), le Gouvernement n’a réussi à franchir avec succès toutes les revues adossées à ce programme. Pourtant, le Gouvernement Sama est sur le point de gagner ce pari avec l’accord conclu en juillet 2021 avec le FMI. Il ne lui reste plus que deux paliers, soit la 5ème et 6ème revues pour réussir l’impossible. Dans la perspective de l’arrivée à Kinshasa de la mission du FMI, dans le cadre de la 5ème revue du PEG III (3ème Programme économique du Gouvernement), le ministre des Finances, Nicolas Kazadi Kadima-Nzuji, a réuni jeudi dans son cabinet de travail la Troïka politique qui comprend les ministères des Finances et du Budget ainsi que la Banque Centrale du Congo. Tout est mis en place pour passer avec succès la 5ème revue, avant le round final.
Le ministre des Finances, Nicolas Kazadi, a présidé, le jeudi 31 août 2023 dans son cabinet de travail, la réunion de la Troïka politique, en prévision de la prochaine mission du Fonds monétaire international (FMI), prévue dans le cadre de la 5ème revue du PEG III (3ème Programme Économique du Gouvernement) soutenu par la Facilité Elargie de Crédit (FEC).
Le ministre d’Etat en charge du Budget, Aimé Boji Sangara, et Mme la gouver-neure de la Banque Centrale du Congo ont pris part à cette réunion, aux côtés des experts aussi bien des Finances, du Budget que de la BCC.
La réunion a passé en revue l’agenda de la mission du FMI ainsi que les principales contraintes liées au calendrier, à la performance du PEG III ainsi qu’à la mise en œuvre de réformes pour garantir le succès de la 5ème revue du Programme.
En effet, le Gouvernement est sur le point de réaliser un exploit, jamais égalé auparavant, c’est-à-dire celui de franchir avec succès toutes les revues prévues dans l’accord conclu avec le FMI.
Pour le ministre des Finances, «ça sera pour la première fois qu’on va franchir cette étape dans l’histoire de la relation entre la RDC et le FMI ». Aussi, s’est-il montré optimiste quant à l’aboutissement de ce Programme. «Ce qui sera une première depuis 1960 que la RDC est membre du FMI », a fait observer le ministre Nicolas Kazadi.
Concernant la situation macro-économique de la RDC, la réunion a fait part de la baisse du rythme de l’inflation entre juillet et août, couplée à une stabilité sur le marché des changes, à la suite des mesures gouvernementales prises en juillet 2023.
Une 4ème revue prometteuse
Pour rappel, c’est le 28 juin 2023 que le Conseil d’administration du FMI a conclu avec satisfaction la 4ème revue du PEG III.
L’achèvement de cette quatrième revue a permis un décaissement immédiat équivalent à 152,3 millions de DTS (environ 203,3 USD) pour soutenir les besoins de la balance des paiements, ce qui a porté le total des décaissements du FMI en faveur de la RDC à 761,5 millions de DTS (environ 1 017 millions USD).
A l’issue de cette réunion, le Conseil d’administration a indiqué ce qui suit : «Les performances macroéconomiques de la RDC font preuve de résilience malgré une incertitude élevée, renforcée par l’escalade du conflit armé dans l’Est de la RDC et les élections à venir à la fin de 2023. La croissance du PIB réel est estimée à 8,9 % en 2022, soutenue par une production minière plus élevée que prévu, qui a également entraîné une augmentation significative des recettes. L’inflation a atteint 13 % à la fin de 2022, alimentée par les pressions sur les dépenses et la dépréciation du taux de change connexe, et ce malgré une baisse des prix à l’importation. Le déficit de la balance des transactions courantes s’est creusé pour atteindre 5,3 % du PIB, la croissance plus forte des exportations n’ayant que partiellement compensé l’augmentation des importations et la détérioration du compte des services. À la fin de 2022, les réserves internationales brutes atteignaient 4,5 milliards de dollars (environ deux mois d’importations). Le déficit budgétaire intérieur à la fin de 2022 est estimé à 1,2 % du PIB, conformément aux engagements du programme, bien que la taille et la composition des dépenses soient différentes, principalement en raison de l’augmentation des dépenses exceptionnelles liées à la sécurité, compte tenu de la marge de manœuvre budgétaire créée par l’augmentation des recettes. L’exécution budgétaire jusqu’en mai 2023 révèle que les dépenses exceptionnelles demeurent élevées et que les autres dépenses sont sous-exécutées, dans un contexte de baisse des recettes ».
Et de souligner : «Les progrès réalisés dans le cadre du programme demeurent satisfaisants. Tous les critères de réalisation à fin décembre ont été respectés. Tous les objectifs indicatifs à fin 2022 ont été atteints, à l’exception de deux d’entre eux : celui relatif au plancher des dépenses sociales et celui relatif au plafond des garanties de la banque centrale pour les prêts de l’administration centrale, en raison de lacunes dans le suivi et bien qu’aucune nouvelle garantie n’ait été octroyée. Tous les repères structurels ont été respectés, à l’exception de celui relatif à la publication des contrats miniers, en raison de retards. Les autorités ont désormais publié tous les accords liés au contrat minier renégocié avec Ventora et au contrat pour la coentreprise Primera Gold ».

Francis N.