Entre Tony Mwaba Kazadi, ministre de l’Enseignement Primaire, Secondaire et technique (EPST), et le patron de l’IGF (Inspection générale des finances), Jules Alingete Key, on assiste désormais à un combat de gladiateurs. Le premier épisode a porté sur les frais engagés dans le cadre du Tenafep. Cette fois-ci, les deux cadres de l’UDPS ont fini par étaler sur la place publiques leurs divergences des vues autour des fonds, encore publics, sortis du Trésor en soutien au dernier tournoi inter-scolaire africain. Dans les deux camps, on se rejette la balle. Lorsque l’IGF Jules Alingete accuse les services de l’EPST d’avoir roulé l’Etat congolais, le cabinet du ministre évoque plutôt un règlement de comptes truffé de contrevérités. Les deux personnalités ne sont pas à leur premier tiraillement. Sans doute, l’un devra s’effacer au détriment de l’autre pour que le calme revienne dans les rangs ? Qui est-ce ? Suspense !
Entre le ministre de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Technique, Tony Mwaba, et l’inspecteur-chef de service de l’IGF, Jules Alingete, la guerre est totale.
Bien que Jules Alingete part avec les faveurs des pronostics sur papier, il est certain que Tony Mwaba détient des atouts politiques qui font défaut au locataire de l’avenue des Forces armées (ex-Haut commandement). Mais, tout dépendra aussi du regard que la haute hiérarchie gouvernementale et du pays voudra donner à ce bras de fer, le deuxième qui va nécessairement emporter l’un ou l’autre, voire tous les deux.
Les éléments en présence permettent de se faire une idée nette des rapports des forces entre les deux camps, sans entrer dans le jeu de leur polémique infantile. L’histoire est rocambolesque.
L’Inspection générale des finances estime avoir pris le cabinet du ministre de l’EPST la main dans le sac de détournement de fonds publics alloués à l’organisation du premier championnat africain interscolaire sur le continent. Selon l’IGF, 460.000 dollars américains, sortis du Trésor public, n’ont pas trouvé de justificatifs appropriés. Adorant des shows médiatiques, c’est un Jules Alingete surexcité qui a investi les médias de toutes les déclinaisons pour accuser le cabinet Tony Mwaba de détournement de près de 400.000 dollars américains.
Visiblement satisfait de dénuder ce ministre sur la place publique, Jules Alingete a utilisé tous les vocabulaires possibles pour descendre le ministre dans l’opinion publique.
Sur son compte twitter, le patron de l’IGF s’est déchaîné. « L’IGF ayant découvert ‘les actes de détournement’ dans l’organisation du récent tournoi interscolaire, ‘les prédateurs institutionnels concernés’ se sont mis à attaquer ‘gratuitement’ l’IGF sur les réseaux sociaux pour brouiller la ‘vérité’ qui sera incessamment dévoilée », a-t-il lancé.
Et quand le ministre de l’EPST mobilise son cabinet pour se défendre, Jules Alingete réplique : « Quand PABLO ESCOBAR, chef de bande et ses lieutenants sont mis à nu pour cause d’une prédation honteuse, sans arguments contradictoires solides, ils se déchaînent et s’attaquent à l’IGF qui constitue une fierté de l’implémentation de la bonne gouvernance de Félix Tshi-sekedi ». Avant de terminer sur un ton ironique : « Je suis dans la joie quand les prédateurs et leurs lieutenants sont en débandade et en insomnie ».
Des communicants tout aussi surexcités ont pris le relai. Un matraquage qui a fait tout de suite penser à un acharnement sans pareil.
Jules Alingete joue les bons rôles et des accusations fantaisistes contre lui glissent comme de l’eau. Ses détracteurs du ministère de l’EPST ont opté pour la contre-attaque au lieu d’apporter des justificatifs crédibles. Puis, la seule option qui restait encore a été mise en marche, discréditant davantage le cabinet Mwaba.
Le retour des flammes
L’arme utilisée par les hommes de Tony Mwaba risque d’avoir raison de Jules Alingete. En réalité, tous les pouvoirs qui se sont succédé en République Démocratique du Congo ont toujours fait du ministère de l’EPST une réserve stratégique pour l’entretien des forces politiques. Ce n’est pas un hasard, si les différents ministres de l’EPST ont toujours été des hommes de confiance des chefs d’Etat successifs au même titre que des ministres des Finances et de l’Intérieur.
Ce n’est donc pas pour rien si Tony Mwaba a été placé à l’EPST. Ce n’est pas non plus un hasard si le jeune ministre n’a jamais été inquiété malgré les premières accusations de Jules Alingete et l’IGF. A la place, c’est une interpellation et confrontation auprès du secrétaire général de l’UDPS, Augustin Kabuya, que l’IGF a été contraint de subir.
Comme pour l’humilier, une photo de l’audience avec cachet de l’UDPS a été publiée sur les réseaux sociaux par l’UDPS à grand renfort.
Ce que Jules Alingete ne semble pas comprendre est qu’il dérange la stratégie de l’entretien de la base par le camp présidentiel. Dans l’entourage du Chef de l’Etat, on se dit agacé que Jules Alingete travaille contre les intérêts du «boss». Lorsqu’on leur demande de s’expliquer, ils n’osent pas aller loin. Mais connaissant l’histoire de l’EPST, tout indique que le pot-aux-roses est le financement des activités du parti, des militants et combattants.
Au moins une tête va tomber
Cet épisode a dérangé en haut lieu. Les médiatisations systématiques, à la limite de l’acharnement de Jules Alingete, dérangent beaucoup d’intérêts, avouables et inavouables. Il n’est donc pas exclu que certains proches du Chef de l’Etat obtiennent sa tête à n’importe quelle raison.
Alingete n’est pas parfait. Il est très vulnérable du fait qu’il n’est pas un historique de l’UDPS. Il n’y a pas longtemps, il était dans les cabinets des Premiers ministres Samy Badibanga et Bruno Tshibala.
Quant à Tony Mwaba, il risque gros et cela sur tous les tableaux qui ne seront pas abordés en profondeur ici. Le reproche qui peut l’emporter est de n’avoir pas pu remplir sa mission non apparente de manière efficace, avec toute la délicatesse nécessaire. Il pouvait certes continuer à financer, de manière occulte, les activités du parti, mais cela ne lui donnait pas le droit de tripatouiller les règles relatives aux finances publiques.
Quoi qu’il en soit, l’un tombera pour sauver la face d’un parti, l’Udps, en perte de vitesse dans l’opinion publique.
Econews