Coup sur coup et en l’espace de 24 heures, la cohorte de partis politiques congolais déjà presque arrivée à saturation vient d’enregistrer deux nouveaux arrivants. Deux nouvelles formations politiques qui viennent grossir les rangs des plus de 600 qui encombrent un espace politique dans ce qu’il convient de qualifier de démocratie à la congolaise. Jean-Marc Kabund-a-Kabund, président intérimaire de l’UDPS et ancien 1er vice-président de l’Assemblée nationale et le ministre Muhindo Zangi viennent de créer leurs propres partis politiques, quoique pour des raisons diamétralement opposées.
Le premier, Jean-Marc Kabund-a-Kabund a donné le ton lundi dernier, officialisant la rupture définitive d’avec l’UDPS dont il assumait la présidence il y a six mois à peine. Depuis, celui qui lança un ultimatum de 48 heures à Félix Tshisekedi l’invitant, au nom de la base, à se désolidariser de l’Accord de Genève et de se déclarer candidat de l’UDPS à la présidentielle de décembre 2018, a connu des fortunes diverses, depuis cette altercation du mois de février entre sa garde et un militaire de la Garde républicaine, prélude à sa démission de la vice-présidence de l’Assemblée nationale, elle-même suivie de son éjection du parti présidentiel dans des conditions humiliantes.
A en croire le secrétaire général de l’UDPS Augustin Kabuya, Jean-Marc Kabund-a-Kabund est, de tous les hauts cadres du parti, celui qui s’est le plus enrichi. Donné pour être le propriétaire de carrés miniers juteux au Katanga (il n’est d’ailleurs pas le seul dans ce cas), le député élu de Mont-Amba disposerait donc de suffisamment de ressources pour asseoir l’Alliance pour le Changement, dans un environnement où faire de la politique commande de mettre constamment la main à la poche pour entretenir alliés de circonstance et autres courtisans.
Usant de la phraséologie traditionnelle de l’UDPS, ponctuée d’invectives et de menaces, il a réglé ses comptes avec son ancien parti politique et particulièrement avec le chef de l’Etat qui constitue, selon lui, un grand danger pour le pays.
De son côté, le ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire se lance également dans l’arène en créant l’Action des volontaires pour la relève patriotique (AVRP). Entré au gouvernement sous les couleurs du parti politique d’Ensemble pour le Changement, regroupement politique présidé par Moïse Katumbi, Muhindo Zangi justifie sa décision par son engagement dans le processus d’émancipation de son engagement politique. Il revendique l’adhésion à son tout nouveau parti de droite de 8 députés nationaux, 13 députés provinciaux et un sénateur dont il n’a pas décliné les identités.
La question reste de savoir si, siégeant au gouvernement sous les couleurs et l’aval de Moise Katumbi, Muhindo Zangi ne devrait pas, en toute logique, remettre son mandat, quitte à la plateforme de désigner et de proposer au chef de l’Etat son remplaçant. Le règlement de cette question sera le signe d’un climat de parfaite entente entre le chef de l’Etat et l’ancien gouverneur du Katanga. Ne pas se conformer à cette démarche viendrait confirmer, voire renforcer une méfiance entre Félix Tshisekedi et Moïse Katumbi, tous deux probables candidats à la présidentielle de décembre 2023.
La plateforme Ensemble traverse une période d’incertitude, à l’approche de l’année électorale. Des alliés se réclamant de l’héritage politique de feu Pierre Lumbi, ancien secrétaire général d’Ensemble, lors d’un congrès tenu la semaine dernière à Kinshasa, ont résolu de créer une nouvelle structure politique sous une nouvelle dénomination, sans qu’ils n’aient fait part d’un attachement particulier à la démarche politique de Katumbi.
La fragilisation d’Ensemble est chose effective depuis la position exprimée naguère par le ministre des Affaires étrangères. Christophe Lutundula, annonçant sa volonté de soutenir Félix Tshisekedi à la future présidentielle. Nul doute que d’autres membres du gouvernement issus de la plateforme Ensemble nourrissent la même intention, attendant le moment propice pour se dévoiler.
Il n’empêche que Muhindo a affirmé qu’il garde de bonnes relations avec son désormais ex-mentor, auquel il aurait fait part de son intention de créer sa propre formation politique, ce à quoi Moïse Katumbi n’aurait pas trouvé d’inconvénient.
MMF