« Les Autorités du pays doivent savoir que notre population ne transigera plus avec leur maintien au pouvoir au-delà de la fin de leur mandat tel que prévu par la Constitution. Tout le monde est pressé d’en finir avec la faim, la misère, le chômage, l’injustice et la peur du lendemain». Une position tranchée, normale dans la bouche d’un opposant radical. Mais exprimée aussi sèchement par un allié au régime, elle a le mérite de faire bondir et de sortir de leurs gonds les soutiens du chef de l’Etat, à quatorze mois des échéances électorales.
Sans doute Olivier Kamitatu, porte-parole du Chairman d’Ensemble pour la République, n’a pas mesuré l’ampleur dévastatrice de ses propos dans le pré carré présidentiel. On savait l’homme coutumier de subtiles piques chirurgicales distillées à doses homéopathiques, quoique restées jusqu’à ce jour sans conséquence majeure.
Le parti de Moïse Katumbi est bien présent au gouvernement et ses élus siègent sous la bulle confortable de l’Union sacrée au parlement. Ce qui n’empêche pas leur leader, par la voix de son porte-parole, de sortir du bois à intervalles réguliers. Ne s’embarrassant pas de ronds de jambe ni de postures pusillanimes, Kamitatu est passé maître dans l’art de manier l’ambiguïté déroutante, laissant clairement entrevoir les ambitions présidentielles de Moïse Katumbi. Une véritable déclaration de guerre au camp tshi-sekediste.
Et ce qui devait arriver arriva. Cette fois, c’en est trop. La réponse, cinglante, est venue du très va-t’en guerre Secrétaire général de l’UDPS. Dans le langage prosaïque qui est le sien, Augustin Kabuya a brandi le balai et invité Katumbi et compagnie à débarrasser le plancher de l’Union sacrée, au lieu de continuer à se comporter en chauves-souris.
Dès lors, le sort en est jeté. Et il est peu probable que Katumbi se fasse prier pour franchir le Rubicon, poussé par les mécontents de la « dérive dictatoriale » de Félix Tshisekedi. Le Chairman aurait dorénavant les coudées franches pour déployer ses phalanges et se lancer à visage découvert dans la campagne électorale.
Un bémol tout de même. Il n’est pas certain que les ministres et parlementaires badgés «Ensemble» suivent leur leader comme des moutons de panurge. Il est en effet de notoriété publique que nombre d’entre eux avaient tourné casaque depuis longtemps. Dans leur versatilité, traverser la rivière ne sera qu’une simple formalité.
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