C’est un bilan que le WWF (Fonds mondial pour la nature) publie tous les deux ans, et tous les deux ans c’est une fenêtre sur le changement d’ère que notre planète est en train de vivre. Dans son dernier rapport, paru aujourd’hui, le Fonds mondial pour la nature s’efforce de quantifier la perte de diversité subie par les populations de vertébrés à travers le monde et ses conclusions sont encore une fois très alarmantes.
L’organisation (le Fonds mondial pour la nature, WWF) a collecté des données scientifiques parmi plus de 32000 populations d’animaux, réparties en près de 5000 espèces. Elle en a tiré l’Indice planète vivante (IPV) qui suit l’évolution de l’abondance relative des populations d’espèces sauvages au fil du temps. Selon le rapport, cet IPV est en recul de 69% entre 1970 et 2018; il était de 68% en 2020 et 60% deux ans plus tôt.
Aucun accord international ne semble pouvoir enrayer cette logique qui s’applique avec plus ou moins d’intensité selon les régions du monde. C’est l’Amérique latine qui aujourd’hui préoccupe le plus. Selon les chiffres du WWF, l’Indice planète vivante y est en chute libre; moins 96% depuis 1970.
En Afrique, l’indice évalue la perte à 66% en moyenne. «Un exemple flagrant est celui du Parc national de Kahuzi Biega, en République Démocratique du Congo, où le nombre de gorilles des plaines orientales a baissé de 80%», en premier lieu à cause de la chasse, explique Alice Ruhweza, directrice Afrique du WWF.
C’est également le cas, des requins et des raies océaniques. Les deux espèces, emblématiques de la vie marine, ont vu leur nombre chuter de 71% en près de cinquante années. «En 1980, neuf des 31 requins et raies océaniques étaient menacés. En 2020, les trois quarts (77 %, 24 espèces) étaient menacés d’un risque élevéì d’extinction. Par exemple, le requin à pointes blanches a connu un déclin de 95 % à l’échelle mondiale sur trois générations», pointe le rapport. En cause : la pêche toujours plus importante du requin à des fins alimentaires. L’aileron, par exemple, faisant partie des mets appréciés en Asie où on lui confère des vertus médicinales.
Le réchauffement climatique en cause
Cette extinction à bas bruit est directement liée à l’activité humaine. La destruction des habitats naturels permettant le développement de l’agriculture, comme constaté au Brésil depuis plusieurs décennies, mais aussi la surexploitation ou le braconnage, en sont toujours les principales causes.
Le WWF avertit cependant cette année que le réchauffement climatique pourrait rapidement toutes les supplanter. Son rôle «augmente très, très vite», met en garde Marco Lambertini, directeur général du WWF.
Si la hausse des températures n’est pas maintenue sous les 1,5 degrés, comme le prévoit l’Accord de Paris, les conséquences pour la faune seront gravissimes. Les épisodes de chaleur ou les catastrophes naturelles engendrées (incendies, inondations, tempêtes…) mettent en danger des populations entières. Cela a déjà été le cas lors des mégafeux qui ont touché l’Australie fin 2019–début 2020. Selon le WWF, les incendies y avaient causé la mort des trois milliards d’animaux.
Ce rapport est une «alerte rouge pour la planète et donc pour l’humanité», estime Marco Lambertini «à un moment où nous commençons à comprendre réellement que des écosystèmes durables, une biodiversité riche et un climat stable sont nécessaires pour garantir un futur prospère, plus équitable et plus sûr pour nous, et particulièrement pour nos enfants et leurs enfants à leur tour».
Avec Euronews