Le Secrétaire d’Etat américain termine son séjour de deux jours à Kinshasa ce mercredi 10 août 2022. Bien avant sa venue en provenance d’Afrique du Sud, l’opinion congolaise (mis à part la caste des fanatiques du régime) imaginait déjà à quoi s’en tenir sur l’étape congolaise d’Anthony Blinken : rien de particulièrement significatif ne pouvait être attendu de l’émissaire de Washington, l’un des soutiens majeurs du Rwanda. Ceux qui souhaitaient l’entendre exprimer une condamnation ferme de Kigali, dont l’armée occupe une partie du territoire congolais de Rutshuru, camouflée derrière la pseudo-rébellion du M23, pouvaient déchanter.
Les observateurs avertis avaient prévenu : Anthony Blinken se contenterait d’annoncer un appui des Etats-Unis à la démarche diplomatique déjà entreprise par la médiation du président angolais João Lourenço, afin de faire baisser la tension entre Kinshasa et Kigali. Ou de se lancer dans la sempiternelle rengaine des droits de l’Homme, sur fond du discours classique des relations privilégiées existant entre les Etats-Unis et la RDC. Tout comme il était attendu sur la répression des oppositions qui prend de l’ampleur à Kinshasa et en provinces.
Non, à Kinshasa, les oreilles de Blinken ne teinteront pas. A l’inverse du discours entendu en Afrique du Sud, la diplomatie congolaise ne saurait se hasarder à cracher ses vérités à l’envoyé de la première puissance mondiale. Il faut en effet appartenir au pays de Nelson Mandela pour déclarer haut et fort à son hôte que « les richesses minières de l’Afrique ont fait d’elle une cible de déstabilisation par les impérialistes ». Ou encore, évoquant le passé douloureux de l’apartheid en Afrique du Sud, la ministre des Affaires étrangères, Naledi Pandor, lui a rappelé que « les ingérences étrangères ont créé l’instabilité, en finançant les groupes d’opposition contre les combattants de la liberté ».
Par ailleurs, le fait que la tournée africaine du Secrétaire d’Etat américain devant se terminer à Kigali n’aura pas manqué de soulever des questionnements sur la position exacte et définitive de Washington dans l’interminable instabilité en RDC, du fait des intrusions répétées sur son territoire des armées des pays voisins. L’histoire dira un jour qui, de Félix Tshisekedi et de Paul Kagamé aura tiré profit du séjour de l’homme d’Etat américain sur le continent.
Econews